De quoi s’agit-il

(2e dimanche de Carême : Genèse 22, 1-18 ; Romains 8, 31-34 ; Marc 9, 2-10)

Le responsorial, aujourd’hui, est tiré du psaume 115. Il s’agit d’une prière d’action de grâce après une crise. Comme il arrive souvent dans les psaumes, nous entrevoyons notre propre expérience. Qui parmi nous n’a jamais dit, « J’ai beaucoup souffert » ?

Ce ne sont pas seulement les péchés de son peuple qui ont décidé la Vierge à venir à la Salette. Elle ressentait aussi bien leurs afflictions : récoltes gâtées, famine, la mort des enfants. Elle rassura son peuple de ses prières constantes à leur égard.

Lors de nos difficultés, Nous devons porter attention aux paroles de st Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Il nous rappelle, aussi, que le Christ Jésus est mort et ressuscité pour nous, et qu’il intercède pour nous.

La première lecture, d’autre part, est troublante. « Dieu mit Abraham à l’épreuve », lui disant d’offrir son fils bien-aimé en sacrifice ! On se demande naturellement pourquoi Dieu exigerait une telle chose. Mais à la fin de l’histoire, il dit par l’intermédiaire de son ange : « Je sais maintenant que tu crains Dieu’, et il renouvelle, avec insistance, la promesse de sa bénédiction.

Quel rapport a tout cela avec le récit de la Transfiguration dans l’Evangile ? La préface spéciale pour le deuxième dimanche de carême fait le lien. « Après avoir prédit sa mort à ses disciples, il les mena sur la montagne sainte ; ... il leur a manifesté sa splendeur ; Il nous révélait ainsi que sa passion le conduirait à la gloire de la résurrection. »

En effet, dans Matthieu, Marc et Luc, juste avant la Transfiguration, Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu, prédit sa passion et puis ajoute : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

Comme la Passion du Christ, toute souffrance peut conduire à la gloire. Abraham a atteint son moment de gloire suprême en acceptant de sacrifier son fils si cela était la volonté de Dieu. Il devint un modèle pour nous tous. Mais, conscients de notre faiblesse, nous préférons ne pas être mis à l’épreuve.

Marie est venue dans la lumière pour nous rappeler que, même si nous avons tous parfois l’impression de vivre notre propre passion, notre foi peut demeurer forte, et ainsi nous pouvons devenir des témoins de la gloire de la résurrection, et nous récolterons la moisson des promesses de Dieu, ainsi que des promesses que la Belle Dame elle-même a faites à la Salette.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Souvenez-vous et revenez

(1er dimanche de Carême : Genèse 9, 8-15 ; 1 Pierre 3, 18-22 ; Marc 1, 12-15)

L'alliance de Dieu avec Noé s’accompagnait d'un signe, l'arc-en-ciel. Le but déclaré était d'empêcher que Dieu oublie sa promesse : « Il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre ».

Ordinairement un signe nous dirige vers un point au-devant de nous. L'arc-en-ciel, et d’autres signes d'alliance, font le contraire. Ils nous font regarder en arrière, de nous souvenir de ce que Dieu a accompli pour son peuple, et surtout pourquoi.

La Salette se concerne de la conversion, du repentir et de la réconciliation. Ceux que la Belle Dame appelle « mon peuple » avaient oublié leur alliance avec son Fils, qui avait requis du peuple de son époque de se repentir et à croire à l'Evangile. Le message de Marie est semblable : souvenez-vous et revenez.

Pas surprenant qu'elle ait mentionné en particulier la messe dominicale. « Ce jour-là, en effet, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils fassent mémoire de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, et rendent grâces à Dieu ». (Vatican II sur la liturgie, 106)

Dans toute célébration eucharistique, nous entendons les paroles de Jésus : « Vous ferez cela, en mémoire de moi ». Le psaume d'aujourd'hui nous fait prier : « Dans ton amour, ne m’oublie pas ». Il ne s'agit pas seulement de regarder en arrière. Comme pour tous les signes d'alliance, le but est de permettre au Seigneur de renouveler sa présence et son action parmi nous, afin que nous puissions aller de l'avant avec nouvelle force et courage.

Le Carême nous donne l'occasion de reconnaître à quel point nous nous sommes éloignés de notre enthousiasme initial. Ainsi nous pouvons retrouver notre fidélité à l’alliance. C'est de quoi il s’agit dans la deuxième lecture où st Pierre parle de « conscience droite ».

L'arc-en-ciel et la Salette (surtout le crucifix de Marie) nous rappellent la fidélité de Dieu. Les deux constituent un miracle de lumière et d'espoir. Dieu ne détruira plus jamais tous les êtres mortels par un déluge, et Marie, à condition qu’on entende ses paroles, n’aura plus à pleurer à la perspective de laisser tomber le bras de son Fils.

Si, pendant cette quarantaine, nous pouvons nous souvenir et revenir, peut-être pourrons-nous servir de guide pour montrer le chemin à d’autres.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Saisi de compassion

(6e dimanche ordinaire : Lévitique 13, 1-2, 44-46 ; 1 Corinthiens 10, 31 – 11, 1 ; Marc 1, 40-45)

Saint Paul, dans la deuxième lecture, décrit son ministère ainsi : « sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés ».

C'est exactement l'exemple donné par Jésus dans l'Évangile. Il guérit un lépreux, mais sans vouloir attirer l'attention sur lui-même. Autrement, pourquoi aurait-il demandé à homme de ne le dire à personne, et pourquoi Marc mentionnerait-il l’inconvénient causé à Jésus lorsque sa réputation se répandit ?

Jésus agit parce qu'il était saisi de compassion. Devant lui s'agenouillait un homme, non seulement malade, mais obligé par la loi de Dieu de s'isoler, de pratiquer la distanciation physique et de se couvrir la bouche.

Saisie de compassion, la Mère de Jésus vint en pleures à la Salette. Elle ne demandait rien pour elle-même. Son souci était pour les autres : son peuple et son Fils.

L’on pourrait se demander, « Quelle est la dernière fois où j’ai ressenti de la compassion ? » Sans doute en trouverions-nous plusieurs exemples, dans la famille et chez les amis, ou encore dans le reportage quotidien sur des désastres et des tragédies de toutes sortes. Il y a également des préjugées contre les autres à cause de différences sociales, religieuses et même politiques. Les occasions de compassion abondent.

La question suivante est plus difficile. « Saisi de compassion, comment ai-je agi ? » Peut-être que la question semble injuste. Après tout, Jésus et Marie ont pu intervenir de manière surnaturelle.

Les Père de la Salette, évidemment, sont en mesure d'administrer le sacrement de la réconciliation. Ils le font de bon gré, et les sanctuaires de la Salette se spécialisent, pour ainsi dire, pour assurer une permanence de confesseurs.

En effet, le péché est une maladie qui se cache si souvent dans notre monde. Le psaume d'aujourd'hui nous offre un grand espoir : « Je t’ai fait connaître ma faute, je n’ai pas caché mes torts... Toi, tu as enlevé l’offense de ma faute ».

Prêtre ou non, nous pouvons tous accomplir quelque chose. La plupart d'entre nous répondent spontanément pour consoler quelqu'un qui a souffert une grande perte. Dédiés à la cause de la réconciliation, nous ne voulons jamais occasionner l'aliénation d’un autre.

Jésus n’hésita pas devant la prière du lépreux. « Je le veux ». Comme Jésus, comme Marie, faisons notre possible.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Juste et bon

(5e dimanche ordinaire : Job 7, 1-7 ; 1 Corinthiens 9, 16-23 ; Marc 1, 29-39)

Dans la préface, qui introduit la Prière eucharistique à la messe, nous affirmons qu'il est « juste et bon, toujours et en tout lieu » de louer le Seigneur notre Dieu pour les grâces mentionnées dans la liturgie du jour.

Toujours... En tout lieu... Cela semble supposer une vie de célébration constante. Cependant, Job, un véritable homme de Dieu, dit : « mes yeux ne verront plus le bonheur ». Il est triste de le voir dans un tel état, mais il nous faut reconnaître—et accepter—que les croyants peuvent rencontrer de mauvais jours, de mauvaises semaines, des mois, voire des années.

Vous vous souviendrez peut-être que la situation de Job résultait d'un pari. Dieu louait la justice de Job ; puis le Satan lui répondit, « Etends seulement la main, et touche à tout ce qu’il possède : je parie qu’il te maudira en face ! » Alors Dieu permit au Satan de tourmenter Job. Et bien que celui-ci se soit plaint haut et fort de ses souffrances, nous lisons : « En tout cela, Job ne commit pas de péché. Il n’adressa à Dieu aucune parole déplacée ».

Dans plusieurs endroits dans la France de 1846, la population endurait de sévères contretemps. Ils ont réagi en utilisant le nom de Jésus, non pas dans le respect pieux, ce qui serait juste et bon, mais en exprimant leur colère, comme Marie nous le fait voir à la Salette.

Comme Job, nous faisons face à des occasions où les questions dépassent les réponses, au sujet de nos propres difficultés ou celles des autres. C’est surtout déconcertant de voir des chrétiens lutter contre la peur, le doute, le stress, etc., au point parfois d’abandonner la foi, et de se détourner de Dieu au moment où ils en ont le plus besoin. L'appel de la Belle Dame à la conversion s'adresse justement à de telles personnes.

St Paul décrit sa prédication comme « une nécessité qui s’impose à moi ». Il prêchait l'Évangile par amour pour le Christ ; par amour pour les autres, il devint « tout à tous ».

Jésus, aussi bien, s'efforçait de porter sa prédication et son ministère de guérison, basés dans la prière, au plus grand nombre.

Marie nous demande de faire passer son message. C’est une nécessité qui s’impose à nous. Dans nos propres moments de difficulté, la tête baissée, si nécessaire, et humbles comme de la poussière, il est juste et bon de supporter ce qu’il faut pour l'Évangile et pour notre prochain, dans l'espoir d'aider tous à reconnaître la présence bienfaisante de Jésus.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

"Je sais qui tu es !"

(4e dimanche ordinaire : Deutéronome 18, 15-20 ; 1 Corinthiens 7, 32-35 ; Marc 1, 21-28)

Dans l'Évangile d'aujourd'hui, les gens sont étonnés parce que Jésus « enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes ». Cependant, un des hommes présents dans la synagogue n’est pas étonné mais terrifié. Possédé par un esprit impur, il est le seul à reconnaître Jésus, et s’écrie : « Je sais qui tu es ! » Jésus alors fait exactement ce que le démon craigne le plus, et le chasse.

L'esprit impur le connaissait, tandis que ceux qui auraient dû le connaître ne l’ont pas fait. À la Salette, la Belle Dame a reconnu que les gens, son peuple, à en juger par leur conduite, ne connaissait plus son Fils. Dans le langage du psaume 94 d'aujourd'hui, ils avaient endurci leur cœur, et refusaient d'entendre sa voix.

La Salette est donc prophétique. Il est vrai que l'apparence et les manières de Marie diffèrent beaucoup de celles que nous attribuons aux prophètes, mais son message, comme le leur, contient des exhortations, des promesses et des avertissements.

Dieu dit à Moïse qu'il susciterait un autre prophète comme lui parmi son peuple. « Je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai ». Il maintient sa promesse au long de plusieurs générations.

Lors du baptême, chacun de nous a reçu une participation à la dignité du Christ dans son rôle prophétique. Cette responsabilité pourrait nous paraître trop difficile. Alors nous prions : « Sur ton serviteur, que s'illumine ta face ; sauve-moi par ton amour. Seigneur, garde-moi d'être humilié, moi qui t'appelle » (antienne de communion, Ps. 31).

Le démon nomme Jésus « le Saint de Dieu » et il tremble. Les chrétiens appellent Jésus par ce même titre, et ils s'approchent. Le Psaume 94 décrit cette attitude en ces mots. « Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit le troupeau guidé par sa main ».

Notre culte et notre façon de vivre notre foi sont essentiellement prophétiques, et signalent la présence et l'action de Dieu dans notre monde. En d'autres mots, il devrait être possible pour ceux qui nous entourent de dire : "Je sais qui tu es, un disciple de Jésus Christ".

Certains reconnaîtront peut-être chez nous un certain cachet salettin, et chercheront à comprendre ce dont il s’agit ou, mieux encore, comment ils peuvent l'acquérir pour eux-mêmes.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Un chant nouveau

(3e dimanche ordinaire : Jonas 3, 1-10 ; 1 Corinthiens 7, 29-31 ; Matthieu 1, 14-20)

Nous commençons cette réflexion avec l'antienne d'entrée d'aujourd'hui : « Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière » (Ps. 95, 1). Elle donne un aperçu des lectures et de la Salette.

Dans les lectures, nous voyons un changement remarquable. Ninive réagit à la prédication de Jonas. Jésus proclame que « les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche ». Quatre pêcheurs ont abandonné leurs filets pour le suivre. St Paul nous dit : « Il passe, ce monde tel que nous le voyons ».

L'apparition de la Salette a également changé des vies, non seulement de Mélanie et de Maximin, mais aussi bien de milliers d'autres, ce qui continue de nos jours.

L'invitation à chanter un chant nouveau ne nous parle pas seulement du changement en soi, comme s’il ne s’agissait que de nouveauté. Elle s'inscrit toujours dans un contexte de joie et de célébration. Quelque chose de merveilleux s'est produit—telle une conversion ou une réconciliation—signalant de nouveaux sentiments intenses qui cherchent à s’exprimer.

On trouve plusieurs chants en multiples langues en l'honneur de Notre Dame de la Salette. Mais il y en a un associé particulièrement au Sanctuaire de la Sainte Montagne en France. Ce chant ne mentionne ni l'Apparition ni le message. Plutôt, il s’agit d'une traduction poétique de l'Angélus, mise en musique, et chantée à la fin de la procession aux flambeaux chaque soir.

Il est connu sous le nom de l’Angelus de la Salette, et les pèlerins réguliers le connaissent par cœur. C'est, en quelque sorte, leur nouveau chant, qui renouvelle leur amour pour la Belle Dame chaque fois qu'ils le chantent. Un chant de telle sorte aide à éliminer des habitudes négatives qui veulent s’infiltrer de nouveau dans nos vies.

Le Psaume d'aujourd'hui contient une profonde prière : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi ». Nous devons nous planter solidement sur la terre ferme de la vérité divine qui nous guide, qui n'est jamais dépassée.

Le nouveau chant, pour ainsi dire, opère dans les deux sens. Considérez ce texte merveilleux de Sophonie 3, 17 : « Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira, comme aux jours de fête ».

Ce nouveau chant est de Dieu, aussi bien que de nous !

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Titres

(2e dimanche ordinaire : 1 Samuel 3, 3-19 ; 1 Corinthiens 6, 13-20 ; Jean 1, 35-42)

Avez-vous un titre ? Les Missionnaires de la Salette écrivent MS après leur nom et les Sœurs de la Salette SNDS. Certains d'entre vous, lecteurs, ont certainement des titres académiques, ou bien vous portez une étiquette indiquant votre rôle et votre statut dans votre lieu de travail.

Dans la Bible, les noms accomplissent souvent cette tâche. Jésus dit à Simon : « Tu t’appelleras Kèphas », ce qui signifie Pierre et décrit son rôle, sa vocation. Il serait intéressant de spéculer quel nom Jésus pourrait donner à chacun de nous. Chose certaine : ce serait à la fois une grâce et une obligation.

Considérez le simple nom de disciple, par exemple. C'est bien beau de suivre le Christ ; mais alors le refrain de notre vie devient celui du psaume d’aujourd’hui : « Me voici, Seigneur ; je viens faire ta volonté ».

La Belle Dame, au tout début de son message, nous appelle à une telle soumission.

Parfois, nous manquons d’entendre l'appel ou, comme Samuel, ne comprenons pas d'où il provient. Il devra se répéter, peut-être, plusieurs fois. Une autre personne, tel Eli, peut nous aider à comprendre ce qui nous arrive.

Si nous acceptons l'un ou l’autre des deux titres par lesquels Marie nous adresse à la Salette—mes enfants, mon peuple—nous pourrons raisonnablement être tenus de l'honorer et de vivre en conséquence, et d’accomplir la noble mission qu'elle nous a confiée.

St Paul propose deux noms moins évidents pour les croyants : sanctuaire de l’Esprit Saint, et achetés à grand prix. Il fait le lien avec le code moral qui distingue les chrétiens du reste de la société corinthienne.

Une fois reconnue et acceptée, notre vocation se révèle constamment. André dit à Simon : « Nous avons trouvé le Messie ». La vérité de cette phrase a résonné dans leurs cœurs et leurs esprits tout le reste de leurs jours.

Pour nous, cela est vérifié spécialement dans l'Eucharistie. Dans la liturgie de la parole, nous disons dans notre cœur : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». À l'autel, nous nous rappelons le grand prix que Jésus a payé pour nous sauver. En quel autre endroit pouvons-nous être plus conscients d'être construits comme le temple de l’Esprit Saint ? C’est là où nous puisons la force requise pour vivre notre nom et notre titre de chrétiens.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Témoignage

(Baptême du Seigneur : Isaïe 55, 1-11 ; 1 Jean 5, 1-9 ; Marc 1, 7-11)

Dans l’Évangile d'aujourd’hui, ils sont trois qui rendent témoignage de Jésus. Le premier, Jean-Baptiste, prédit sa venue.

Les deux autres sont le Saint-Esprit, sous la forme visible d'une colombe, et Dieu le Père, invisible, dont on entend la voix. Dès le début du ministère public de Jésus, ils assument leur rôle dans tout ce qui va suivre. Saint Jean résume le tout dans la seconde lecture : « Celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité... ; le témoignage de Dieu, c’est celui qu’il rend à son Fils ».

Témoigner du Christ, voilà la vocation de l'Église entière. Cela s’accomplit, sans doute, par les paroles de l’Ecriture sainte et de la tradition de l’Église.

Mais partout dans les Evangiles, le Père et le Saint Esprit affirment la personne et le ministère de Jésus par leur puissance et leur présence aussi bien. Ainsi se trouve accompli ce que dit la première lecture d’aujourd'hui : « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, ... ainsi ma parole ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission ».

À La Salette, aussi importantes que soient les paroles de la Belle Dame, son témoignage comporte davantage que des paroles. Il y a la lumière, le crucifix, les roses, les chaînes, et l’éloquence des larmes.

De même, il y a une différence entre affirmer la vérité et la vivre. Sans doute les habitants des environs de La Salette se servaient du langage religieux, tel que « Dieu merci », mais cela ne se voyait pas dans leur façon de vivre, du moins pas en participant à la grande action de grâce, l'Eucharistie. « L’été, il ne va que quelques femmes un peu âgées à la Messe. »

La vie des baptisés n'est évidemment pas seulement sacramentelle. Notre vie entière devrait manifester l'authenticité de notre foi. Lors du baptême, nous avons reçu un vêtement blanc ; ainsi devons-nous toujours nous vêtir de foi, d'espérance et de charité, en vivant les béatitudes.

Ce n’est pas dire que les paroles ne comptent pas. Nous ne pouvons pas penser à La Salette sans considérer la tendre invitation de Marie, son discours et son envoi final. Possiblement, nos paroles aussi bien aideront d'autres personnes à comprendre notre façon de vivre, lorsque nous accomplissons notre mission dans l’Église.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Leur histoire, notre histoire

(Epiphanie : Isaïe 60, 1-6 ; Ephésiens 3, 2-6 ; Matthieu 2, 1-12)

Le conte des Rois Mages est l'un des récits les plus familiers de l'Evangile. Il ne cesse jamais de nous charmer, mais il nous invite aussi à la réflexion personnelle.

En regardant dans le passé, vous rappelez-vous qui ou quoi était pour vous l’étoile de Bethléem, vous conduisant à Jésus ? De nombreux chrétiens de renommé ont décrit les circonstances de leur conversion. Ils évoquent tous une expérience clef ou une rencontre spéciale. Participez à cette conversation. Demandez-vous : Qui, quoi, quand, où, comment ?

Pendant leur séjour à Jérusalem, les Rois Mages ont perdu de vue l'étoile et ont dû demander le chemin à des biblistes. Par la suite, « l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait... Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie ». Essayez de revivre l'expérience de votre joie d’avoir mis votre foi en Christ Jésus.

Notre joie s’augmenterait davantage si tous ceux qui nous entourent pouvaient la partager. Il est difficile pour nous de comprendre pourquoi certaines de ceux que nous aimons n'ont jamais fait l’expérience d’une foi profonde. Dans notre contexte salettin, voilà où nous éprouvons le plus grand défi de « faire passer le message ».

Les Mages, tombant aux pieds de l’enfant, se prosternèrent devant lui en hommage. Pour nous, ce geste pourrait représenter un sentiment initial de culpabilité pour nos péchés du passé, ou de gratitude pour des bienfaits que nous considérions comme acquis, ou encore d'émerveillement : « pourquoi moi ? »

« Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Quels trésors avez-vous apportés, quels cadeaux avez-vous offerts ?

Pour répondre à cette question, considérez la prière que l’on trouve dans l'offertoire de la messe : « Tu es béni, Dieu de l'univers, toi qui nous donnes ce pain ».

St Paul écrit aux Ephésiens à propos de « la grâce que Dieu m’a donnée pour vous ». Nous sommes les intendants, et non les propriétaires, de nos capacités ; elles nous ont été fournis en vue du service.

Le Seigneur nous aidera à discerner lequel de nos talents accomplira le mieux sa volonté. Est-ce possible de penser que notre charisme salettin n’en fasse pas partie ?

Il nous accordera aussi le désir, peut-être même le besoin, de servir son peuple par l'action et la prière.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Là où la foi nous mène

(Sainte Famille : Genèse 15, 1-6 et 21,1-3 ; Hébreux 11, 8-19 ; Luc 2, 22-40)

La foi est mentionnée vingt-quatre fois dans le chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux, presque toujours avec la phrase « grâce à la foi ». Les lectures d'aujourd'hui soulignent la foi d'Abraham et de Sarah, et la divine promesse d'une famille et de descendants aussi nombreux que les étoiles.

La première lecture dit, « Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste ». Ce fut Dieu qui attribua un certain pouvoir à la foi d'Abram, et cela devint la base sur laquelle s’établit l'alliance qui s’ensuivit.

Ce pouvoir agit dans deux directions. Dieu accepte notre foi et répond à nos prières, comme nous le constatons dans l’exemple splendide de Syméon et d'Anne dans l'Évangile d'aujourd'hui. Mais en même temps, nous voyons la transformation opérée par la foi dans leur vie ; Anne « ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière », tandis que Syméon vivait pour le jour où la promesse du Seigneur à son sujet serait accomplie.

La foi partagée fonctionne de la même façon dans les groupes, les familles, les communautés, et dans l'Église. Lorsque la foi de certains de ses membres est perdue, le groupe s’en ressent. Une certaine Belle Dame a observé cela de sa place dans les cieux, et s’est décidée d'intervenir. Ses paroles ressemblent de près aux paroles de Dieu à Abram dans la Genèse : « Ne crains pas ! Je suis un bouclier pour toi. Ta récompense sera très grande ».

La foi redécouverte a le même pouvoir qu’une foi jamais perdue. Le père de Maximin en est un bon exemple. Au moment où il commença à croire à l'Apparition, il retrouva sa foi chrétienne et retourna aux sacrements qu'il avait abandonnés depuis longtemps, et avec une ferveur plus grande qu’auparavant.

Il ne serait pas surprenant que de nombreux Laïcs salettins aient vécu une expérience semblable. Mais pourquoi limiter cela aux laïcs ? Nous pouvons certainement inclure les religieuses et les religieux.

La foi nous impose des exigences et peut parfois nous sembler un fardeau, surtout en vue de notre faiblesse et de nos doutes. Mais, comme Abraham et Sarah, Syméon, Anne, sans parler de Marie et Joseph, nous pourrons aller là où la foi nous emmènera.

Nous prions pour que l'histoire de votre vie et de la nôtre soit souvent entrecoupée des paroles, « grâce à la foi ».

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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