La joie et la fierté des missionnaires

(14e dimanche ordinaire : Isaïe 66, 10-14 ; Galates 6, 14-18 ; Luc 10, 1-12, 17-20)

[NOTE : Cette réflexion est chaleureusement dédiée à la mémoire de Mgr Donald Pelletier, M.S., âgé de 90 ans, missionnaire toute sa vie au Madagascar. Il est mort le 4 juin 2022, heurté par une voiture, alors même que cette réflexion se préparait].

Dans l'évangile d’aujourd’hui, Jésus désigne soixante-douze disciples pour le précéder en toute ville et localité qu'il avait l'intention de visiter. Il leur fournit des instructions spécifiques et assez difficiles à propos de leur mission : comment, quoi, où, etc. Ayant déjà demeuré un temps significatif en sa compagnie, ils étaient prêts, et partirent.

Leur mission réussit, comme nous le lisons : « Les soixante-douze s'en retournèrent tout joyeux, et dirent : ‘Seigneur, même les démons nous sont soumis à cause de ton nom’ ». Les Missionnaires, les Sœurs et les Laïcs salettins ne sont pas étrangers à cette expérience. Soit dans des pays inconnus et en des langues nouvelles, ou dans notre monde familier, nous connaissons la joie de porter un message de paix et de promesse, quand il est bien accueilli.

Mais Jésus a prévu aussi la possibilité d'un échec et dit aux disciples comment faire dans ce cas. Saint Paul donne un autre conseil dans la seconde lecture : « Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté ».

Dans ce cas nous devons nous rappeler, encore une fois, que toute la lumière glorieuse de l'apparition de Notre-Dame de La Salette émanait du crucifix qui reposait sur son cœur. Lorsque nous rencontrons l'échec ou le rejet dans notre mission de réconciliation, nous pouvons nous imaginer baignés de cette même lumière.

Mais passons. Le thème dominant de la liturgie d'aujourd'hui est la joie. La première lecture nous donne le ton. Dans une vision Isaïe entrevoit le retour des exilés à Jérusalem, et les compare à un bébé qui se nourrit avec exubérance au sein de sa mère — une image du parfait bonheur !

Le psalmiste reprend le thème : « Acclamez Dieu, toute la terre », et puis le répète de plusieurs façons.

Evidemment, nous sommes heureux lorsque notre effort missionnaire porte du fruit. Mais n'oublions pas les paroles de Jésus : « Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ». Autre encouragement pour nous, si nous en avons besoin : nos noms sont inscrits dans le cœur de la Belle Dame.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Quel joug ?

(13e dimanche ordinaire : 1 Rois 19, 16-21 ; Galates 5, 1, 13-18 ; Luc 9, 51-62)

Quiconque a vu l'agriculture traditionnelle sait ce qu'est un joug : une structure en bois placée sur le cou des animaux, pour labourer ou tirer des charges lourdes. Souvent, deux animaux sont attelés ensemble, partageant le fardeau. Cela fait partie de la première lecture.

Saint Paul, cependant, emploie le terme au sens figuré. « C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage ». Il continue en disant que si nous abusons de notre liberté, nous ne sommes pas libres.

Cela nous fait-il penser, peut-être, à une parole de Jésus ? Elle n’est pas dans l'Évangile d'aujourd'hui, mais dans Matthieu 11, 30 : « Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger ». Cela s’entend d’ordinaire comme un joug que Jésus place sur nos épaules. Mais une autre interprétation possible pourrait se référer au joug et au fardeau qu’il nous invite à porter avec lui.

Dans les deux cas, une juste soumission est requise, la volonté de connaître sa volonté et le désir de l'accomplir. Cela signifie, en quelque sorte, échanger un joug contre un autre. À La Salette, Marie offre un choix : se soumettre humblement aux exigences de la foi, ou se soumettre de mauvais gré aux souffrances sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle.

Dans l'Évangile d’aujourd’hui, trois personnes différentes décident de suivre le Christ. Dans le troisième cas, Jésus utilise une image agricole, semblable à celle de la première lecture : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu ».

St Paul parle d’une autre dimension encore de la conversion : « Toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Cela se rapproche de ce qu'il écrit dans le chapitre qui suit : « Portez les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ ».

C’est difficile pour nous de changer, et nous portons souvent le fardeau du péché. L'Église nous offre le sacrement de la réconciliation pour décharger ce fardeau, et nous remettre dans la liberté du Christ. La Belle Dame n'a pas parlé de cela, mais elle visait le même résultat.

Il y a une autre image forte dans la première lecture que nous ne voulons pas manquer, celle du manteau d'Elie, qui symbolise la transmission du rôle prophétique. Marie n'a-t-elle pas étendu son manteau sur nous ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La Salette, une bénédiction

(Fête-Dieu : Genèse 14, 18-20 ; 1 Corinthiens 11, 23-36 ; Luc 9, 11-17)

« Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons ». Ces paroles sont récitées par le prêtre à l'offertoire de chaque messe.

Cette prière est tellement ancienne (comme il se voit aussi dans la pratique juive) que l'on pourrait penser que Jésus, dans l'Évangile, quand il « prononça la bénédiction » sur les pains et les poissons, et sur le pain et le vin à la dernière Cène, a employé des paroles presque identiques à celles-ci.

Melkisédek, dans la première lecture, prie de façon semblable : « Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a fait le ciel et la terre », puis il ajoute : « et béni soit le Dieu très-haut ». Qui est celui qui bénit, que reçoit la bénédiction ? Nous comprenons comment Dieu nous bénit, mais comment pouvons-nous bénir Dieu ?

Le verbe hébreu « bénir » est lié au substantif hébreu, « le genou ». Quand nous bénissons Dieu, nous fléchissons le genou devant lui, un geste d'adoration. Mais dans ce cas, comment Dieu peut-il nous bénir, puisqu'il ne peut certainement pas nous adorer ?

Quand il nous bénit, Dieu « fléchit le genou » pour se mettre à notre hauteur dans notre besoin, un peu comme on pourrait s’agenouiller à côté d'une personne qui est tombée.

Dans notre solennité d'aujourd'hui, nous rendons grâces pour l'Eucharistie—la parole même signifie action de grâces—et pour la prêtrise qui permet à l'Église de pouvoir actualiser le commandement de Jésus : « Faites ceci en mémoire de moi ».

La plupart d'entre nous peut assister à la messe tous les jours, si nous le voulons. Mais dans plusieurs endroits du monde, les fidèles ne peuvent pas recevoir la sainte communion tous les jours, ni même chaque semaine, mais seulement lorsqu'un prêtre fait ses rondes. Alors ils accourent à la messe venant parfois de plusieurs kilomètres. (Priez, s’il vous plait, pour les vocations sacerdotales).

Ceux que Notre-Dame de La Salette a nommé « mon peuple » étaient tombés si bas qu'ils ne reconnaissaient pas la valeur de l'Eucharistie, alors même qu’ils pouvaient facilement se rendre à l'église locale. Donc Marie, ayant souvent fléchi le genou devant son Fils pour nous, descendit jusqu'à nous dans l'espoir de relever son peuple à vivre une vie digne du nom de chrétien.

Par l’entremise de la Belle Dame, Dieu nous a bénis. Nous avons plusieurs moyens par lesquels nous pouvons, de notre part, le bénir en retour.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Foi, Paix, Grâce, Espérance

(Sainte Trinité : Proverbes 8, 22-31 ; Romains 5, 1-5 ; Jean 16, 12-15)

Dans sa prière, le psalmiste émerveillé demande à Dieu : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? » Voilà une question très importante, qu’il faut peut-être poser à nouveau lorsque nous lisons les derniers mots de la première lecture, où la Sagesse, collaboratrice de Dieu dans la création, déclare : « [Je trouvais] mes délices avec les fils des hommes ».

Nous pourrions poser la même question à Notre-Dame de La Salette. Pourquoi devrait-elle se concerner de nous ? Pourquoi prend-elle encore tant de peines pour nous, quand qu'elle nous dit elle-même que nous ne pourrons jamais les récompenser ? Et c’était claire dans son apparition qu'elle ne trouvait pas de joie dans son peuple, mais une source de pleurs.

Quel lien trouvons-nous en tout cela avec la Trinité ? Le Fils de Dieu, son Fils, est visible sur la poitrine de Marie. L'Esprit qui, comme le dit Jésus dans l'Évangile, « vous conduira dans la vérité tout entière », peut se percevoir dans son message et dans la mission des enfants. Et c'est, évidemment, le Père, non Marie, qui a sanctifié le septième jour et l'a réservé pour lui-même.

Ces liens ne sont pas nécessairement les plus importants, cependant. La seconde lecture s’applique ici peut-être de manière plus directe. Paul, inspiré par l'Esprit, écrit : « Nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu ».

Marie est venue raviver notre foi et notre espérance, restaurer notre paix et renouveler notre accès à la grâce, en nous ramenant à la participation aux rites sacrés et à une amitié filiale et de prière avec Dieu le Père, le Fils et l'Esprit. Ne nous faudrait-il pas être reconnaissants de son souci, et trouver notre joie en celui qui se réjouit de nous ?

Toute l'histoire du salut se centre sur cette réalité. De toute la création, la race humaine est favorisée par Dieu. Il n'est pas surprenant—et pourtant si merveilleux ! —que Dieu se révèle à nous de tant de façons différentes, même en révélant la Trinité.

La Belle Dame, aussi, a beaucoup entrepris pour nous. Comment pourrait-elle oublier les circonstances dans lesquelles Jésus lui a confié « son peuple » ? Nous ne devons jamais les oublier non plus.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Soudain, dans la paix, la Pentecôte

(Pentecôte : Actes 2, 1-11 ; Romains 8, 8-17 ; Jean 20, 19-23 ; autres options possibles).

En guise d'encouragement, saint Paul a écrit aux chrétiens de Rome : « Vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous ». Ensuite, il les compare aux non-croyants. « Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ ne lui appartient pas ».

En guise d’avertissement, une Belle Dame a parlé aux chrétiens dans le village de la Salette et bien au-delà : « Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse ». Elle pleurait à l’échéance de l'entendre dire : « Je ne connais pas ces gens-là, ils ne m'appartiennent pas ».

L'Esprit de Dieu ne peut demeurer que là où il est reçu. Marie tâchait de préparer les cœurs à le recevoir. Voilà l’essentiel de notre charisme. La Vierge nous donne l'exemple de la compassion défiante, des avertissements contenant des promesses, des reproches mêlées à la tendresse, et des larmes—tout ce qui pourrait nous toucher.

Nous entendons là un écho de ce qui se trouve dans la Séquence d'aujourd'hui, un magnifique texte poétique composé il y a huit cents ans. Nous invoquons l'Esprit comme « hôte très doux de nos âmes » ; il est « dans la fièvre, la fraîcheur », mais nous lui demandons aussi : « réchauffe ce qui est froid ».

Dans le même contexte, nous prions : « Assouplis ce qui est raide, ... rends droit ce qui est faussé ». Sans doute l'Esprit donnait à la Sainte Vierge les moyens d’accomplir ces mêmes buts à La Salette.

Notre besoin de l'Esprit s’exprime fortement : « Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme ». Cela exprime en bref ce qui se trouve dans la deuxième lecture.

Dans le livre des Actes, l'Esprit est décrit comme vent et feu, évoquant la création de l'univers dans Genèse 1. Saint Jean, de sa part, nous raconte comment Jésus a soufflé sur les Apôtres, ce qui se rapproche plutôt de la création de l'homme dans Genèse 2, où Dieu « modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant ».

La première référence est plus dynamique, la seconde plus intime (faisant penser à la parole de Jésus, "La paix soit avec vous", un peu comme l'expérience de certains de "se reposer" dans l'Esprit). Les deux offrent la vie. De quelque façon que l'Esprit nous vienne, accueillons-le et plaçons-nous à son service.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Disposition, volonté, capacité

(7e dimanche de Pâques : Actes 7, 55-60 ; Apocalypse 22, 12-20 ; Jean 17, 20-26)

La mort d’Etienne est racontée dans la première lecture. Le récit inclut cette phrase : « Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul ». Voilà le même Saul qui sera connu sous le nom de Paul.

Etienne est vénéré comme le premier martyr chrétien. Donc, il pourrait vous surprendre que la parole originale grecque pour les témoins dans ce passage soit « martyres ». Comment cela serait-il ?

Durant le temps pascal, nous avons souvent rencontré la même parole. Les Apôtres se présentent comme des témoins du Christ ressuscité, toujours « martyres » en grec. C'est ce que signifie la parole. Un martyr, dans notre sens moderne, est d'abord un témoin de Jésus, mais un qui a versé son sang en témoignage de l'Évangile.

Étienne a témoigné en parole et par imitation. Sa prière en mourant fut : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit... Seigneur, ne leur compte pas ce péché ». Jésus crucifié a prié : « Père, pardonne-leur » et, plus tard, « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23, 34, 46).

Durant son procès devant le Sanhédrin, Jésus a dit, « Vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel » (Matthieu 26, 64). Voilà exactement la vision présentée par Étienne, qui a tant fait enrager ceux qui l’entendirent.

Saul aussi deviendrait un témoin fidèle et persécuté. Au long des siècles, combien y en a-t-il eu ? Et combien d’autres, dans le futur ?

Les Missionnaires de La Salette ont choisi de demeurer dans leur mission, témoignant du Christ à leur peuple, durant la guerre civile en Angola. Trois d'entre eux sont morts sous les feux croisés. Un autre a accompagné les réfugiés dans un camp en Zambie, où il a failli mourir de faim. Au moment où nous écrivons, nos Missionnaires polonais continuent leur mission en Ukraine au milieu de la guerre avec la Russie.

La plupart d'entre nous, témoins « ordinaires », n'ont pas dû se soumettre à de tels sacrifices. Mais il ne suffit pas pour nous simplement d'admirer leur courage lorsque nous portons la grande nouvelle de la Belle Dame au monde, par la parole ou par l'exemple.

Comme eux, nous devons avoir la disposition, la volonté et la capacité d'accomplir la mission dont nous sommes chargés. Si nous avons la préparation nécessaire et le désir, nous pouvons compter sur Notre Seigneur et Notre Dame pour nous donner le courage.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

L'Esprit Saint et nous-mêmes

(6e dimanche de Pâques : Actes 15, 1-2, 22-29 ; Apocalypse 21, 10-14, 22-23 ; Jean 14, 23-29)

La lettre envoyée aux chrétiens « issus des nations », dans la première lecture d'aujourd'hui, est essentielle pour notre compréhension de l'Église. La résolution de la crise se préface ainsi : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé ».

C’est inconcevable que les apôtres et les anciens aient pu ne pas être d’accord avec l'Esprit Saint. Pourquoi donc ajoutent-ils leur décision à celle du Saint-Esprit ? Nous y reviendrons.

Les autres lectures expriment de semblables idées. Jésus dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ». Et dans l'Apocalypse, nous lisons : « Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers, et l’Agneau ».

Tous ces textes reflètent l'union intime entre l'humain et le divin dans l'Église. C’est avec raison que nous avons l'habitude de nous considérer comme l'Église. Sans Jésus, le Père et l'Esprit, cependant, nous ne différons aucunement de n’importe quelle autre organisation. D’autre part, sans nous Dieu vit dans sa gloire trinitaire, mais il n’existe pas d'Église.

La Belle Dame de La Salette parlait à des chrétiens pour qui l’Église existait en nom seulement. Beaucoup, en se détournant des sources de la foi que le Saint Esprit fournit dans les sacrements, n'étaient plus des temples, des demeures de Dieu.

Nous trouvons dans les lectures d'aujourd'hui deux expressions qui reviennent dans le rite de communion. Elles sont : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix », et « l'Agneau ». Marie est venue pour nous rétablir en paix avec l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.

Retournons maintenant à la question posée plus haut. Le Saint Esprit, que Jésus appelle « le Défenseur », est le maître envoyé par le Père. Nous, l'Église, ne pourrons pas nous égarer quand nous enseignons ce que l'Esprit nous enseigne, soit par nos institutions et nos structures, soit dans nos vies personnelles. Ainsi, la décision du Saint Esprit est aussi bien la nôtre.

L'existence même des Laïques salettins est une manifestation assez récente de cette réalité. Soyons donc le temple sacré, en permettant au Défenseur de faire son travail en nous pour la gloire de Dieu et de l'Agneau.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Je fais toutes choses nouvelles

(5e dimanche de Pâques : Actes 14, 21-27 ; Apocalypse 21, 1-5 ; Jean 13, 31-35)

Les paroles à la fin du texte de l'Apocalypse d'aujourd'hui, « Voici que je fais toutes choses nouvelles », semblent reflétées dans toute la liturgie du jour. La parole « nouveau, nouvelle » se voit huit fois : trois fois dans les antiennes et les prières, une fois dans l'Évangile et quatre fois dans la deuxième lecture.

Nous célébrons Pâques déjà depuis quatre semaines. Il nous en reste encore trois. Espérons que la joie et le nouveau de la résurrection continuent à nous combler.

Jésus donne un nouveau commandement à ses disciples, allant jusqu'à dire : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». C’est certainement un défi que d’observer fidèlement la loi de l'amour ; mais cela devrait faciliter pour nous l’observation des autres commandements. Cela crée le cœur nouveau promis par le prophète Ezéchiel (26, 36).

Personne ne peut douter que ce soit par amour que la Marie est apparue à La Salette. Comme la lumière de l'apparition, son amour, aussi bien, est un reflet de l'amour qui brille de la représentation de son Fils crucifié, mort pour nous. Elle montre qu’elle nous aime autant que son Fils nous aime. Elle promet une nouvelle manifestation de la tendresse et du pouvoir de Dieu.

En pressant son peuple de se détourner du péché et de revenir à la pratique de ce qui nous distingue comme chrétiens catholiques, elle agit comme Paul et Barnabé dans la première lecture, « les exhortant à persévérer dans la foi ».

Nous pouvons faire de même. Certains de ceux qui lisent ces lignes sont des missionnaires, répandant l'Évangile à des peuples d'autres pays. La plupart d'entre nous n'ont qu'à sortir de leurs demeures et de leurs cœurs pour rencontrer des gens dont ils peuvent « affermir le courage » par leurs paroles et leur action. D'une façon ou d'une autre, cela relève du défi, lorsque nous vivons le nouveau commandement.

Nous voulons contribuer à la manifestation du nouveau ciel et de la nouvelle terre, ici et maintenant. Le psaume exprime notre espoir : « Seigneur, que tes fidèles te bénissent ! Ils diront la gloire de ton règne, ils parleront de tes exploits ».

« Ce qui était en premier s’en est allé », dit le Seigneur, en nous offrant un ciel nouveau, une terre nouvelle, de nouveaux cœurs, un courage nouveau.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La nouvelle évangélisation

(4e dimanche de Pâques : Actes 13, 14, 43-52 ; Apocalypse 7, 9, 14-17 ; Jean 10, 27-30)

Dans la seconde lecture, tirée de l'Apocalypse, Jean décrit « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues... Ceux-là viennent de la grande épreuve ».

Cela ne peut pas signifier seulement ceux qui ont survécu durant la persécution. C'est leur foi qui a survécu. Une fois évangélisés, ils restèrent fidèles au Seigneur Jésus. Ils sont, en quelque sorte, les descendants des nouveaux chrétiens dont on voit la description dans la première lecture : « En entendant cela, les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur ; tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants. Ainsi la parole du Seigneur se répandait dans toute la région ».

Comme nous apprenons de plusieurs moments de l'histoire de l'Église, l'enthousiasme pour l'Évangile doit se renouveler de temps en temps. Dans ce contexte, nous parlons, de nos jours, de la Nouvelle évangélisation, qui « appelle chacun de nous à approfondir sa foi, à croire au message de l'Évangile et à aller de l’avant en proclamant l’Evangile » (site web, United States Catholic Bishops Conference).

Le pape Benoît XVI en parle de la façon suivante : « Il existe des régions dans le monde... où l’Evangile a planté depuis longtemps ses racines, donnant lieu à une véritable tradition chrétienne, mais où, au cours des derniers siècles... le processus de sécularisation a produit une grave crise du sens de la foi chrétienne et de l’appartenance à l’Eglise » (28 juin 2010). Telle fut la situation visée par la Belle Dame à La Salette, ainsi que par tous les salettins : Laïques, Missionnaires et Sœurs. Nous nous associons spontanément à ses larmes.

Dans l'Évangile d'aujourd'hui, Jésus déclare : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront ». Notre vocation en tant qu'évangélisateurs est de faciliter l’écoute de sa voix, et de dissiper les bruits qui peuvent distraire l'auditeur ou déformer le message.

Marie a demandé, « Faites-vous bien votre prière, mes enfants ? » N'est-ce pas là le début de notre évangélisation ? Quand nous sommes réceptifs à la parole de Dieu qui parle à nos cœurs et à nos âmes, notre foi s'approfondit, et nous sommes plus aptes et plus motivés à la partager.

En même temps, nous pouvons entendre le message de l'Évangile « reproposé » à nous. Cela est toujours un bien.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Amour et témoignage

(3e dimanche de Pâques : Actes 5, 27-41 ; Apocalypse 5, 11-14 ; Jean 21, 1-19)

Il y a des pays où essayer de gagner des convertis à la chrétienté constitue un crime. Ailleurs dans le monde, peut-être à notre portée, nous pouvons entendre en écho les paroles du grand prêtre dans la première lecture : « Nous vous avions formellement interdit d’enseigner au nom de celui-là ».

Tel était le cas en plusieurs régions de la France au moment de l'apparition de Notre-Dame de La Salette. En effet, la situation se détériora au point où les communautés religieuses, y inclus les Missionnaires de La Salette, furent obligées autour de l’année 1900 d’émigrer vers d'autres pays afin de survivre.

Comme les Apôtres, qui, « quittant le Conseil suprême, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus », nous pouvons pareillement nous réjouir de la persécution qui a occasionné la croissance de la Congrégation et la diffusion du message et du charisme de La Salette.

Pierre et les autres étaient des témoins, appelés à partager ce qu'ils avaient vu et entendu, peu importe l'opposition. En réalité, le même devrait se dire aujourd’hui de tous les croyants. Mais où trouver la force pour le faire ?

La réponse se voit dans l'Évangile d'aujourd'hui. Considérez la réaction de Pierre quand l'autre disciple lui dit, « C'est le Seigneur ! » Son cœur débordait tellement d'amour pour Jésus qu'il ne pouvait même pas attendre l’arrivée de la barque à terre.

Peu après cela, le Seigneur lui demanda trois fois, « M'aimes-tu ? » Chaque fois, il a répondu, « Tu le sais : je t'aime », et Jésus lui a ordonné de paître son troupeau. Plus jamais Pierre n'hésiterait à reconnaître ni à proclamer Jésus Maître et Sauveur.

Mettez-vous dans cette scène. Lorsque vous professez votre amour pour Jésus, comment répond-il ? Qu'attend-il de vous ? D'une manière ou d'une autre, cela impliquera une sorte de témoignage, ne serait-ce que par une participation pleine et fidèle à la vie de l'Église. C'est le minimum que la Belle Dame nous demande.

La deuxième lecture décrit une espèce de liturgie, différente de la nôtre, mais exprimant le même désir : « À celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles ».

Puissent notre culte et notre vie refléter cette même aspiration.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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