Le message de Notre-Dame de La Salette met en lumière le rêve de Dieu
Mai 2020
Rêver avec le Fils et la Mère
« Dieu dit : „ Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. ” Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1,26–27). Au début de Livre de la Genèse et de l’histoire du salut, nous découvrons « le rêve de Dieu » pour l’humanité.
Nous trouvons ici une dynamique narrative semblable à celle du début de l’activité publique de Jésus. Dans la synagogue de Nazareth, Jésus partage avec les personnes rassemblées un autre rêve, celui de son ministère public, en appliquant à Lui-même ce qui vient d’être lu dans le prophète Isaïe (cf. Lc 4,14–30).
Du point de vue narratif, aussi bien Dieu que Jésus sont des personnages guidés par des « buts » et des « desseins ». Mais arrêtons-nous brièvement sur la figure de Jésus. Dès les premiers instants de son ministère public, Jésus apparaît comme un homme tourné vers des objectifs. L’épisode de Nazareth, une fois situé dans le contexte du macro-récit de Luc, joue le rôle d’un texte programmatique. Il s’agit d’une « Magna Carta apostolique » de Jésus. En fait, dans cet épisode sont esquissés les objectifs du ministère de Jésus, exprimés à travers des images et le langage prophétiques. Abordé de cette façon, l’épisode de Nazareth nous permet de réfléchir sur l’importance d’avoir des « buts » et des « objectifs dans l’Esprit » tant dans notre vie religieuse qu’apostolique.
Premièrement : Avoir des « buts et desseins dans l’Esprit » est une responsabilité spirituelle (cf. par exemple Ph 3,12–15). Nous pouvons vivre « par défaut » ou tracer notre chemin de vie de manière créative, selon les inspirations de l’Esprit. Nous pouvons vivre en nous fixant des « buts » et « objectifs » ou laisser les circonstances décider à notre place ce qu’il faut faire. C’est la différence entre vivre et subsister, entre vivre en réagissant simplement aux circonstances et vivre en dessinant notre chemin à la suite de Jésus de Nazareth.
Deuxièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » sont des affirmations de la foi. Ils disent ce qui est important et pertinent pour nous, et en même temps, ils témoignent de notre expérience de Dieu, ainsi que de la confiance que nous mettons en Lui. Souvent, les grands « buts » et « desseins » traduisent une foi profonde, alors que les petits « desseins » et « buts » peuvent faire penser à une foi hésitante et superficielle (cf. Ep 3,2–21). Souvent, la mesure de notre foi en Dieu décide de la mesure de nos rêves, « buts » et « desseins ».
Troisièmement : Le fait de posséder des « buts et desseins dans l’Esprit », tant dans la vie religieuse qu’apostolique, nous évite le risque de nous déconcentrer et de perdre la direction. Il nous évite le risque de courir à l’aveugle et de battre l’air en vain (cf. 1 Co 9,26).
Quatrièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » nous incitent à persister et persévérer.
Cinquièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » construisent et façonnent notre caractère chrétien. Pendant que nous courons vers nos « buts et desseins », nous coopérons également avec l’Esprit à l’édification de notre caractère de disciples de Jésus de Nazareth (cf. Ph 3,12).
Tout comme le Fils, la Mère a aussi un rêve. Un rêve qui devient pour nous une mission. Les dernières phrases adressées par la « Belle Dame » à Maximin et Mélanie dévoilent ce rêve : « Faites-le passer à tout mon peuple ». C’est un rêve « en cours ». Son rêve. Notre « but et dessein dans l’Esprit ».
Appelés à s’identifier avec Dieu
« Dieu dit : „ Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. ” Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1,26–27).
Dieu a rêvé l’homme et l’a fait à son image et à sa ressemblance. Et même si à cause de sa désobéissance l’homme a perdu l’amitié de Dieu, le péché n’a pourtant pas détruit complètement cette relation, parce que Dieu rêvait de restaurer le genre humain : c’est pourquoi Il a envoyé son Fils (cf. J 3,16). Le plan d’envoyer le Fils fut précédé par de grandes figures dont la fidélité a été mise à l’épreuve, comme Noé, Abraham, Moïse, David. Avec eux, et surtout après Moïse, Dieu rêve de tout un peuple prophétique ; Il rêve du jour où il pourra purifier l’homme, changer son cœur de pierre en cœur de chaire, lui insuffler l’Esprit Saint. Ce rêve est devenu réalité dans son Fils, Jésus Christ, qui a expié nos péchés au prix de son sang versé sur la croix. Cette fois, le Christ, notre Paix, a offert à Dieu la possibilité de se rapprocher à nouveau de l’homme. Ce rêve s’est accompli le jour de la Pentecôte à travers l’envoi de l’Esprit Saint qui a créé une intimité, une relation et un corps dont les membres sont tous ceux qui répondent à l’invitation à entrer dans le Royaume inauguré par le Christ.
Le rêve de Dieu s’identifie avec sa volonté, « car Il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Ti 2,4). C’est pourquoi tout homme devrait s’approcher du Christ, « le Chemin de la vérité et de la vie ».
« Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. »Dans cette invitation, la Messagère est porte-parole de son Fils bien-aimé. Elle n’apporte pas un message nouveau, mais désire nous guider, afin que nous mettions en pratique les enseignements de notre Seigneur Jésus Christ. C’est justement ici que le message de La Salette se réfère au rêve de Dieu, en ce sens qu’il tente de sortir l’homme de la boue du matérialisme, de la sécularisation et de l’indifférence dans laquelle il est plongé.
« S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. » « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15) : ce fut le grand appel que le Christ a lancé au monde, et que Marie ne cesse de répéter dans ses apparitions, à La Salette comme ailleurs. La conversion de l’homme garantit sa sanctification ; elle est le premier pas vers l’harmonie sur notre planète. L’état d’esprit de l’homme influe sur l’univers, il le pousse soit à se tourner vers Dieu, soit à s’éloigner de son Créateur. C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui, avec la pandémie de la Covid-19, et ce qui nous amène à reconsidérer notre attitude devant Dieu.
La manière dont les hommes du monde ont essayé de gérer cette situation, en écartant Dieu, prouve que l’homme est déconcerté quand il tente d’appréhender les choses d’en haut. Un exemple concret de cette confusion, ce sont les restrictions que les croyants ont dû subir quant à la célébration des offices dans les églises au moment où, paradoxalement, l’ouverture des supermarchés et diverses manifestations étaient autorisées. Dans ce contexte d’une compréhension singulière de la laïcité, nous pouvons réprouver notre silence qui s’apparente au conformisme. Au contraire, Notre-Dame affirme avec force la primauté du spirituel, dans la soumission à Dieu.
Destinés au Ciel
Dans son discours, Jésus a rappelé que « telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour » (Jn 6,39). C’est le plan d’action de Dieu au cours de l’histoire. Appelés à l’existence, avec notre coopération dans la mise au monde de la nouvelle génération, nous sommes pour Dieu « la prunelle de ses yeux ». Il tient à ce que chaque homme qui vit sur terre, partage avec Lui, Dieu Un et Trine, sa vie dans l’éternité. Au moment de sa conception, l’homme reçoit un don extraordinaire : la dignité d’un habitant potentiel du Ciel, avec Dieu et les autres êtres humains.
Marie est représentante de cette société qui a maintenant terminé son pèlerinage sur terre. Elle connaît bien tout le plan de Dieu et vient nous signaler où cette dignité d’habitant du Ciel est menacée. Avec son message, elle veut susciter en nous le désir du Ciel, nous montrer l’importance de la rencontre avec son Fils dans l’Eucharistie et enfin, nous sensibiliser au respect envers Celui qui s’est livré tout entier par amour.
Mélanie et Maximin étaient des enfants simples, mais ce qu’ils ont transmis au sujet de leur rencontre avec la « Belle Dame », n’a rien d’un mensonge ou d’une manipulation. Ils ont tout parfaitement enregistré : les habits de paysanne n’ont pas caché la majesté céleste de la « Belle Dame » ; sa façon de parler était si extraordinaire que même une langue étrangère et une longue conversation se sont imprimées de façon indélébile dans la mémoire des voyants, parce que ses paroles étaient fortement marquées par leur origine surnaturelle et parce que sa voix, malgré la tristesse, a inspiré chez les deux enfants la confiance et la compassion ; les larmes de Marie ont visiblement affecté Mélanie et Maximin, ce qu’ils exprimaient à chaque fois qu’ils racontaient cet événement, en provoquant à leur tour une profonde émotion chez leurs auditeurs ; la disparation de Marie a suscité chez les voyants une réflexion sur le fait qu’ils ne lui avaient pas demandé de les emmener avec elle ; même sans savoir qui était la « Belle Dame », ils désiraient partir avec elle où qu’elle aille, tellement l’impression que leur a laissé sa présence était belle et heureuse.
Cette grande nouvelle, apportée à nous tous en cet après-midi du samedi 19 septembre 1846, est triste, mais aussi grande et nécessaire. La Reine du Ciel et de la Terre vient pour libérer en nous la conscience de qui nous sommes pour Dieu : nous sommes ses enfants ! La seule prédestination liée au fait d’être un homme, est la prédestination au Ciel. Il n’y en a pas d’autres dans le plan de Dieu. Si ce plan ne conduit pas l’homme au Ciel, c’est uniquement de sa faute – c’est que l’homme ne le veut pas !
La Mère de Dieu et la Mère des hommes, ayant engendré l’Homme le plus célèbre – Jésus Christ – nous rappelle qu’en son Fils nous sommes tous frères et sœurs. Nous avons la même dignité que le Fils de Dieu car Dieu a décidé de nous adopter par son divine élection comme ses enfants.
Même si Marie nous montre plutôt nos omissions dans la réalisation du plan de Dieu, de la réflexion sur son message naît en nous le désir de faire attention aux affaires de Dieu et la volonté d’améliorer notre relation avec Dieu à travers Jésus Christ.
Marie ouvre une petite fenêtre, afin que nous puissions entrevoir la réalité, dans laquelle elle est déjà présente et vers laquelle elle veut nous conduire tous. C’est le Ciel et la vie éternelle avec Dieu.
Celui qui désire cela, réconforte son cœur maternel.
Flavio Gillio MS
Eusébio Kangupe MS
Karol Porczak MS