Tous Prophètes
(26e dimanche ordinaire : Nombres 11, 25-29 ; Jacques 5, 1-6 ; Marc 9, 38-48)
Dans le rite du baptême, nous recevons l'onction du chrême, une huile parfumée qui symbolise notre unité avec le Christ qui a reçu l'onction comme Prêtre, Prophète et Roi.
Le sacerdoce des fidèles signifie que nous sommes dignes d'offrir un culte véritable. Mais comment sommes-nous des prophètes ? Peux-tu te voir comme un prophète aujourd'hui ? Es-tu prêt, comme Isaïe, ou vas-tu éviter la tâche, comme Jonas ?
Dans la première lecture, on nous dit : « Le Seigneur prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les dix-sept anciens. Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser ». Qu'ont-ils fait exactement ? Nous ne le savons pas ; mais quoi que ce soit, la source venait du même esprit que Dieu avait donné à Moïse.
S'ils parlaient, c'était sans doute un message pour le bien des autres, proclamant la volonté de Dieu ou ses merveilles. Marie, pleine de grâce dès sa conception, était présente avec les Apôtres à la Pentecôte. Qui aurait pu être plus disposé qu'elle à la présence de l'Esprit ?
Elle a été poussée par l'Esprit — peut-on en douter ? — à venir à la Salette pour y remplir un rôle prophétique. Elle transmit une part de son esprit à deux enfants peu doués pour la mission qu'elle leur a confiée, afin qu'ils puissent faire passer son message, dur mais encourageant, de réconciliation et de conversion, et que tout son peuple puisse se retourner vers le Christ crucifié.
Dans l'Évangile, Jésus ne revendique pas un brevet exclusif sur ses pouvoirs. Son attitude, « Celui qui n'est pas contre nous est pour nous », ressemble à celle de Moïse dans la première lecture : Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »
Le psalmiste prie : « Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil : qu’il n’ait sur moi aucune emprise ». Lors du baptême, nous avons renoncé à Satan et à toutes ses œuvres. Mais, pour un prophète, il ne suffit pas d'être sans faute. Nous devons vivre le message que nous proclamons. Nous devons être fidèles à la part d'esprit qui nous est donnée.
En tant que salettins, nous avons reçu l'esprit de la Belle Dame. Nous prophétisons de maintes manières variées. Osons-nous suggérer que la rédaction de ces humbles réflexions hebdomadaires pourrait être une façon de participer à cette mission ?
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Là où coulent les grâces
(Fête de la Salette : Genèse 9, 8-17 ; 2 Corinthiens 5, 17-20 ; Jean 19, 25-27)
Chers sœurs et frères salettins, vous lisez ces lignes le 19 septembre 2021 environ, date du 175e anniversaire de l'apparition de Notre-Dame de la Salette. Malheureusement, l'espace ne nous permet pas de dire tout ce que nous avons sur le cœur, mais nous vous souhaitons une part abondante des grâces qui coulent de la Sainte Montagne.
Ces grâces trouvent leur source au Mont Calvaire, scène de l'Évangile. Là, Marie a sûrement pleuré à cause de l'esprit malicieux et vengeur des ennemis de Jésus, alors qu'à La Salette, ses larmes étaient causées par le manque de respect du Nom de son Fils et la moquerie du Sacrement de la part de son peuple. Lequel était le pire ?
Seulement un des disciples de Jésus se tenait près de la croix avec elle. Les autres avaient fui par peur ou, peut-être, par déception. Quelles ambitions ont été anéanties ce jour-là ? Et pourtant, c'est lui qui leur avait dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » (Marc 9, 35). La Sainte Vierge, qui, à l'aube de notre salut, s'était nommée la servante du Seigneur, parlait maintenant des peines qu'elle prenait pour nous.
Dans la deuxième lecture, saint Paul écrit : « Nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Il n'y a pas d'autre Écriture qui fasse écho de manière plus forte à La Salette. Marie parle de certains péchés commis par son peuple, mais ce ne sont que des exemples. C'est la mauvaise inclination du cœur humain qui avait poussé Dieu à détruire tous les êtres vivants, pour ensuite prendre pitié et conclure une alliance de paix avec eux, dans la première lecture.
Chacun d'entre nous, à un moment ou à un autre, doit lutter contre l'orgueil, la colère, la cupidité et le reste des péchés capitaux. Ceux qui sont responsables des enfants s'efforcent de les former, pendant qu'ils sont encore innocents, aux vertus d'humilité, de patience, de générosité, etc. ; mais nous savons aussi combien il est important et difficile d'enseigner par l'exemple.
La réconciliation a un point de départ dans notre vie, mais elle ne finit pas là. Nous devons souvent la renouveler, en priant bien et au moyen des sacrements. Nous ne devons jamais nous décourager, car il y a une Belle Dame qui unit ses larmes au sang de son Fils qui coule du Calvaire, apportant les grâces de l'espoir et de la miséricorde malgré notre tendance au péché.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Repensez-y
(24e dimanche ordinaire : Isaïe 50, 5-9 ; Jacques 2, 14-18 ; Marc 8, 27-35)
Si vous avez déjà vu les lectures d'aujourd'hui, voici une question pour vous. Combien de parties du corps pouvez-vous nommer qui sont mentionnées dans la première lecture et le psaume ? Nous allons y revenir.
Dans l'Évangile, après avoir entendu les rumeurs qui circulent à son sujet, Jésus demande à ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? » Pierre répond pour les autres : « Tu es le Christ », c'est-à-dire l'Oint, le Messie. Voilà un moment clé de leur vie. Jésus doit maintenant les préparer à ce qui va venir. Il est à la veille de commencer son dernier voyage vers Jérusalem, et il leur dit de repenser leurs idées messianiques.
Pierre est scandalisé ! Sa réaction, aussi malavisée qu'elle soit, se comprend. Des mots comme « souffrir... être rejeté... être tué » ne semblent pas avoir de place avec le mot "Messie". Jésus aurait pu ajouter : « Je présenterai mon dos à ceux qui me frappent, et mes joues à ceux qui m’arrachent la barbe. Je ne cacherai pas ma face devant les outrages et les crachats », pour reprendre les termes d'Isaïe.
À la Salette, Marie, à travers ses larmes, donne sa propre réponse à la question de Jésus. Il est son Fils, le Christ, l'Oint, le Messie. Mais son grand crucifix, avec marteau et pinces, le montre dépouillé de sa majesté et de sa puissance, battu et blessé, l'image même de l'amour rédempteur.
Le texte d'Isaïe d'aujourd'hui nous invite à réviser notre conception de la souffrance et de l'humiliation. Peu importe ce que nous envisageons d'affronter en tant que chrétiens, nous pouvons nous aussi dire : « Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages ».
Revenons à la question posée au début de cette réflexion, la réponse est six : oreille, dos, joues, visage, yeux et pieds. Dans la Bible, les parties du corps sont souvent une façon poétique de dire Moi, par exemple : « mes yeux ont vu ».
Saint Jacques invite ses lecteurs à regarder à nouveau la signification de la foi. Elle est interne et externe. « C’est par mes œuvres que je te montrerai la foi », écrit-il. Un poème attribué à sainte Thérèse d'Avila le dit de la façon suivante : « Le Christ n’a pas d’autre corps sur terre que le tien... Les mains sont à toi, les pieds sont à toi, les yeux sont à toi, tu es son corps ». Servons-nous en avec une foi courageuse, afin que, par nos œuvres, d'autres puissent apprendre à connaître le Christ et à se réjouir de sa miséricorde infinie.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Ouvre-toi !
(23e dimanche ordinaire : Isaïe 35, 4-7 ; Jacques 2, 1-5 ; Marc 7, 31-37)
Les textes que l'Église nous propose aujourd'hui peuvent sembler, à première vue, un peu moins difficiles ou stimulants que d'ordinaire. D'autre part, les liens salettins avec ces lectures sont abondants et riches.
Chez Isaïe : « Dites aux gens qui s’affolent : Soyez forts, ne craignez pas... L’eau jaillira dans le désert, des torrents dans le pays aride ». Nous entendons les premières paroles de la Belle Dame à Mélanie et Maximin. Nous voyons la fontaine miraculeuse.
Dans le psaume : « Aux affamés, il donne le pain... il égare les pas du méchant ». Nous rappelons la promesse de Marie : l'abondance si son peuple prend ses paroles à cœur... et sa crainte de calamités futures s'il n'y fait pas cas.
Chez Jacques : « N’ayez aucune partialité envers les personnes... Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? » La famille de Maximin n'était certainement pas riche, et celle de Mélanie extrêmement pauvre.
Dans l'Évangile, l'ouverture des oreilles du sourd peut être comparée à la façon dont Marie parle aux enfants dans leur patois lorsqu'elle voit qu'ils ne comprennent pas le français ; et la déliaison de la langue de l'homme peut être vue dans les réponses surprenantes de ces enfants sans éducation lors des interrogatoires.
En effet, « Effata ! Ouvre-toi ! » est au centre du message de la Salette. La Vierge est venue ouvrir les yeux des gens à la réalité du péché et de la souffrance, leurs oreilles à la Parole de Dieu, ainsi que leur esprit et leur imagination à de nouvelles possibilités.
Avant tout, elle voulait ouvrir leur cœur à l'amour de Dieu manifesté dans le Christ crucifié et dans l'Eucharistie. Cela s’exprime dans la première ligne du psaume responsorial : « Le Seigneur garde à jamais sa fidélité. »
La Salette est une invitation à garder la fidélité au Seigneur qui « vient lui-même et va vous sauver ». Nous répondons par la prière et le respect. Il est évident que nous devrons aussi garder la fidélité aux autres, que ce soit par la réconciliation quand il le faut, ou par notre effort de subvenir aux besoins physiques ou spirituels des autres.
Le message de Marie qui nous invite à garder la fidélité est sans limites et s'applique à tous les âges, à tous les groupes, bref, à tout son peuple.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Ainsi vous vivrez
(22e dimanche ordinaire : Deutéronome 4, 1-8 ; Jacques 1, 17-27 ; Marc 7, 1-23)
Quand vous a-t-on dit : « Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme vous catholiques ! Quel autre peuple a des décrets et des ordonnances aussi justes que les vôtres ? » Probablement jamais !
Dans la première lecture, cependant, Moïse prévoit que les autres nations seront impressionnées par les lois et les statuts que Dieu a donnés à son peuple. Il les exhorte : « écoutez les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez ». En d'autres termes, loin d'être un fardeau, la Loi est un don merveilleux. Elle leur permettra, dans les paroles du psaume d'aujourd'hui, de se conduire parfaitement, et agir avec justice.
Pourquoi, alors, dans l'Évangile de ce jour, Jésus critique-t-il si sévèrement les Pharisiens et les scribes respectueux de la loi ? Parce qu'ils représentaient l'accomplissement de la prophétie : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi » (Isaïe 29, 13).
Parmi ceux que Marie nommait « mon peuple » à la Salette, plusieurs ne répondaient même pas du bout des lèvres aux demandes de leur foi. Elle leur a dit en larmes combien elle devait plaider en leur faveur auprès de son Fils. Elle les suppliait d'observer la Loi, non par esprit de légalisme, mais pour leur propre bien. Elle ne voulait pas que Jésus les abandonne à la famine et à la mort. Elle est venue pour qu'ils puissent vivre.
En général, les gens consentent à obéir aux lois de leur pays. Cependant, quand il s'agit de la morale et du dogme chrétiens, il est malheureusement facile de « laisser de côté le commandement de Dieu, pour s’attacher à la tradition des hommes ». Nous oublions l'injonction : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne (comme les pharisiens), et vous n’y enlèverez rien (comme nous sommes enclins à le faire) ».
Les Israélites n'ont pas parfaitement observé la loi. Nous non plus. Nous manquons souvent au plan que Dieu a établi pour nous. En comptant sur sa miséricorde, nous essayons de nouveau. C'est un détail essentiel du message de réconciliation, nous devons retourner à l'esprit et à la pratique de notre foi catholique.
Saint Jacques écrit : « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter ». La douceur est essentielle à notre respect de la volonté de Dieu.
Dieu sait ce qui donne la vie. La Belle Dame le sait aussi bien.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Comment servir le Seigneur, et pourquoi
(21e dimanche ordinaire : Josué 24, 1-18 ; Éphésiens 5, 21-32 ; Jean 6, 60-69)
Attention ! Les lectures de cette semaine vont tous nous interpeller de différentes façons.
La dernière fois que nous avons vu ces lectures (il y a trois ans), le titre de la réflexion fut : Qui voulons-nous servir ?Tout nous dirigeait vers la réponse évidente : nous servons le Seigneur. Pour nous, la décision est prise ! Comme Josué, nous décidons de servir le Seigneur. Bon ! Et ensuite ? Il faut déterminer comment.
En effet, que signifie servir le Seigneur ? Que pouvons-nous faire ? Notre-Dame de La Salette en donne une liste partielle : la prière quotidienne, l'Eucharistie hebdomadaire, la discipline du Carême chaque année, le respect du nom du Seigneur.
La liste complète nous vient de la Bible et des enseignements de l'Église, où nous voyons l'importance d'aimer le prochain, au moyen des œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles.
Donc, on est appelé à la prière, à l'amour, à la miséricorde. Mais le comment du service ne finit pas là. Tous ces éléments présupposent deux attitudes fondamentales : la soumission et la conversion, qui sont toujours difficiles pour nous.
Josué a donné des options au peuple. Il leur dit : « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ». C'était leur moment de vérité. Ils répondirent correctement : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu ». Cela suffisait-il ?
Le véritable comment du service du Seigneur peut se résumer ainsi : si je veux fidèlement, vraiment et honnêtement servir le Seigneur, je devrai me soumettre à lui complètement, sans condition. Puis-je en être certain ?
La réponse à cette question nous amène au pourquoi. Simon-Pierre parlait pour les Apôtres et, nous l'espérons, pour nous, quand il dit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu ».
Quelle puissante déclaration de foi ! Est-ce la nôtre aussi ? Croyons-nous vraiment que notre vie est vide sans le Christ ? Sommes-nous prêts à accepter sa volonté, et même à nous soumettre les uns aux autres, par respect pour lui ?
Les obstacles sont nombreux, mais espérons quand même pouvoir nous écrier avec le psalmiste : « Je me glorifierai dans le Seigneur ! »
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
L’Arche de l’Alliance
(Assomption—Lectures tirées de la messe de la veille au soir : Chroniques 15, 3-4,15-16 à 16, 1-2 ; 1 Corinthiens 15, 54-57 ; Luc 11, 27-28)
C'était une journée de grande fête à Jérusalem ! L'Arche de l'Alliance était rapatriée, comme nous le raconte la première lecture, « jusqu’à l’emplacement préparé pour elle ». Aujourd'hui, nous célébrons Marie, l'Arche de la Nouvelle Alliance, au moment où elle monte à la place que le Père lui a préparée au ciel.
De même que l'Arche construite par Moïse était le signe principal de la présence de Dieu parmi son peuple, ainsi le sein de la Vierge a amené le Fils de Dieu parmi nous. Dans l'Évangile d'aujourd'hui, une femme dans la foule cria à Jésus en disant : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle ». Elle fut peut-être la première à réaliser la prophétie que la Vierge elle-même prononça dans son Magnificat : « Tous les âges me diront bienheureuse ».
C'est parce que Marie a été assumée au ciel que nous avons son apparition à la Salette (entre autres). Son éclat, en tant que Reine du Ciel, c'est la lumière du Christ qui rayonne d'elle. Tout dans l'apparition nous dirige vers le Christ. Ici aussi, elle sert d'Arche, amenant encore une fois son Fils à son peuple.
La Belle Dame fait écho à la réponse de Jésus à la femme de l'Évangile : « Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! », avec ses propres paroles, « S'ils se convertissent ». Elle promet toutes sortes de grâces, et une abondance de miséricorde.
L'Assomption reflète les paroles de Saint Paul dans la deuxième lecture, « La mort a été engloutie dans la victoire ». La Salette montre le lien tragique entre le péché et la mort, mais fournit en même temps le moyen de triompher des deux. Comment participons-nous à cette victoire ? Un bon point de départ est l'observation des commandements conservés sur des tablettes de pierre et gardées dans l'Arche d'Alliance d'origine.
Si vous êtes allé à La Salette et avez participé, la nuit, à la procession aux flambeaux, vous avez probablement fait l'expérience de l'enthousiasme particulier qui accompagne le chant de l'Angélus de la Salette et la fin de la cérémonie. C'est comme le mot d'ordre de David aux « chantres, avec leurs instruments, pour les faire retentir avec force en signe de joie ».
Que notre amour pour Notre Dame de la Salette soit toujours une source de joie dans nos cœurs.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Vivre dans le Christ, ensemble
(19e dimanche ordinaire : 1 Rois 19, 4-8 ; Éphésiens 4, 30-5, 2 ; Jean 6, 41-51)
Elie fut un prophète puissant et efficace. Cela semble donc étrange de l'entendre, dans la première lecture, demander la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! »
Peu d'entre nous demandent la mort, mais il y a des occasions où nous prions, « Assez, Seigneur ! » Il peut nous sembler parfois que l'époque dans laquelle nous vivons est plus dure que pour les générations précédentes ; voici les maux dont nous sommes témoins : amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, toute espèce de méchanceté
La liste ci-dessus vous semble-t-elle familière ? Elle devrait, car elle est tirée de la deuxième lecture d'aujourd'hui, écrite il y a plus de 1 950 ans. Il a toujours existé des attitudes et des comportements qui empêchent les chrétiens de vivre une relation d'amour et de foi avec Dieu.
C'est déjà assez mal quand cette négativité est dirigée contre les autres, que nous considérons comme des ennemis. Nous le voyons dans les murmures de ceux qui se sont offensés de la prétention de Jésus à être descendu du ciel.
Mais c'est encore pire quand l'amertume est dirigée contre Dieu. A la Salette, Marie a parlé de l'abus du nom de son Fils et d'un rejet général de la pratique de la foi. Même Maximin et Mélanie ont dû admettre qu'ils ne priaient guère.
La prière est la solution. Dieu a entendu la prière d'Elie, non pas en lui ôtant la vie, mais en lui donnant la force. Si la prière privée est efficace, celle de la communauté chrétienne l'est encore plus. Dans le psaume d'aujourd'hui, nous entendons : « Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom ».
Lorsque nous participons ensemble à l'Eucharistie, et que nous « goûtons et voyons comme est bon le Seigneur », non seulement nous échappons, au moins pour un temps, à l'amertume et à la malice du monde qui nous entoure, mais nous cherchons la réparation de ces mêmes défauts en nous. Alors, comme Elie "fortifié par cette nourriture", nous pouvons espérer porter dans notre vie quotidienne une attitude communautaire.
De cette manière, le message salettin de conversion et de réconciliation devient l'expression des paroles de saint Paul : « Cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, s’offrant en sacrifice à Dieu ».
Un ange a réveillé Élie et lui a fourni de la nourriture. La Belle Dame réveille son peuple et le dirige vers le Pain de la Vie, la chair de son Fils, « donnée pour la vie du monde », sans laquelle nous ne pouvons vraiment pas vivre.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Signes et merveilles
(18e dimanche ordinaire : Exode 16, 2-15 ; Éphésiens 4, 17-24 ; Jean 6, 24-35)
Dans le cycle triennal du Lectionnaire dominical, nous sommes actuellement en l'Année B, qui souligne l'Évangile de Marc les dimanches du Temps ordinaire. Mais il y a toujours une pause de quatre semaines, où l'Église présente le « discours du pain de vie » tiré du chapitre 6 de l'Évangile de Jean.
Aujourd'hui, nous en avons le début, un échange étrange entre Jésus et le peuple que Jésus avait nourri lors de la multiplication des pains et des poissons. « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » — « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ».
Ils avaient vu ce qu'il avait fait, évidemment, et ils continuaient à le chercher parce qu'ils en voulaient davantage—encore plus de la même chose. Mais ils n'avaient pas perçu le signe, ils n'avaient pas compris la signification de l'événement.
Dans la première lecture, les Israélites, dans le désert, désiraient les marmites de viande de l'Égypte, oubliant les signes et les merveilles par lesquels ils avaient été sauvés de l'esclavage, et murmurant non pas tellement contre Moïse et Aaron mais plutôt contre le Seigneur leur Dieu.
À la Salette, la Vierge décrit une conduite semblable. Par deux fois, elle mentionne comment on jure et on jette le nom de son Fils au milieu.
Il semble qu'il y ait eu une nostalgie du passé parmi les chrétiens d'Éphèse. st Paul écrit : « Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien ». Tout au moins, ils devaient apprendre qu'une relation réelle avec le Seigneur n'était pas compatible avec les coutumes des gentils, un message dont on retrouve l'écho à La Salette.
La Salette, c'est aussi des signes et des merveilles : la lumière, les larmes, les roses, les chaînes et le crucifix, le simple costume de paysanne ; et n'oublions pas la source jadis saisonnière qui depuis septembre 1846 n'a jamais cessé de couler. Aussi, dans son discours, Marie fait une promesse merveilleuse, biblique dans son extravagance, de récoltes abondantes pour ceux qui retourneront à Dieu.
Que faut-il pour que nous ayons une relation vraiment personnelle avec le Seigneur, non basée seulement sur l'obéissance ou sur nos besoins ? Comment pouvons-nous devenir des tabernacles dignes de la grâce de Dieu ? Commençons par reconnaître les signes de sa présence et les merveilles de son amour, tels que nous les montre la Belle Dame.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.
Jésus et les besoins humains
(17e dimanche ordinaire : Jérémie 23, 1-6 ; Éphésiens 2, 13-18 ; Marc 6, 30-34)
Parmi les nombreuses formes de souffrance humaine se trouve celle qui est mentionnée dans l'Évangile de ce jour : l'insécurité alimentaire. Dans ce récit, le manque de nourriture n'était pas de longue durée. Jésus a répondu à un besoin immédiat en une occasion précise.
Mais, comme Jésus, nous pouvons aussi demander comment il serait possible de pourvoir aux besoins de tant de gens. Certains d'entre nous, comme Philippe et André, diraient que c'est impossible. Mais, nous dit l'évangéliste, Jésus « savait bien, lui, ce qu’il allait faire ».
Certains de nos lecteurs ont expérimenté l'insécurité alimentaire, peut-être combinée à l'anxiété liée au logement, au travail, etc. Beaucoup ne l'ont pas connue. Dans quelle circonstance voyons-nous la grâce de Dieu plus active ?
À la Salette, Marie a remarqué que les gens travaillaient le dimanche tout l'été. Mais, avec les pommes de terre, le blé, les raisins et même les noix qui étaient tous en danger de faillir, les cultivateurs, au désespoir, tâchaient de sauver le peu qu'ils pouvaient. Il est difficile de s'occuper d'affaires spirituelles quand les besoins matériels exigent toute notre attention.
D'autre part, si toute notre attention se porte sur ce que nous possédons et que nous sommes incapables de répondre aux besoins des autres, il est tout aussi difficile de vivre dans l'Esprit, de progresser, de travailler et d'apprendre en communauté. La compassion et l'empathie sont des dons. Les désirons-nous ?
Jésus a nourri la foule affamée parce qu'il a vu leur besoin, et il a vu leur besoin parce qu'il voulait le voir. Marie était consciente de l'insécurité alimentaire de son peuple, et elle a offert de l'espoir, « s'ils se convertissent ». La conversion, elle aussi, est un don. La désirons-nous ?
Saint Paul écrit : « Je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation ». Il pense surtout à l'unité : « un seul Corps et un seul Esprit ». Comment cela est-il possible si certains membres souffrent de la famine et que d'autres membres refusent de leur venir en aide ?
Osons-nous prier pour obtenir les dons de conversion et de compassion dans nos vies, demander au Seigneur de nous rendre semblables à lui, prêts à reconnaître les besoins qui nous entourent ?
Au début de l'Évangile, nous lisons que Jésus "vit qu'une grande foule venait à lui." Avec peu de choses, il a satisfait le besoin de la multitude. Lorsque les chrétiens aident les autres, leur intention est de les diriger vers le Christ. Il en fut aussi pour Marie à la Salette.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.