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La loi de la réconciliation

(15edimanche ordinaire : Deutéronome 30, 10-14 ; Colossiens 1, 15-20 ; Luc 10, 25-37)

Nous avons un choix entre deux Psaumes aujourd’hui. Le Psaume 68 nous invite à tourner vers Dieu durant les temps troublés ; le Psaume 18 chante les louanges de la Loi du Seigneur. Les deux s’adressent au cœur salettin.

La Belle Dame décrit la réponse de son peuple vis-à-vis de la famine : « Quand vous trouviez des pommes de terre gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon Fils au milieu. » Dans cette situation, les paroles blasphématoires semblent être venues plus spontanément aux lèvres que la prière.

La Loi était parmi les plus grands dons de Dieu a son peuple choisi, une source de fierté, même. Le psalmiste reconnait cela en plusieurs autres endroits, notamment à la fin du Psaume 147 : « Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël. Pas un peuple qu'il ait ainsi traité ; nul autre n'a connu ses volontés. » Moïse plaide passionnément : « Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets. »

Mais Marie a vu que son peuple n’aime pas Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et de toute son intelligence.

Le remède qu’elle propose se présente d’une façon, disons, multimédia. D’abord, il y a le message. Mais ses larmes disent ce que les paroles ne pourraient exprimer. La lumière contraste avec les ténèbres qu’elle décrit. Et, le plus important de tout, le crucifix qu’elle porte sur sa poitrine nous rappelle, selon les paroles de st Paul que nous lisons aujourd’hui, que Dieu, par Jésus, a voulu « que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix. »

A la fin de la parabole du Bon samaritain, Jésus dit, « Va, et toi aussi, fais de même. » C’est-à-dire : Ne demandez donc pas ‘Qui est mon prochain ?’ mais ‘A qui puis-je servir de prochain ?’

C’est là une invitation de passer au-delà de la Loi. L’esprit de la réconciliation ne se réduit pas à certaines personnes, ou à l’observance de certains préceptes.

Le message de la Salette n’aborde pas directement la question du ‘prochain.’ Mais quand nous considérons la visite de la Sainte Vierge, venue à notre secours pour nous indiquer le chemin, comment manquerions-nous d’entendre son invitation d’aller, et nous aussi, faire de même.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Priez bien

(14edimanche ordinaire : Isaïe 66, 10-14 ; Galates 6, 14-18 ; Luc 10, 1-20)

Ce n’est pas un mal prendre joie des succès et des bienfaits qui nous arrivent. Nous devons cependant apprendre à reconnaître leur source. Comme l’a dit Jésus : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Matthieu 22, 21)

Mais on peut se demander, « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ? » (Ps. 115, 12). C’est là qu’intervient la prière.

A la Salette, Marie a demandé aux enfants, « Faites-vous bien votre prière ? » Ils ont admis que non.

Il y a bien des formes de la prière. Le Catéchisme de l’Eglise catholique,commençant au Nº 2626, les décrit : la bénédiction et l’adoration ; la prière de demande ; la prière d’intercession ; la prière d’action de grâces ; la prière de louange. La Belle Dame mentionne le Notre Père et l’Ave Maria, la messe, et le carême. D’autres auteurs spirituels distinguent la prière discursive et contemplative, la Lectio divina, ainsi de suite.

Le fait de ne pas reconnaître qui est Dieu et qui nous sommes empoisonne la vie spirituelle. La prière n’est certes pas la seule réponse au bien que Dieu nous fait, mais elle est fondamentale. Sans la prière, tout que l’on fait au service des autres peut aboutir à un sens déformé d’autosuffisance. 

Oui, st Paul se vante parfois de ce qu’il a accomplis, mais même alors il reconnaît que c’est Dieu qui a rendu cela possible. Son sentiment s’exprime le plus clairement dans sa prière qui vient du cœur : « Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. »

Les soixante-douze disciples dans l’Evangile d’aujourd’hui sont enchantés des pouvoirs que Jésus leur a donnés, mais il les met sur leur garde : « Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

Isaïe a recours à la belle image d’une mère allaitante pour prophétiser un temps d’abondance. A la Salette Marie, notre Mère, parle de « monceaux de blé. » Dans les deux instances, l’évènement futur est précédé d’un temps d’adversité et de deuil, après quoi « le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs. »

Priez bien équivaut ni plus ni moins à la communication régulière et personnelle avec notre Dieu tout-puissant. Impossible en exagérer l’importance !

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

S’engager dans la fidélité

(13edimanche ordinaire : 1 Rois 19, 16-21 ; Galates 5, 1-18 ; Luc 9, 51-62)

Le psalmiste change aujourd’hui, « Je garde le Seigneur devant moi sans relâche. » Cela peut signifier deux choses. D’abord, comme nous lisons dans la suite du même verset, il inspire la confiance. Mais il nous rappelle notre engagement envers le Seigneur.

« Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem, » sachant fort bien ce qui l’attendait là. Il s’attend à la même fermeté de la part de ceux qui veulent le suivre ; en particulier, ils doivent abandonner tout, et tous.

En 1846, le slogan révolutionnaire, « Liberté, Egalité, Fraternité, » devenait de plus en plus la devise officielle de la France. Cette attitude se dirigeait entre autres contre la religion en général et, avec férocité, contre l’Eglise.

Ce fut dans ce contexte que la Belle Dame est venue, en pleurs, appeler son peuple de nouveau à l’intégrité de leur héritage chrétien. Elle aurait pu parler des nombreuses façons dont son peuple avait démontré son infidélité. Au contraire elle a choisi ce qu’on pourrait appeler des exemples typiques, indiquant ainsi qu’il y a une manière authentique d’être chrétiens, qui nous impose des demandes légitimes.

Tout en défendant la liberté, st Paul fait comprendre qu’elle ne signifie pas la licence de faire tout ce qu’on veut. Ne voulant pas que les galates (qui « se mordaient et se dévoraient les uns les autres ») se mettent « de nouveau sous le joug de l’esclavage, » c.-à d., du légalisme associé à l’observance fidèle de la Loi de Moïse, il écrit, « Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint. »

Mais cela aussi est une forme de soumission, non à quelque chose au dehors de nous mais en nous. Ainsi s’accomplit la prophétie de Jérémie 31, 33 : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » Dieu est fidèle, et en retour, nous devons être fidèles aussi.

La fidélité, après tout, est la pierre de touche de toute promesse sérieuse, non seulement dans le mariage ou la vie religieuse, par exemple, mais essentiellement et plus largement quand il s’agit de nos promesses baptismales, de notre engagement en tant que disciples.

Dans sa Litanie, Marie est appelée Vierge très fidèle.A Nazareth, à Bethléhem, en Egypte, à Cana, au Calvaire, à la Salette, à Lourdes et à tant d’autres lieux saints, elle est l’exemple parfait de l’amour fidèle.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Nourriture dans un endroit désert

(Le Saint Sacrement : Genèse 14, 18-20 ; 1 Corinthiens 11, 23-26 ; Luc 19, 11-17)

La Salette est un endroit caché dans le sud des Alpes françaises. Tandis que des millions de pèlerins visitent Lourdes chaque année, seulement environ 250.000 visitent ce Sanctuaire dans la montagne, et cela principalement au printemps ou en été. A part cela, c’est un endroit plutôt désert.

C’était certainement le cas le 19 septembre 1846. Très peu de gens y étaient, entre eux Maximin Giraud et Mélanie Calvat, à paître leurs animaux ou à faucher le foin. De l’endroit ou ils ont mangé leur simple repas de pain et fromage, Maximin et Mélanie ne voyaient personne d’autre.

Puis, soudainement, une Belle Dame était là !

Elle parla, entre autres choses, d’autres lieux déserts, à savoir les églises. Durant la Révolution française, environ cinquante ans auparavant, la France était devenue violemment anticatholique. Les temps avaient changé, mais les effets demeuraient, et la population nominalement catholique retenait une certaine hostilité envers la religion. 

De temps à autre il y a des gens qui quittent l’Eglise à cause d’un conflit, d’un scandale, ou parce qu’ils rejettent l’enseignement de l’Eglise, etc. Ce faisant, ils se déprivent de l’Eucharistie. Nos lectures d’aujourd’hui manifestent clairement l’importance de l’Eucharistie dans la vie chrétienne catholique. Dans la théorie comme dans la pratique, il est difficile d’imaginer l’une sans l’autre. Sans l’Eucharistie, on se trouve réellement dans un endroit désert.

L’un des Psaumes plus longs décrit la scène de personnes errant dans un désert, affamées et assoiffées. Finalement ils crient vers le Seigneur, qui les sauve et les mène vers une ville. Cette partie du Psaume se conclut ainsi :

Qu'ils rendent grâce au Seigneur de son amour,  
de ses merveilles pour les hommes :
car il étanche leur soif, 
il comble de biens les affamés ! (Ps. 106, 8-9)

En plus des lectures, la liturgie d’aujourd’hui inclut une Séquence, un poème composé il y a 750 ans par st Thomas d’Aquin, lors de l’établissement de cette fête. On y trouve des échos des mêmes sentiments de gratitude, pour la bonté qui nous est montrée dans le don de l’Eucharistie.

Dans la messe, le Christ nous comble en effet de très grands biens. Comment pourrait-on préférer un endroit désert ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Dans notre propre langue

(Pentecôte : Actes 2, 1-11 ; 1Corinthiens 12, 3-13 ou Romains 8, 8-17 ; Jean 20, 19-23 ou Jean 14, 15-26)

Après la descente du Saint-Esprit, les Apôtres s’adressèrent à un auditoire international, en parlant araméen, tandis que les gens de nombreuses nationalités les entendaient dans leur propre langue. Cela, évidemment, était l’œuvre du Saint-Esprit, un signe unique.

Ne serait-ce merveilleux si ce signe s’était prolongé jusqu’à nos jours ? Mais cette manifestation particulière du don des langues semble avoir été réservée à ce seul cas. Aujourd’hui les missionnaires dévouent beaucoup de temps à apprendre différentes langues afin de pouvoir prêcher l’Evangile.

A l’occasion de rencontres internationales des Missionnaires salettins, j’ai souvent assuré la traduction simultanée ; je comprends bien combien cela peut laisser à désirer. Trouver la tournure de phrase juste sur le vif est toujours un défi.

A la Salette la Vierge a parlé deux langues. Après avoir commencé en français, elle remarqua la confusion des enfants, et dit alors, « Vous ne comprenez pas, mes enfants ?  Je m'en vais vous le dire autrement. » Le reste de son discours était en patois, sauf la consigne finale de « le faire passer. »

On oserait penser qu’elle aurait dû anticiper ce problème. Mais de même que le signe de plusieurs langues à la Pentecôte a démontré que le message de l’Evangile est universel, ainsi la Belle Dame, par le signe de deux langues seulement, a démontré que son message n’était pas non plus restreint à un seul endroit.

Comme le P. Marcel Schlewer, m.s. signale, Notre Dame a parlé la langue de son peuple, de plus d’une façon. Dans le patois local en effet, elle a parlé des choses importantes de leur vie—le blé gâté, la famine, les enfants qui mourraient—démontrant que ces choses importaient également à elle. C’était là sa « langue maternelle, » c.-à-d. le langage d’une mère. Elle s’adressa aussi aux cœurs par le langage des larmes.

Ce n’est pas étonnant que différents aspects de l’Apparition de Notre Dame de la Salette parlent à chacun d’entre nous de différentes façons. Chacun de nous est unique, en fin de compte, et l’on pourrait dire que l’Esprit Saint, comme à la Pentecôte, faisait en sorte que chacun de nous entendrait Marie « en notre propre langue. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Le faire passer

(7edimanche de Pâques : Actes 7, 55-60 ; Apocalypse 22, 12-20 ; Jean 17, 20-27)

La plupart des gens ne peuvent pas réciter tout le message de Notre Dame de la Salette, mais toujours ils se souviennent des premières paroles : « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, » et de la fin, « Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple. »

Dans l’Evangile Jésus prie, « Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître. » Dans l’Apocalypse, c’est Jésus lui-même qui donne le témoignage que doivent proclamer ses disciples.

Un martyr est celui qui témoigne du Christ en donnant sa vie, tel le diacre Etienne. Il était témoin fidèle, tandis que sa condamnation à mort venait de faux témoins.

Jésus prie aussi pour que ses disciples « deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé. » Dire que des chrétiens donnent parfois un faux témoignage serait peut-être trop dur, mais on peut certainement parler d’un contre-témoignage.

La Belle Dame aborde cette réalité. Qui sont ces chrétiens, qu’elle appelle son peuple, mais qui ont si peu de respect pour le nom du Seigneur ; qui refusent d’accorder à Dieu le jour qu’il s’est réservé ; qui considère le dimanche comme tout autre jour et le Carême comme n’importe quel temps de l’année ?

Prenons garde de restreindre cette réflexion seulement aux paroles exprimées par Marie. De même que dans les Saintes Ecritures une liste n’est jamais exhaustive, de même elle aurait pu conclure cette partie de son messager par la phrase de Jésus, commentant sur l’hypocrisie des pharisiens : « Et vous faites beaucoup de choses du même genre. » (Marc 7, 13)

Il se dit communément que les gestes sont plus éloquents que les mots. On pourrait dire de même pour l’inaction. C’est ainsi que dans le rite pénitentiel de la messe on dit : « j'ai péché, en pensée, en parole, par action et par omission. »

L’intégrité tient place d’honneur en toute société. Le Psaume 118, 104 déclare, « Je hais tout chemin de mensonge. » La Salette nous appelle à un christianisme authentique. Pour faire connaître l’Evangile, il faut le vivre ; tout ce qui est faux parmi nous, ou en nous, devra être déraciné et rejeté.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Garder les choses simples

(6edimanche de Pâques : Actes 15, 1-2 et 22-29 ; Apocalypse 21, 10-23 ; Jean 13, 23-29)

Par comparaison avec Lourdes et Fatima, le message de Notre Dame de la Salette est long et semble compliqué. Cependant, il est essentiellement simple.

Dans l’Eglise primitive, telle qu’on la voit dans la première lecture, la situation était devenue très compliquée, à cause de l’affluence de convertis gentils à la vie et à la foi chrétiennes. Certains étaient convaincus que ces nouveaux convertis devaient tout d’abord se convertir au judaïsme. A ce qu’on appelle parfois le ‘Concile de Jérusalem,’ on s’accorde à une solution géniale, des conditions minimales décidées non seulement par la seule raison ni par vote majoritaire. Nous lisons : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent. »

A la Salette, Marie a choisi quelques nécessités de même : la prière personnelle, le culte dominical, le respect du nom du Seigneur, et la discipline du Carême.

Dans l’Eglise primitive, ceux qui prenaient au sérieux les conditions de base ne s’arrêteraient pas là. De même à la Salette. C’est un trait de la nature humaine : si on ne vise que le minimum, on finira par ne rien faire. Le minimum est en quelque sorte une fondation ; si on ne construit rien là-dessus, tôt ou tard elle se fissurera et se désintégrera.

Dans l’Evangile Jésus dit, « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » Autre façon d’exprimer ce que nous venons de dire. L’amour du Christ est la fondation de la vie chrétienne ; garder sa parole est le signe de l’authenticité de cet amour et de la force de notre adhésion à lui. Et pourtant, au fond c’est bien simple—le suivre avec amour, apprendre à connaître sa volonté et s’efforcer d’y être fidèle.

Nous savons par expérience que cela est plus facile à dire qu’à faire. C’est pourquoi st Paul, dans plusieurs de ses lettres, reproche aux chrétiens de ne pas avoir compris les implications de leur foi. Le fameux texte de la Première lettre aux corinthiens (« L’amour prend patience ; l’amour rend service… »), par exemple, est si beau en soi qu’on peut oublier que Paul a écrit ces paroles parce que les chrétiens de Corinthe ne faisaient pas le lien entre la foi et la vie.

La Salette nous aide à faire la même connexion. En réalité très simple.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Essuyer toute larme

(5edimanche de Pâques : Actes 14, 21-27 ; Apocalypse 21, 1-5 ; Jean 13, 31-35)

Quand on voit quelqu’un en pleurs, le premier instinct, souvent, est de se demander ce qui se passe et, peut-être pas assez souvent, de se demander si on peut ou doit faire quelque chose pour soulager la peine témoignée par les larmes.

Ceux que les paroles de la Vierge de la Salette laissent perplexes ou même offensés doivent se rappeler les larmes qui accompagnaient ses propos, dont la source est une seule et même douleur.

Dans l’Evangile d’aujourd’hui Jésus offre la clef ultime pour consoler les désolés : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » Si seulement nous pouvions tous vivre parfaitement ce nouveau commandement ! Non seulement nous ferions tout en notre pouvoir pour adresser toute la souffrance qui nous entoure dans le monde entier, mais aussi nous ferions un effort suprême pour éliminer les causes profondes de tant de peines.

Comme Paul et Barnabé, dans la seconde lecture, nous pourrions reconnaitre que « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Mais ces épreuves sont bien autres que la souffrance qui pousse au désespoir. On les endure par amour et, tout en souffrant, les disciples de Jésus peuvent se soutenir mutuellement. Plus d’une fois Jésus dit clairement que ses disciples ne devaient pas s’attendre à une vie facile.

A la Salette Marie a pleuré sur, et avec, son peuple, en voyant leurs péchés et leurs épreuves. Eprise du même amour que son Fils, elle répond de façon maternelle. Elle ne peut faire disparaître toutes nos difficultés, mais offre une voie pour les traverser, un chemin de confiance, d’espoir, de foi.

Une personne seule ne peut pas tout faire, mais chacune peur faire quelque chose, aussi simple que ce soit, en communion avec le Seigneur, pour « faire toutes choses nouvelles. »

En anglais, le plus connu des hymnes à Notre Dame de la Salette contient ce refrain :

Je voudrais faire tarir tes larmes,
Et faire connaitre ton message :
Pénitence, prière, et zèle,
En attendant que Dieu me rappelle chez lui.

Nous pouvons faire tarir ses larmes en voyant avec son regard les souffrances de son peuple, et en faisant notre possible pour « essuyer toute larme de leurs yeux. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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Pourquoi ne comprennent-ils pas ?

(4edimanche de Pâques : Actes 13, 14, 43-52 ; Apocalypse 7, 9-17 ; Jean 10, 27-30)

Vous est-il arrivé de comprendre la vérité de quelque chose mais de ne pas pouvoir convaincre d’autres ? De votre part c’est parfaitement clair, mais tous les autres vous regardent comme si vous parliez une langue étrangère. Pourquoi ne comprennent-ils pas ?

Ce fut l’expérience de Paul et Barnabé. Ils sont allés à la synagogue, empressés de partager avec leur frères juifs la nouvelle étonnante que les Ecritures étaient accomplies et que le Messie était venu dans la personne de Jésus de Nazareth. Au début, il y avait intérêt—on nous dit que presque toute la ville était venue les entendre. La prédication de Paul était claire, logique, et vérifiable. Pourquoi ne comprenaient-ils pas ?

A la Salette, la Vierge s’adresse à une situation semblable, quand elle dit : « Vous n’en faites pas cas ! » Son peuple était inconscient de son souci, et des façons par lesquelles elle avait essayé de leur montrer les conséquences de ne pas mettre en pratique la foi.

Donc elle a fait ce qu’il fallait pour capter leur attention. Elle est venue, elle a pleuré, elle a parlé, parfois même durement, tout cela pour que son peuple puisse voir ce qu’elle voyait.

L’Eglise s’est souvent trouvée dans une situation pareille. Nous chrétiens possédons une Bonne Nouvelle à partager, mais il y a des obstacles à la foi. La société séculière respecte peu les croyants. Les bruit des scandales dans l’Eglise étouffe la voix du Pasteur. Les rivalités entre chrétiens les détournent du Christ qu’ils veulent tous servir. Dans le cas d’Antioche de Pisidie, la jalousie de la part des chefs de la synagogue les porta à rejeter la prédication de Paul ; ensuite vint l’opposition et, finalement, la persécution.

A l’époque de l’Apparition, l’anticléricalisme hérite de la Révolution française était l’un des plus grands obstacles à la pratique de la foi en France. De plus, la vie était dure pour tant de gens. Mais Notre Dame de la Salette a choisi d’agir, et non pas rester à voir son peuple aller vers la destruction.

Ses larmes, ses paroles, et même son choix de témoins, tout était pour assurer que nous comprenions, afin de pouvoir nous compter parmi la multitude qui a pour pasteur l’Agneau de Dieu, qui les conduit aux sources des eaux de la vie.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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Reconnus coupables ?

(3edimanche de Pâques : Actes 5, 27-41 ; Apocalypse 5, 11-14 ; Jean 21, 1-19)

Une question souvent posée dans les sermons chrétiens : « Si on t’accusait d’être chrétien, est-ce qu’on trouverait assez de preuves pour te reconnaître coupable ? » Les Apôtres, dans la lecture des Actes, ne cherchaient pas à se défendre des accusations faites à leur égard. Ils ont admis leur culpabilité, et ont quitté le Conseil suprême, « tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. »

Quand on voit de quelle façon Marie à la Salette décrit le comportement de son peuple, on devrait conclure qu’il aurait pu plaider non coupable à l’accusation d’être chrétien.

Plus tôt, dans Actes 4, 18, les Apôtres avaient reçu l’ordre de ne pas parler au nom de Jésus. Alors Pierre a répondu : « Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. » Maintenant, au chapitre 5, quoique reconnus coupables d’avoir parlé « au nom de celui-là, » on les relâche, mais avec un avertissement qui inclut une flagellation. Le verset qui suit immédiatement notre lecture ajoute : « Tous les jours, au Temple et dans leurs maisons, sans cesse, ils enseignaient et annonçaient la Bonne Nouvelle : le Christ, c’est Jésus. »

A la Salette, d’autre part, la Belle Dame déclare que son peuple, dans sa colère, « ne sait pas jurer sans mettre le nom de mon Fils au milieu. »

Dans l’Apocalypse nous lisons aujourd’hui : « Toute créature dans le ciel et sur la terre, sous la terre et sur la mer, et tous les êtres qui s’y trouvent, je les entendis proclamer : À celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. »

L’univers entier rend gloire au Père et à son Fils, à l’exception de ‘mon peuple.’ La Vierge se plaint au nom de Dieu : « Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l’accorder. »

Disons clairement. Le message de la Salette ne se limite pas aux pratiques religieuses ; l’origine de celles-ci tient d’un rapport de respect e d’amour. Voilà d’où les Apôtres ont puisé leur courage face à la persécution.

Dans la lecture plus longue de l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus demande à Pierre, « M’aimes-tu ? » Si avec Pierre nous pouvons répondre sincèrement, « Tu sais bien que je t’aime, » et vivre en conséquence, alors oui, nous serons coupables d’être chrétiens.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)
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