Région de Marie Reine des Apôtres Argentine et Bolivie
L'origine de la présence salettine en Argentine a un lien avec le Congrès eucharistique international qui eut lieu à Buenos Aires, en 1934. Le délégué papal pour ce Congrès fut le cardinal Pacelli, qui devint ensuite pape sous le nom de Pie XII. Une délégation de Pologne, avec à sa tête le cardinal primat du pays, participa au Congrès. Les évêques d'Argentine avaient conscience qu'une vague d'immigrants arriverait de Pologne. Soucieux de répondre à leurs besoins d'ordre pastoral, ils lancèrent un appel en vue d'obtenir des missionnaires polonais.
Les salettins répondirent à cet appel par une visite, en 1937, du supérieur de la Province de Pologne, le Père Kolbuch, et du Père Edward Sudyka. Une décision fut prise. Le Père Sudyka fut nommé à la paroisse de San José, au diocèse de La Plata, Buenos Aires. Doc Sud, situé tout près, offrit les premiers contacts avec des immigrants polonais. Dès les débuts, les Missionnaires de Notre-Dame de La Salette répondirent aux besoins tant des immigrants que de la population locale. L'arrivée, ensuite, des Pères Luis Zawisa, Casimir Kornafel, Joseph Paprocki et Ladislau Pykoz, ainsi que des Frères Juan Maszczak et Adalberto Cieslak, donna vigueur à cette nouvelle mission. Au bout d'un certain temps, étant donné les engagements d'autres congrégations en ce qui concernait les besoins des immigrants venus de Pologne, on décida de quitter Doc Sud, pour prendre en charge des missions dans la province orientale de Santa Fe ainsi qu'à Córdoba. Finalement deux paroisses salettines furent établies, une à Barrio Candiotti, Santa Fe, et l'autre à Yofre Norte, Córdoba. Elles continuent à être desservies par les Missionnaires de La Salette.
L'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie en 1939 empêcha l'envoi de nouveaux missionnaires. Il y eut de sérieuses conséquences pour la vie commune ainsi que pour le soutien d'ordre économique, qui jusque-là venait de Pologne. Pour survivre, la petite équipe missionnaire dut combattre. On lança une revue, le Message de La Salette, qui durant de nombreuses années fit connaître La Salette. Poussés par un ardent désir de rendre la présence salettine en Argentine permanente, les Missionnaires ouvrirent une première école apostolique près de Córdoba, à Barrion Patricios,. Elle attirait surtout des enfants pauvres appartenant à des familles d'immigrants polonais de la province de Chaco, située dans la nord-est. Bientôt après, avec le souci en tête de la qualité de la formation à donner, les Missionnaires acceptèrent de prendre en charge l'administration d'un pensionnat à Santa Rosa de Rio Primero, situé dans une zone rurale de Córdoba. En raison de la seconde guerre mondiale qui venait d'éclater, les membres de la Congrégation religieuse qui administrait cette école avaient été rappelés en France, pour répondre à leurs obligations militaires. Au cours des sept ou huit années qui suivirent, les Missionnaires administrèrent l'école et poursuivirent la formation de leurs propres candidats. Ils le firent avec l'aide du Père Dantin, de la province de France, arrivé de Madagascar. Le P. Dantin décéda et fut enterré à Santa Rosa de Rio Primero. Poussés par le désir d'améliorer encore davantage la qualité de la formation, les Missionnaires décidèrent d'acheter un terrain d'environ sept hectares à Pilar, localité qui se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord de Buenos Aires. Ils le firent avec l'aide des Pères et Frères américains d'Olivet.
La proximité de divers séminaires donnait l'espoir de pouvoir offrir une meilleure formation. Le Père Casimir Kornafel, qui pendant quelque neuf années avait été curé dans la zone la plus méridionale de la province de Buenos Aires, accepta d'aménager la propriété. Avec l'aide des séminaristes, il l'a mise en état, construisant deux petits bâtiments avec chapelle, dortoirs et salles de classe, qui s'ajoutèrent au petit chalet qui se trouvait déjà dans la propriété. Titulaire d'un doctorat en philosophie de la Grégorienne, mais paysan de cœur, le P. Kornafel ne tarda pas à rendre la propriété productive. Malheureusement, d'après le P. Kornafel presque tous les séminaristes, épuisés, semble-t-il, par le dur travail à fournir, quittèrent Pilar, pour retourner chez eux. Cependant plusieurs séminaristes arrivèrent en philosophie et purent étudier à la Grégorienne. Le Père Joseph Frydryk, décédé en 2007 et enterré à Córdoba, fut le seul à arriver à la prêtrise. Le Père Kornafel resta à Pilar jusqu'à son décès en 1990. L'année suivante le Père Zawisza mourut à Cordoba. Tous les deux sont enterrés dans le cimetière de la ville du Président Derqui, située pas loin de Pilar. Le Père Louis y avait été curé durant de longues années. Pendant tout ce temps-là, les paroisses de Santa Fe et de Cordoba avaient continué à être desservies par les Pères Paprocki et Pykos, aidés par divers Missionnaires venus d'Amérique du Nord. Le Père Paprocki mourut comme curé à Santa Fe en 1975. C'est là qu'il fut enterré. Le Père Pykoz retourna en Europe. D'autres décidèrent de rejoindre la Province polono-américaine d'Olivet,
Une autre porte s'ouvrit, à la suite de l'évolution de la situation politique en Birmanie, maintenant Myanmar. Il devint impossible à la Province américaine de Hartford d'y renforcer sa présence. A la lumière de l'appel lancé par le pape Jean XXIII en faveur d'une intensification de l'évangélisation en Amérique du Sud, le Conseil Général recommanda à la Province d'Harford de prendre soin de la mission d'Argentine dans l'avenir. Après une visite par le provincial, le Père Michael Cox, la décision fut prise d'y envoyer, en guise d'engagement au niveau de la Province, les trois premiers Américains. Ce furent les Pères John Bradford, Steve Krisanda and Jim Weeks. Dans le souci de respecter les Pères polonais et pour ne pas avoir l'air de mettre main basse sur leur mission, ils prirent en charge la paroisse de Notre Dame du Perpétuel Secours à Las Termas de Rio Hondo, située dans une province septentrionale pauvre, Santiago del Estero. Ils répondirent ainsi à un urgent besoin de l'évêque de ce lieu : disposer de prêtres à demeure. Les salettins continuent à oeuvrer dans cette paroisse rurale étendue et, en bonne partie, pauvre. Comme il n'y avait pas d'école apostolique, il fut décidé qu'on ouvrirait une maison de formation à Yofre Norte, situé dans l'Etat de Córdoba, que les Pères polonais avaient quitté. Les premiers séminaristes s'établirent au niveau du balcon de la maison paroissiale de la paroisse Notre Dame de La Salette, prise en charge par les salettins américains. Par la suite on s'est transféré dans une maison spacieuse, située dans une propriété acquise par les Pères polonais dans le voisinage. Des missionnaires continuèrent à arriver des Etats-Unis. Avec la collaboration du Père Joseph Frydryk, la mission grandit, incluant à Córdoba la ville rurale de San Agustin, ainsi qu'une paroisse dont il y avait un besoin urgent dans les environs populeux de José Ignacio Diaz. Cette dernière paroisse eut pour fondateur le Père Frydryk. A Santiago del Estero, l'expansion au bout d'un certain nombre d'années a atteint la très grande paroisse rurale de Clodomira, où une nouvelle paroisse - Notre Dame de La Salette - finit par être établie, dans la ville de La Banda. Les salettins continuent à y être présents.
Après presque cinquante ans de dictatures alternant avec des intervalles démocratiques, fut instaurée en 1976 la dernière dictature militaire. Ensemble avec des milliers d'Argentins et d'autres, les missionnaires affrontèrent alors un chapitre sombre dans l'histoire salettine d'Argentine. Le noviciat, situé à Barrio Los Boulevares, Córdoba, fut saccagé par des militaires en civil. Lorsque le P. Weeks et le Frère (maintenant Père) Alfredo Velarde rentrèrent à la maison ensemble avec d'autres séminaristes, ils furent accusés de subversion et kidnappés. On les emmena secrètement à La Perla, un des centres de torture bien connu. Grâce à la diligence du Père Jerry Biron et à l'intervention du Cardinal Primatesta, leur lieu de détention fut découvert et, finalement, ils furent relâchés. Le Père Weeks fut expulsé. On envoya les autres poursuivre leur formation aux USA durant une année. Leur subversion avait consisté à évangéliser une section très pauvre de la ville de Córdoba, en pleine extension.
En 1985, la Région de Marie Reine des Apôtres, toujours riche du même esprit missionnaire qui avait inspiré les pionniers fondateurs, s'étendit en Bolivie. Elle le fit avec l'aide du Père Weeks, qui avait continué à exercer son ministère en Amérique du Sud, au Pérou. En 1989 un accident tragique coûta la vie au Supérieur régional d'alors, le Père Roland M. Nadeau. Il est enterré à Las Termas. Le récent décès du Père argentin Francisco "Pancho" Negri, dont la tombe se trouve à Córdoba, mit la Région à rude épreuve. Le secours est venu avec l'arrivée, en 2008, des Pères Jacob Vettathu and Joseph Peethuruthel, venus de l'Inde, et la récente ordination du Père bolivien David Cardozo. Par ailleurs, nous attendons plusieurs novices pour l'année prochaine.
Actuellement en Argentine nous desservons trois paroisses dans un quartier où il y a une paroisse tenue par le diocèse, et avons nos deux maisons de formation. En Bolivie nous travaillons dans une paroisse, ainsi que dans notre maison de formation, située dans la ville de Cochabamba au centre du pays. Nous sommes des Missionnaire de La Salette originaires d'Argentine, de Bolivie, des Etats-Unis et de l'Inde. Tous nous sommes reconnaissants aux anciens Missionnaires venus de Pologne, qui ont été les pionniers.