Le Vivant
(2e dimanche de Pâques : Actes 5, 12-16 ; Apocalypse 1, 9-19 ; Jean 20, 19-31)
Les spécialistes bibliques s'accordent généralement à dire que Jean, l'auteur du quatrième Évangile, a aussi écrit l'Apocalypse. Dans les deux, Jésus se sert souvent de la phrase « Je suis », d'une façon semblable aux paroles de Dieu à Moïse, que nous avons lues il n'y a pas longtemps : « JE SUIS QUI JE SUIS ».
Nous en avons un exemple dans la lecture d'aujourd'hui : « Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant ». Jésus se donne des noms significatifs, qui décrivent ce qu’il est dans son essence même. Il continue en disant, « Me voilà vivant pour les siècles des siècles », une expression plus emphatique encore que ses paroles lors de la dernière Cène : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».
Nous lisons ensuite des paroles mystérieuses : « Je détiens les clés de la mort et du séjour des morts ». Cela semble marier les notions de pouvoir et de jugement, telles que nous les trouvons à La Salette lorsque Marie parle du « bras de mon Fils ».
Les paroles de la Belle Dame se prêtent à diverses interprétations, mais prises dans le contexte du reste de son discours, par exemple : « Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas », et « Je vous l'avais fait voir l'année passée par les pommes de terre : vous n'en avez pas fait cas », il n’est pas difficile d’accepter l’interprétation traditionnelle.
Mais aujourd'hui nous célébrons le dimanche de la Divine Miséricorde. Vous avez vu l'image, avec les rayons émanant du cœur de Jésus. Dans notre contexte salettin, nous avons souvent remarqué que la lumière de l'Apparition venait du crucifix que Marie portait sur sa poitrine. La grande nouvelle qu'elle est venue délivrer venait de la croix. La Salette est une apparition miséricordieuse.
Jésus, le Vivant, souffle sur nous comme il l'a fait sur les Apôtres dans l'Évangile d’aujourd’hui. À eux et à leurs successeurs, il a donné le pouvoir spécial et le jugement pour pardonner ou retenir les péchés. À nous, il donne notre charisme de réconciliation, qui brille d'un éclat particulier en ce jour.
Le pardon est l'objectif, offert gratuitement à tous ceux qui choisissent de se soumettre à la volonté divine et qui changent leur vie en conséquence. C’est ce qu’on trouve parmi les « signes et prodiges » mentionnés dans la première lecture.
Et Thomas, l’incrédule ? Tenons-nous avec lui et les autres Apôtres, en accueillant avec gratitude et amour la salutation de Jésus : « La paix soit avec vous ! »
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Il fallait qu’il ressuscite
(Pâques : Actes 10, 34-43 ; Colossiens 3, 1-4 ; Jean 20, 1-9)
À la fin de l'Évangile d'aujourd'hui, Jean déclare clairement : « Jusque-là les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ». De fait, comme le démontrent souvent les lectures durant le temps pascal, la plupart des disciples ne croyaient pas que Jésus était ressuscité avant qu'il ne se révèle.
Mettons-nous à la place de Pierre dans le tombeau vide. Comment comprendre ce que nous voyons ? Tout cloche ici. Par exemple, si le corps de Jésus avait été volé, pourquoi le voleur aurait-il plié les linges à plat ?
Puis rejoignons Pierre, tel qu'il apparaît dans la première lecture. Par ce temps-là dans les Actes des Apôtres, Pierre proclamait hardiment le Christ ressuscité au peuple juif, et plusieurs croyaient. Mais ici, il prêche à un centurion romain pieux et craignant Dieu, ainsi qu'à sa famille et à ses amis. Maintenant Pierre porte témoignage non au sujet d’un tombeau vide, mais de vie pleine pour tous.
St Paul, écrivant aux Colossiens, leur rappelle : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre ». En tant que témoin, il pratiquait certainement ce qu'il prêchait.
À La Salette, la Belle Dame fit de Maximin et Mélanie des témoins. Nous marchons à leur suite, rappelant aux gens le pouvoir transformatif de Jésus crucifié et ressuscité. Ce que Pierre dit de lui-même et de ses compagnons s'applique aussi à nous : « Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés ».
Jean écrit qu’il fallait que Jésus ressuscite. Cela dépasse le simple fait d’annoncer un événement historique. Car sans sa résurrection, il n'y a pas de victoire sur la mort. Il n'y a pas de victoire sur le péché. Il n'y a pas de salut. Il n'y a pas d'alliance de fidélité avec Dieu.
Si les moyens modernes de communication sociale avaient existé à l'époque de l'Évangile d'aujourd'hui, imaginez les théories circulant au sujet du tombeau vide ! Si la foi ardente de Pierre et des autres existait aujourd'hui, imaginez quels prophètes nous pourrions devenir pour l’époque présente !
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Ce dont le Seigneur a besoin
(Dimanche des Rameaux : Luc 19, 28-40 ; Isaïe 50, 4-7 ; Philippiens 2, 6-11 ; Luc 22, 14 à 23, 56)
Suivant l’instruction de Jésus, ses disciples, à qui leur demandait pourquoi ils prenaient l'âne, ont répondu : « Parce que le Seigneur en a besoin ».
De quoi le Seigneur a-t-il besoin de notre part ? D'abord et surtout, de nos personnes mêmes.
Quand la Sainte Vierge a dit à Maximin et à Mélanie de « le faire passer », ne disait-elle pas : « Le Seigneur a besoin de vous » ? Eux seuls, et personne d'autre, ont été choisis pour être les premiers à annoncer le message salettin de conversion et de réconciliation.
Quelle ressource, don, ou talent le Seigneur demande-t-il de nous ? La réponse varie pour chacun de nous, mais il y a quand même beaucoup de commun. Par exemple, nous recevons tous le Corps du Christ dans l'Eucharistie. Alors comment l’amenons-nous dans notre monde personnel de famille, d’amis, et de communauté et, autant que possible, au-delà ?
Certains pharisiens pensaient que la foule manquait de jugement avec ses acclamations de Jésus. Lui de répondre : « Si eux se taisent, les pierres crieront ! » Nous trouvons à La Salette une prédiction semblable dans son extravagance : « Les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé », proclamant, pour ainsi dire, la miséricorde de Dieu envers ceux qui retournent à lui.
Ce n'est pas le temps pour le silence. Le Seigneur a besoin de notre voix, et donnera à tous et chacun « le langage des disciples » (première lecture), de façon à proclamer la gloire de Dieu et de rendre nôtres les paroles du psaume d'aujourd'hui : « Je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée ».
Pour plusieurs d'entre nous, la tâche n’est pas facile, surtout si nous vivons dans un milieu indifférent à la foi et même hostile.
Dans ce contexte, considérons ce que Jésus a dit à Pierre : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères ».
Nous connaissons le fait que le courage de Pierre a failli à un moment critique, mais non sa foi. N’excusant jamais sa couardise, il est revenu et, dans les Actes des Apôtres, nous le voyons proclamer la Bonne Nouvelle et guider les premiers pas de l'Église. Le Seigneur avait encore besoin de lui, comme il a encore besoin de nous—quelle pensée glorieuse, quelle leçon d’humilité ! —pour fortifier nos frères et sœurs.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Ne voyez-vous pas ?
(5e dimanche de Carême : Isaïe 43, 16-21 ; Philippiens 3, 8-14 ; Jean 8, 1-11)
La femme de l'Évangile d'aujourd'hui était coupable. La loi la condamnait à la mort. Les regrets qu'elle aurait pu avoir ne lui servaient à rien en ce moment.
Le peuple juif, auquel Isaïe s'adresse dans la première lecture, était en exil à cause de ses multiples péchés. Dommage qu’ils aient oublié ce qu'ils devaient à Dieu pour avoir délivré leurs ancêtres de l'esclavage et les avoir fait passer à travers la mer Rouge !
Paul a reconnu trop tard « ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur ». Il ne pourrait jamais réparer le mal qu'il avait fait en persécutant l'Église.
Beaucoup de chrétiens en 1846 avaient oublié l'histoire de leur salut. Le Fils de Dieu, par amour pour le monde, s'était livré à la mort. Maintenant il en existait certains qui invoquaient son nom seulement en blasphémant lorsqu'ils voyaient les pommes de terre pourries et l’approche du fléau de la famine.
D’où la nécessité d’une Belle Dame pour les ramener à une vie de foi. Oui, ses paroles contenaient des reproches, mais elle n'est pas venue pour condamner son peuple. Il y avait une alternative à la punition.
Paul aurait à souffrir beaucoup pour le Christ. Ce n'était pas une punition. Il remplit son destin en « communiant aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort ».
Isaïe rassura son peuple en lui disant qu’il verrait une chose plus grande que la traversée de la mer Rouge, et cela plus tôt qu'il ne pensait. « Elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? »
Encore plus remarquable est le cas de la femme dans l'Évangile. Non seulement l’issue est inattendue, elle était impossible ! Jésus dit, en effet, « J’accomplie une chose nouvelle, quelque chose du jamais vu, de révolutionnaire. Ne voyez-vous pas ? »
La Salette nous aide à voir cette grande merveille, non seulement comme elle s’applique à nous quand nous nous efforçons de vivre une vie réconciliée, mais quand nous l'adoptons comme méthodologie à appliquer au monde moderne.
Isaïe, Paul, Marie et surtout Jésus nous invitent à assumer un cœur de conversion. Ne tardons pas afin de pouvoir entendre ces douces paroles : « Moi non plus, je ne te condamne pas ».
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Resplendissants
(4e dimanche de Carême : Josué 5, 9-12 ; 2 Corinthiens 5, 17-21 ; Luc 15, 1-3, 11-32)
« Qui regarde vers lui resplendira ». Ces paroles du psaume d'aujourd'hui se réfèrent au Seigneur, mais nous pouvons les appliquer au fils prodigue. Après avoir regardé vers son père, il se trouva dans le plus beau vêtement, avec une bague au doigt et des sandales aux pieds.
Au milieu de cette saison pénitentielle du Carême, l'Église nous offre le dimanche du Laetare (réjouissez-vous). En plus des références spécifiques à la joie dans le psaume et l'évangile, les lectures abondent de raisons de célébrer.
Dans la première lecture, Dieu dit à son peuple : « Aujourd'hui, j'ai enlevé de vous le déshonneur de l'Égypte ». Ayant traversé le Jourdain ils célébreront la Pâque pour la première fois dans la terre promise. Enfin ils sont vraiment un peuple libre.
St Paul parle ardemment de la réconciliation, qui vient de Dieu, et que nous sommes invités à accepter. Dans nos rapports avec les autres, nous en avons fait l’expérience, quand l'offenseur et l'offensé peuvent se regarder et joyeusement reconnaître la nouvelle création de l'amour restauré.
Plus joyeuse encore est la réconciliation que nous offre la Belle Dame de La Salette. En confiant son message à Mélanie et Maximin et à nous, elle nous a fait ambassadeurs du Christ. Nous pouvons proclamer à tous que Dieu, « ne tenant pas compte des fautes », leur offre la possibilité de retourner humblement à lui et d'être en un bon rapport avec lui.
N'est-ce pas là le sens de l'histoire du fils prodigue ? « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers ».
Nous pourrions nous arrêter ici, et cette réflexion serait complète. Mais employons l'espace qui nous reste pour quelques pensées supplémentaires.
Réjouissons-nous que, à la Veillée pascale, des milliers deviendront une création nouvelle à travers les eaux du baptême et par l'onction de l'huile sainte de la confirmation et l'effusion des dons du Saint-Esprit.
Puissions-nous, comme le dit le père, « festoyer et nous réjouir » pour chaque âme sauvée, pour tout pécheur (nous y inclus) réconcilié avec Dieu, nous qui "étions morts et sommes revenus à la vie ; étions perdus et sommes retrouvés ».
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Un Dieu, un peuple
(3e dimanche de Carême : Exode 3, 1-15 ; 1 Corinthiens 10, 1-12 ; Luc 13, 1-9)
La parabole du figuier d'aujourd'hui se trouve seulement dans l'Evangile de Luc. Cependant on ne peut manquer de voir le parallèle à La Salette. Comme le vigneron cherchant à sauver l'arbre, la Belle Dame se présente comme priant sans cesse pour son peuple.
Dans la première lecture, Dieu dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer ». Marie a vu le péché de son peuple—en particulier des cris de plainte mêlés au nom de son Fils—mais aussi de sa souffrance. Elle est venue offrir un remède aux deux.
St Paul écrit de « nos pères » en route vers la terre promise. Il conclut : « La plupart n’ont pas su plaire à Dieu : leurs ossements, en effet, jonchèrent le désert. Ces événements devaient nous servir d’exemple, pour nous empêcher de désirer ce qui est mal comme l’ont fait ces gens-là. Cessez de récriminer comme l’ont fait certains d’entre eux ».
Alors peu des corinthiens croyants étaient d'origine juive, et il en est de même pour nous. Cependant, notre héritage chrétien inclut l'Ancien Testament, et en d'autres endroits, Paul dit explicitement que nous sommes descendants d'Abraham.
Nous sommes donc le seul peuple élu du seul vrai Dieu, dont le nom infiniment mystérieux est "JE SUIS". Quel cri entend-il de nous aujourd'hui ? Murmurons-nous, ou nous tournons-nous vers le Seigneur en prière ? Profitons-nous pleinement de la nourriture et de la boisson spirituelles qui nous ont été données ?
Les bonnes nouvelles circulent vite, dit-on. C'est peut-être vrai, mais les mauvaises nouvelles attirent plus d'attention. L'Évangile d’aujourd’hui mentionne deux événements tragiques. Jésus répond : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ».
Cette parole peut sembler insouciante, mais elle reflète plutôt l'urgence de la mission de Jésus. De même, à La Salette, Marie a commencé son discours avec les paroles, « Si mon peuple ne veut pas se soumettre ». Elle devait saisir l’attention de son peuple.
Les deux, cependant, laissent la porte ouverte à l’espoir. Tournons-nous donc vers le Seigneur avec la prière d'ouverture de la messe d'aujourd'hui : « Nous avons conscience de nos fautes ; patiemment, relève-nous avec amour ».
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Des chrétiens modèles ?
(2e dimanche de Carême : Genèse 15, 5-18 ; Philippiens 3, 17 – 4, 1 ; Luc 9, 28-36)
Qui parmi nous oserait se présenter comme modèle de foi et de vie chrétiennes ? C'est pourtant ce que fait Paul dans la seconde lecture. « Ensemble imitez-moi, et regardez bien ceux qui se conduisent selon l’exemple que nous vous donnons ».
Paul ne se vante pas mas déclare simplement son dévouement au Christ et à l'Église. Il était profondément conscient d'avoir été choisi, privilégié.
Abram, dans la première lecture, et Pierre, Jacques et Jean, dans l'Évangile, furent choisis pour recevoir des grâces spéciales. Abram reçut la promesse de Dieu et l'alliance ; les disciples ont vu et entendu des choses merveilleuses.
D'autres auraient pu se demander : pourquoi ceux-là et pas moi ? Mais Abram et les disciples pouvaient légitimement demander : pourquoi moi et pas un autre ? Les Écritures ne fournissent pas de réponse.
A La Salette, pourquoi Maximin, pourquoi Mélanie, et non d’autres personnes plus aptes pour la tâche ? Et dans notre monde salettin, pourquoi toi, pourquoi nous ?
Ceux qui expérimentent vraiment la présence de Dieu sont transfigurés, parfois soudainement, mais le plus souvent graduellement. Nous voyons cela dans la vie de plusieurs saints. Peut-être l'avez-vous vu chez des gens que vous connaissez. N'avez-vous jamais pensé en leur présence : « Il est bon que nous soyons ici » ?
Comment sont-ils arrivés à ce point ? Très probablement, leur transfiguration s’est entremêlée à leur conversion, lorsqu’ils ont répondu au commandement du ciel, dont en entend l’écho à La Salette : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Dieu fit sortir Abram pour lui montrer les étoiles. Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et gravit la montagne pour prier et révéler sa gloire avant d’accomplir son départ pour Jérusalem.
La Belle Dame, révélée dans la lumière, attire les gens d'abord à elle, mais finalement à Jésus. Elle veut transformer des pécheurs pitoyables en saints purifiés dans le sang de l'agneau.
Dans la situation d'Abram ou des trois disciples, quelles promesses pourrions-nous entendre, quelles merveilles verrions-nous ? Nous ne pouvons pas tous devenir des modèles à imiter, mais certains le pourraient peut-être. Pourquoi pas vous ?
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Un temps d’épreuve
(1er dimanche de Carême : Deutéronome 24, 4-10 ; Romains 10, 8-13 ; Luc 4, 1-13)
Nous voilà au Carême. Nos résolutions sont prises, peut-être d'assister à la messe tous les jours, ou de prier davantage. Nous nous sommes imposé certains sacrifices (jeûner de nos appareils électroniques, par exemple), peut-être en vue d’être plus présents aux autres. En vérité, nous nous soumettons à l'épreuve.
Par le fait même, nous nous exposons à la tentation. Nous pourrions commencer à nous demander si nous avons trop entrepris, ou être enclins à faire des exceptions, à relâcher notre discipline, ou à redéfinir la prière, le jeûne, l'aumône.
Le Carême et La Salette vont bien ensemble. Les deux nous appellent à la conversion et placent devant nos yeux le Christ crucifié—et n’oublions pas que la Belle Dame a spécifiquement mentionné le Carême dans son discours.
Dans les saintes Écritures, "tenter" et "éprouver" sont interchangeables. Ainsi, en tentant Jésus dans le désert, le diable le mettait à l'épreuve.
N’oubliez pas que les quarante jours de Jésus dans le désert se placent juste après son baptême. Il venait d'entendre la voix du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ». C'est pourquoi le diable introduit deux des tentations en disant, « Si tu es Fils de Dieu ». Il ne faut pas penser que Jésus n’était pas réellement tenté de le prouver.
De même, une expérience de conversion est typiquement suivie d'un temps d'épreuve. Plusieurs pèlerins de La Salette répondent à l'appel de Marie. Le défi pour eux vient quand ils descendent de la montagne pour retourner à leur vie quotidienne, surtout si ceux qui les entourent ne les encouragent pas.
Dans la première lecture un rite est décrit faisant penser aux quarante années que les Hébreux ont vécues, errant dans le désert après que Dieu les délivra de l'esclavage « à main forte et à bras étendu ». Ils avaient éprouvé le Seigneur maintes fois. Aujourd'hui, Dieu est toujours présent, attendant que nous croyions de tout notre cœur, que nous mettions notre foi et notre confiance en lui.
Chacun trouve sa propre façon d'observer le Carême, mais ce n'est pas chose purement personnelle. Nous aurons besoin de la prière, des sacrifices et du soutien des autres si nous voulons vraiment cheminer avec le Christ en cœur et en esprit. Encourageons-nous les uns les autres à prier davantage, à jeûner de même, à donner plus généreusement, tout en osant prier : « Ne nous soumets pas à la tentation ».
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Qu’as-tu dans ton cœur ?
(8e dimanche ordinaire : Ben Sira 27, 4-7 ; 1 Corinthiens 15, 54-58 ; Luc 6, 39-45)
Il y a une annonce pour une carte de crédit qui se termine ainsi : Qu’as-tu dans ton portefeuille ? Ben Sira, dans la première lecture, et Jésus dans l'Évangile, tous deux en effet, demandent : Qu’as-tu dans ton cœur ? Et ils cherchent la réponse dans notre façon de parler.
Ben Sira compare la parole au tamisage du grain, révélant l’abondance ou la pauvreté de ce qui se trouve dans notre esprit et notre cœur. À La Salette, Marie utilise une image encore plus forte. « Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront, et ce qui viendra tombera en poussière quand on le battra ».
C’est, tout d'abord, un avertissement de la famine qui viendra ; c'est aussi un symbole juste de la condition de la foi de son peuple : elle tombe en poussière, niellée par l'indifférence. C'est une grande tragédie.
L'Évangile, lui aussi, nous rappelle nos défaillances. Jésus dit : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » Il peut être facile de critiquer les autres, comme si notre propre comportement et nos opinions étaient normatifs pour tous les autres. Telle attitude, comme peut-être bien d'autres, ne sont pas facilement vaincues.
Mais tout n'est pas perdu. Sinon, la Belle Dame ne serait jamais venue.
St Paul, à la fin du chapitre prolongé sur la résurrection, s'écrie : « Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? ... Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue ».
Oui, il faut travailler, nous efforcer de vivre notre foi avec intégrité. La victoire, cependant, ne dépend pas de nous-mêmes. Elle est au-delà de nos forces, mais non impossible à atteindre. À La Salette, Marie nous rappelle les moyens mis à notre disposition dans l'Église et dans notre vie personnelle, pour participer au triomphe du Christ sur le péché et sur la mort.
L'espoir de la victoire n’est pas seulement un désir. Il se base sur des promesses comme celle du psaume d'aujourd'hui : « Planté dans les parvis du Seigneur, il grandira dans la maison de notre Dieu ». Ça, l’as-tu dans ton cœur ?
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Quel défi !
(7e dimanche ordinaire : 1 Samuel 26, 2-23 ; 1 Corinthiens 15, 45-49 ; Luc 6, 27-38)
À La Salette, Marie nous a rappelé notre obligation d'honorer le Nom du Seigneur et le Jour du Seigneur (messe et repos), de respecter la discipline du Carême, et de prier. Tout cela est inclus dans son appel à la soumission.
Il y a là amplement matière à un examen de conscience. Mais l'Évangile d'aujourd'hui nous aide à comprendre que ce que la Belle Dame demande n'est qu'un début.
Jésus exprime clairement qu'il attend de ses disciples plus que l'observation de la loi. Les commandements sont la fondation, pas le tout de l’édifice. Certains de ses auditeurs auraient pu penser qu'il allait trop loin en exigeant une attitude de paix, de soumission, envers leurs ennemis. À notre époque aussi, ce n'est pas facile d'accepter de telles demandes.
Notre foi nous rend-elle de meilleures personnes ? Dans la première lecture nous trouvons un modèle excellent dans la personne de David. Sa foi dans le Dieu d'Israël n'a jamais vacillé. Ainsi, quand l'occasion se présenta de détruire son ennemi mortel, le roi Saül, il lui montra de la pitié, plutôt que de lever la main contre celui qui a reçu l’onction du Seigneur.
C'est ce qui manque à notre monde aujourd'hui. C'est ce qu’il fallait toujours, et ce qu’il lui faudra toujours. Il n'a jamais existé, ni y aura-t-il un excès de charité, de cet amour que Dieu verse dans nos cœurs. Cet amour ne sera jamais parfait ou complet, car, comme nous le dit st Paul dans la seconde lecture, nous portons l'image terrestre de l'homme d’argile, Adam.
Il ne faut cependant pas nous décourager. Dieu garde toujours le pouvoir de pardonner. Nous pouvons, au moyen de la grâce de Dieu, porter l'image de l'homme spirituel, Jésus-Christ.
En même temps, il ne faut pas nous devenir complaisants, comme si nos pensées, nos paroles et nos actes n’importaient pas à Dieu. Le Seigneur connaît nos pensées, nos paroles et nos actions, mais il connaît aussi nos cœurs. Par exemple, lorsque nous obéissons à la commande de Jésus, « Donne à quiconque te demande », notre intention est-elle pure ?
Oh, quel défi d'être fidèles, et remplis de foi ! De tout notre cœur, prions les mots de la prière d'ouverture d'aujourd'hui : « Accorde-nous d'accomplir, en paroles et en actes, ce qui te plaît ».
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.