Le mystère des Mages

(Epiphanie : Isaïe 60, 1-6 ; Ephésiens 3, 2-6 ; Matthieu 2, 1-12)

Depuis quelques temps, tout Jérusalem parlait d’étrangers mystérieux qui étaient arrivés de l’Est, posant une question surprenante. Les experts bibliques de l’époque trouvèrent la réponse, et le roi Hérode les envoya sur leur route.

Qui étaient-ils, et combien ? Comment avaient-ils reconnu l’étoile ? Comment savaient-ils qu’elle indiquait la naissance de Jésus ? Comment pouvait-elle aller vers le sud, de Jérusalem à Bethléhem ? Les théories abondent, quelques-unes fort intéressantes.

Mais tout cela n’est d’aucune importance. Ces faits peuvent facilement nous distraire de l’essentiel du récit, du but de la quête des Mages : Jésus.

Il semble peu vraisemblable que st Paul ait jamais entendu parler des Mages. Mais il signale bien l’essence de leur histoire : « Par révélation, Dieu m’a fait connaître le mystère... que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » C’est ainsi que s’accomplit la promesse d’Isaïe à Jérusalem : « Les nations marcheront vers ta lumière. »

Vers la fin de 1846, tous, dans le diocèse de Grenoble et au-delà, parlaient d’une Belle Dame mystérieuse qui était venue, paraît-il, du ciel. Son but était semblable à celui de l’étoile de l’Epiphanie : indiquer le chemin (dans le cas, le chemin de retour) à celui qu’elle nomme ‘mon Fils.’

Les Mages, « quand ils virent l’étoile, se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère. » A la Salette, Maximin et Mélanie ont vu une toute autre Vierge à l’Enfant, où Jésus est représenté, non comme un tout-petit dans les bras de sa maman, mais comme Sauveur crucifié. Le salut universel, anticipé dans les récits de la naissance de Jésus, est accompli au Calvaire.

Réfléchissant sur le texte de l’évangile et sur l’Apparition de Notre Dame de la Salette, nous regardons le passé. Mais les deux nous invitent aussi à pénétrer le mystère du présent, et de l’avenir aussi.

L’Eglise nous rappelle les Mages pour une raison. C’est pour une raison semblable que nous nous souvenons de la Salette. Les deux expriment l’espoir trouvé dans le refrain du Psaume d’aujourd’hui : « Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi. » Avons-nous un rôle à jouer dans son accomplissement ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Que porter, comment se comporter

(Sainte Famille : Ben Sira 3, 2-12 ; Colossiens 3, 12-21 ; Matthieu 2, 13-15, 19-23)

L’une des premières choses dont on se rend compte au sujet de Notre Dame de la Salette, c’est ce qu’elle porte. En plus des vêtements typiques des femmes de la région—robe longue, tablier, fichu, souliers et bonnet—il y a des roses, une large chaine, une chaine plus mince qui supporte un crucifix, et une lumière particulièrement brillante autour de sa tête, représentée ordinairement comme une couronne.

Mais, ce n’est pas tout. Elle s’est revêtu « de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience, » tel que St Paul recommande à la communauté chrétienne de Colosses, qu’il appelle « choisis par Dieu, sanctifiés, aimés par lui. »

Dans la première lecture, ces qualités sont exprimées par le verbe ‘honorer’, spécifiquement par rapport aux parents. L’Evangile nous rappelle qu’il n’y a pas de famille sans crises.

Paul admet même une réalité regrettable, « si vous avez des reproches à vous faire, » et souligne le besoin de pardon mutuel. C’est une réalité de la vie que, même dans les familles excellentes et les communautés plus agréables, on n’apprécie pas toujours les personnes qu’on aime.

Je suppose que cela est également vrai de la famille étendue salettine : Missionnaires, Sœurs, Laïques. Quand on coudoie souvent les mêmes gens, on se marche parfois sur les pieds. Etant apôtres de la Réconciliation, cela nous devient particulièrement pénible. Que faire donc ?

D’abord, même si de telles occasions semblent inévitables, elles peuvent de quelque façon être anticipées. L’on peut cultiver les attitudes proposées par st Paul, surtout l’empressement à pardonner. Parfois, le dialogue peut nous aider à mieux comprendre ; alors il ne sera peut-être pas nécessaire de pardonner. Désirant rétablir la paix entre nous, nous pouvons user avec créativité des instruments de charité à notre disposition (voir aussi 1 Corinthiens 13).

La Vierge a recommandé de réciter au moins un Pater—ou nous prions, « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés—et un Ave Maria—ou il y a le rappel de « l’heure de notre mort. » Les deux devraient nous aider à replacer nos tensions personnelles dans une perspective appropriée.

Dans ses propres paroles, la Belle Dame fait écho à la règle énoncée par st Paul : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Être et faire Amen

(4e dimanche de l’Avent : Isaïe 7, 10-14 ; Romains 1, 1-7 ; Matthieu 1, 18-24)

Dans les versets qui précèdent notre première lecture, nous apprenons que les ennemis de Juda s’unissaient pour attaquer Jérusalem. A cette nouvelle, « Le cœur du roi et le cœur de son peuple furent secoués. » Alors Dieu envoya Isaïe pour dire au roi Acaz, « Garde ton calme, ne crains pas... Si vous ne croyez pas, vous ne pourrez pas tenir. » 

La dernière phrase traduit le même verbe hébreux, ‘Aman’, deux fois. C’est là la source de notre parole, Amen, qu’on emploie, par exemple, pour exprimer sa foi en l’Eucharistie au moment de la communion. Selon le contexte et l’usage grammatical, ‘Aman’ peut se traduire dans au moins une douzaine de manières.

Prenant certaines libertés, je propose une traduction que vous ne trouverez jamais ailleurs : « Si vous n’êtes pas Amen, vous ne ferez pas Amen. » Dans le premier cas, en tant que substantif, Amen représente la foi dans toutes ses dimensions ; ensuite, comme verbe, il signifie demeurer ferme. Le roi Acaz n’était pas Amen. Ne voulant pas se fier à la promesse de Dieu, il refusa de demander un signe.

St Paul écrit qu’en tant qu’Apôtre, il fut envoyé « afin d’amener à l’obéissance de la foi. » Etant lui-même Amen, il voulait que tous deviennent Amen.

L’histoire de Joseph est une histoire d’Amen, de foi. « Il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. »

Marie, à la Salette, demande l’obéissance de la foi. « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, » dit-elle et, plus loin, « S’ils se convertissent. » Elle qui avait dit, « Voici la servante du Seigneur, » trouva chez son peuple une attitude qui répondait Non à l’égard des choses de Dieu, et non pas Amen.

Notre Evangile d’aujourd’hui nous redit « comment fut engendré Jésus Christ. » C’est une histoire merveilleuse, qui requiert l’obéissance de la foi. Cela est vrai aussi de tous les détails de la vie de Jésus.

A la Salette, la Vierge Mère porte sur son cœur son Fils crucifié. C’est surtout dans sa passion qu’il est, ainsi qu’il est nommé en l’Apocalypse 3, 14, « l’Amen, le témoin fidèle et vrai. »

Je prie pour que la fête de sa nativité qui approche, nous conduira non seulement à dire Amen, mais aussi à être Amen, et à faire Amen, toujours et partout, comme Marie, comme Paul, comme Jésus lui-même.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Que voyez-vous ?

(3e dimanche de l’Avent : Isaïe 35, 1-10 ; Jacques 5, 7-10 ; Matthieu 11, 2-11)

La notion de vue domine les textes d’aujourd’hui. Isaïe : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles » ; le Psaume : « Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles » ; Jacques : « Voyez le cultivateur… » ; Matthieu : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue... » ; et, « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? »

La signification du verbe, voir, va de la simple perception visuelle, à l’observation attentive, à la compréhension intellectuelle. N’est-ce pas ainsi que fonctionne la science, lorsqu’elle cherche à révéler les mystères de l’univers ?

Cependant il y a des mystères que la science ne peut atteindre. Elle n’a pas ce qu’il faut pour explorer le monde de l’amour, de la foi, ou du sens de la vie. Là il nous faut une révélation d’ordre différent : la Parole de Dieu.

C’est pourquoi nous trouvons tant de citations et de paraphrases de l’Ancien Testament dans le Nouveau Testament. La réponse de Jésus aux disciples de Jean, par exemple, évoque différents textes d’Isaïe. Jacques se réfère plus largement aux prophètes. On nous rappelle souvent que Jésus n’est pas venu abolir la Loi ou les Prophètes, mais les accomplir (v. Matthieu 5, 17).

Il y a aussi ce que nous connaissons comme révélation privée. L’apparition de Notre Dame de la Salette, approuvée formellement en 1851 par l’évêque de Grenoble, se trouve dans cette catégorie. Personne n’est obligé d’y croire ; mais pour nous qui croyons, elle illumine notre rapport avec le Seigneur, ouvre nos cœurs à contempler son amour, et nous aide à comprendre en même temps la signification de la vie chrétienne et ses implications concrètes.

Ces réflexions de chaque semaine pourraient, peut-être, servir d’exemple. Au moyen d’elles, nous regardons les lectures dominicales du point de vue du message et de l’évènement et, surtout, de la Vierge elle-même.

Chacun de nous peur faire de même. D’abord, placez-vous dans sa compagnie, renouvelez votre affection pour elle, et souvenez-vous de son affection pour vous. Rappelez-vous les éléments de l’apparition qui vous touchent de plus près.

Ensuite, lisez les lectures. Observez les rapports entre elles et la Salette. Enfin demandez-vous : quand je regarde à travers les yeux de la Belle Dame, qu’est-ce que je vois ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Le tableau complet

(2e dimanche de l’Avent : Isaïe 11, 1-10 ; Romains 15, 4-9 ; Matthieu 3, 1-12)

Le langage paisible des deux premières lectures et du psaume présente un contraste évident vis-à-vis les paroles de Jean le Baptiste dans l’évangile.

Mais aucun texte n’existe isolément du reste de la Bible. Isaïe et Paul ont ailleurs de dures paroles ; il y a aussi d’autres versets du psaume d’aujourd’hui qui contiennent des images relativement violentes ; tandis que l’évangile, nous le savons bien, contient davantage d’espoir que Matthieu laisse entrevoir de la prédication de Jean.

Nous choisissons naturellement les passages de la Bible qui nous confortent. Ce n’est pas un mal.

Il en est de même pour la Salette. Je suis étonné parfois quand des personnes dévouées à la Belle Dame ne peuvent citer que le début du message, « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, » et la fin, « Vous le ferez passer à tout mon peuple. » La soumission, la famine, la mort des enfants—oui, on sait qu’elles y sont, mais on n’a pas tendance à s’y attarder.

Dans l’idéal, l’encouragement devrait suffire pour nous garder sur la bonne piste. Mais, tout parent, tout éducateur sait bien que l’éducation inclut la correction des défauts et l’avertissement des dangers. Ainsi, Jean-Baptiste fut honnête ; il fut emprisonné et mis à mort parce qu’il prêchait des vérités importunes.

Nous reconnaissons qu’il est bon pour nous d’être mis à l’épreuve, de temps en temps. Nous pouvons même nous fixer des buts difficiles, au profit de nos aptitudes ou de notre santé, et nous surveillons notre progrès. Il peut s’agir d’une toute autre affaire quand le défi vient des autres.

Les pharisiens et les sadducéens tenaient la Loi pour leur guide, et faisaient tout leur possible pour y rester fidèles. Peut-être sont-ils venus pour le baptême de Jean comme signe de leur repentir pour leurs faillites d’observance. Imaginez leur choc et déplaisir en entendant, « Engeance de vipères ! Produisez donc un fruit digne de la conversion. »

Jean ne les haïssait pas. Il parla comme il le fit pour être certain qu’ils comprendraient son message.

Le message de Notre Dame est tout amour mais, pour atteindre tout son peuple, il lui fut nécessaire de brosser un tableau complet, faisant appel en même temps à la repentance et à l’espoir.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Point de basculement

(1er dimanche de l’Avent : Isaïe 2, 1-5 ; Romains 13, 11-14 ; Matthieu 23, 37-44)

« Je pris le livre, l’ouvris, et lus en silence le premier chapitre où se jetèrent mes yeux : Sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et ne cherchez pas à flatter votre chair dans ses désirs. »

Augustin avait entendu une voix qui ressemblait à celle d’un enfant, qui chantait, « Prends ! Lis ! » Ce n’était pas un jeu d’enfant, et il a compris que les paroles s’adressaient à lui. Il recueillit le livre qui se trouvait sur une table voisine, et qui contenait les lettres de st Paul.

En ce moment de sa vie, Augustin était au point de basculement de sa conversion. Ouvrant le livre au hasard, il lut dans la Lettre aux romains les paroles citées plus haut—qui se trouvent dans la deuxième lecture d’aujourd’hui—et sa transformation fut achevée !

Ces paroles font partie d’une exhortation qui commence ainsi : « Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. »

L’appel de Jésus à éveiller est pareillement un rappel de ne pas demeurer dans les ténèbres. Le chrétien doit rester vigilant, toujours prêt et empressé à marcher à la lumière du Seigneur, comme le dit Isaïe.

La saison de l’Avent commence aujourd’hui. Elle nous prépare à célébrer la venue du Christ, Lumière du monde.

Mais même dans les cœurs fidèles des chrétiens il peut se trouver des ombres, des endroits de ténèbres, qui nous empêchent d’entrer pleinement dans la lumière. Notre Dame de la Salette est apparue entourée de lumière éblouissante. Mélanie et Maximin en étaient terrifiés, mais elle les appela, et les enveloppa dans sa brillance. Ses paroles, aussi, furent une invitation à son peuple à rejeter les ténèbres qui les voilaient.

Tel qu’Augustin, nous savons peut-être ce que nous devons faire pour suivre le Christ plus parfaitement, mais nous hésitons, au point de basculement. Nous pourrions profiter, dans ce cas, de fermer les yeux et nous imaginer avec les deux enfants, si proches à la Belle Dame que, au dire de Maximin, « personne n’aurait pu passer entre elle et nous. » 

Comme toujours elle nous attirera près de son Fils. Dans sa compagnie, nous pourrons approprier les paroles du refrain du Psaume d’aujourd’hui : « Dans la joie, nous irons à la maison du Seigneur. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Bons larrons

(Christ Roi : 2 Samuel 5, 1-3 ; Colossiens 1, 12-20 ; Luc 23, 35-43)

La crucifixion fut conçue pour infliger la peine capitale avec un maximum de peine de d’humiliation. Jésus, faussement condamné comme criminel, avait été flagellé brutalement, et était maintenant exposé, nu et impuissant, aux yeux de tous les passants. Les insultes de ses ennemis complétaient la scène.

Deux véritables criminels, crucifiés avec lui, étaient dans la même situation. L’un d’eux s’engagea dans la moquerie. Mais la compassion de l’autre pour Jésus le poussa à la foi, à laquelle le Seigneur répondit : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

En 1957 un criminel du nom de Jacques Fesch, âgé de 27 ans, écrivit : « Dans cinq heures, je verrai Jésus ! Qu’il est bon Notre Seigneur. » Il connaissait l’heure précise parce qu’il était condamné à mourir guillotiné, pour un meurtre commis durant un vol en 1954.

La dévotion à la sainte Vierge fut essentielle à son retour à la foi qu’il avait abandonnée durant son adolescence. Son avocat, chrétien fervent, l’aida à retrouver son chemin vers Dieu, en sorte que, avant sa mort, el était devenu un ‘bon larron’. En 1993 il fut reconnu officiellement Serviteur de Dieu (première étape qui conduit à la béatification et à la canonisation).

Sans doute plusieurs autres histoires de conversion de malfaiteurs pourraient nous inspirer à croire au pouvoir de la grâce. 

Le lien le plus évident entre les lectures d’aujourd’hui et la Salette se voit à la fin du texte tiré de la lettre aux Colossiens, où Paul parle de réconciliation et de paix. Quand Marie a dit aux enfants, « Je suis ici pour vous conter une grande nouvelle, » c’est assurément ce qu’elle avait en vue.

Le crucifix exceptionnellement grand qu’elle portait, de sept à huit pouces de long, n’était pas un ornement, mais un rappel de son Fils, qui a vécu, est mort, et a vécu, pour nous sauver.

Plus dans Colossiens nous lisons : « Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. » Quel meilleur exemple de délivrance, de rédemption et de pardon pouvons-nous rencontrer que dans les récits de deux ‘bons larrons,’ morts en fixant leur regard et leurs espoirs sur Jésus ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Le nom

(33e dimanche ordinaire : Malachie 3, 19-20 ; 2 Thessaloniciens 3, 7-12 ; Luc 21, 5-19)

En 2008, le Vatican a envoyé une lettre à tous les évêques concernant l'utilisation du nom hébreu de Dieu (écrit avec les quatre lettres YHWH). Il souligne que chez les Juifs avant l’époque de Jésus, la pratique consistant à prononcer le nom avait disparu. YHWH, « tenu pour une expression de la grandeur et de la majesté infinies de Dieu, était considéré comme imprononçable et on le remplaçait donc, pendant la lecture des Saintes Écritures, par un nom substitutif, « Adonaï », qui signifie « Seigneur ». »

Cela se reflète dans les traductions anciennes. Seul Kyrios (Seigneur) apparaît dans le grec, par exemple, et Dominus dans le latin. Et, insiste la lettre du Vatican, il doit en être de même dans la liturgie et dans les traductions modernes de la Bible.

La belle dame de La Salette ne se préoccupait pas de ce problème particulier. Mais l’abus du nom de son fils la troubla profondément. Pour les chrétiens, le nom de Jésus est aussi « une expression de la grandeur et de la majesté infinies de Dieu », en particulier en ce qui concerne notre salut.

Comment pourrions-nous ne pas tenir son nom dans le plus grand respect ? « Pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera », lisons-nous dans Malachie. Marie implique une promesse similaire.

Mais dans l’Évangile, nous trouvons une autre prophétie, sur les lèvres de Jésus : « Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ». Bien que cela soit suivi immédiatement de certaines assurances, la perspective de la persécution est terrifiante.

Et pourtant, nous trouvons des exemples de saints qui le désiraient. Un des martyrs nord-américains, Jean de Brébeuf, a fait vœu de ne jamais faillir à la grâce du martyre, si on le lui offrait : « Mon Dieu et mon Sauveur, je prendrai de votre main la coupe de vos souffrances et j’invoquerai votre Nom. Jésus, Jésus, Jésus. »

Sa prière a été entendue et il est mort au milieu d'innommables tortures.

Ce n’est pas ce que Notre-Dame nous demande, et je prie pour que nous ne soyons jamais appelés à souffrir de la sorte pour le nom du Seigneur.

Vivons plutôt de manière à mériter le nom de disciples chrétiens, aimant son Fils et aimés de lui.

Le contexte fait le tout

(32e dimanche ordinaire : 2 Martyrs 7, 1-2, 9-14 ; 2 Thessaloniciens 2, 16—3, 5 ; Luc 20, 27-38)

Si vous avez le temps, lisez les chapitres 6 et 7 du Deuxième livre des martyrs d’Israël (autrement des Maccabées). Vous comprendrez mieux ainsi l’histoire de la femme héroïque et de ses fils, dans un contexte qui explique pourquoi on la raconte. 

En particulier, nous lisons au chapitre 6, 12-13 : « Je recommande donc à ceux qui liront ce livre de ne pas se laisser décourager par ces événements, mais de penser que ces châtiments ont eu lieu non pour la ruine, mais pour l’éducation de notre race. Car c’est le signe d’une grande bonté que de ne pas tolérer longtemps ceux qui commettent l’impiété, mais de leur infliger sans retard des châtiments. »

De même façon la lecture de 2 Thessaloniciens se comprend mieux quand on lit le verset qui précède immédiatement le texte d’aujourd’hui. Le voici : « Ainsi donc, frères, tenez bon, et gardez ferme les traditions que nous vous avons enseignées, soit de vive voix, soit par lettre. » Il suppose un temps difficile pour la communauté chrétienne, et en appelle au courage, que Paul mentionne deux fois dans les versets qui suivent.

La question des sadducéens a un double contexte. D’abord il y a le fait que cette question particulière était un sujet populaire dans les débats entre sadducéens et pharisiens ; les premiers niaient la résurrection, tandis que les seconds y croyaient. En second lieu il y a le désir— souvent consigné dans les évangiles, mais toujours futile—d’avoir le dessus sur Jésus dans une discussion.

L’histoire de la Salette, aussi, se comprend mieux si on considère le monde dans lequel elle s’est passée. On peut déduire cela des paroles de la Belle Dame : la dévastation de l’économie locale, l’indifférence de son peuple à l’égard des choses de Dieu, et l’urgence de la conversion.

Ensuite il y a l’histoire de la France, surtout la Révolution française et ses conséquences philosophiques, religieuses, sociales et économiques.

Mais le contexte le plus important pour comprendre la Salette, c’est en effet la Bible. Chaque partie du Message reflète ce monde. Sans référence aux saintes Ecritures, la Salette est sujette à toutes sortes d’interprétations.

Et pour nous qui aimons la Salette, un autre contexte encore est important : notre propre vie, et le monde dans lequel nous vivons, ici, maintenant.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Magnifiez avec moi le Seigneur

(31e dimanche ordinaire : Sagesse 11, 22—12, 2 ; 2 Thessaloniciens 1, 11—2, 2 ; Luc 19, 1-10)

L’auteur du Livre de la Sagesse dit à Dieu, « Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. » Le psalmiste déclare, « La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. » L’histoire de Zachée démontre la même vérité.

Jésus a pris l’initiative dans le cas de Zachée. La repentance (soumission, conversion) est un don de Dieu. A la Salette, La Vierge est venue pour l’offrir à son peuple.

Si tout va bien, un changement majeur prend place dans le cœur et la vie de ceux que touche cette grâce.  Zachée proclame publiquement la différence occasionnée par sa rencontre avec le Seigneur. Il abandonne l’avarice qui a marqué sa vie jusqu’à ce moment, et sa vie nouvelle se signale par la justice et la générosité. Qui sait où cela peut aboutir ?

Nous voyons une autre dimension à tout cela dans la seconde lecture : « Nous prions pour vous à tout moment afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé ; par sa puissance, qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez, et qu’il rende active votre foi. Ainsi, le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous en lui. »

Imaginez ! Quiconque écoute l’appel de Dieu à la conversion, non seulement se détourne du péché vers une vie remplie de foi, mais en même temps pourra glorifier le nom de Jésus.

Après tout, personne n’est devenu saint seulement en abandonnant une vie de pécheur. La Belle Dame n’a pas envisagé simplement que son peuple cesse de blasphémer le nom de son Fils, mais qu’il retourne à la pratique de la foi en toute sincérité. Elle parle de soumission et de conversion. Ce ne sont pas là des idées négatives. Voyez comment Zachée a été transformé quand il fut converti en se soumettant à la grâce de Dieu.

La venue de Jésus, et celle de Marie, n’étaient pas en vue d’enlever quelque chose de mauvais, mais pour nous offrir quelque chose de bon, de beau, de merveilleux. Les deux sont venus parce que Dieu nous aime. Ils veulent que nous répondions à cet amour de tout notre cœur.

Le Psaume 33, 3 dit : « Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom. » Cela s’applique davantage à notre façon de vivre qu’à nos paroles.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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