Dieu y pourvoira

(28e dimanche ordinaire : Isaïe 25, 6-10 ; Philippiens 4, 12-20 ; Matthieu 22, 1-14)

Voyez tout ce que promet le Seigneur, dans notre première lecture, de pourvoir à son peuple ! L'image de viandes grasses et de vins capiteux est séduisante au point de nous distraire, presque, de tout le reste. 

Il y a bien plus encore : il fera disparaître la mort pour toujours, il essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Voyez comment, dans chaque cas, l'intervention de Dieu est définitive, complète.

Aussi dans le psaume d'aujourd'hui, qui résume la réalité de notre perspective : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ».

Et pourtant, il semblerait qu'aujourd'hui ces images aient perdu de leur attrait. C'est comme les invités au mariage, qui non seulement refusent de venir à la fête, mais aussi maltraitent les messagers. Quel découragement pour les croyants, qui voient leur nombre décroître.

En 1846, l'héritage anticlérical de la Révolution française demeurait fort. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'apparition de Marie à la Salette. En faisant des reproches à son peuple, elle espérait lui ôter les reproches ; parlant de la mort des petits enfants, elle espérait qu'il se tourne en confiance vers Celui qui a fait disparaître la mort pour toujours.

On comprend, comme st Paul, ce que c’est savoir vivre de peu, et être dans l’abondance, du moins matériellement parlant. Plusieurs le font. Mais c'est tout autre chose de se priver de ce que le Seigneur nous offre. Paul fait une promesse tout aussi merveilleuse que celle d'Isaïe : « Mon Dieu comblera tous vos besoins selon sa richesse, magnifiquement, dans le Christ Jésus ».

Une chose est nécessaire pour cela : le vêtement de noce, qui est la foi. Et la foi vive que la Belle Dame cherche à réveiller nous aidera à faire les trois choses qu'elle nous demande : nous convertir, bien prier, et faire passer son message.

La conversion inclut, sans s'y limiter, le retour aux sacrements. Si nous nous souvenons des sept péchés « capitaux », nous pouvons demander au Seigneur qu’il « ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur », afin de discerner quelles vertus et quels pratiques nous devrons personnellement cultiver, et « pour que nous percevions l’espérance que donne son appel ».

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Anxiété… et confiance

(27e dimanche ordinaire : Isaïe 5, 1-7 ; Philippiens 4, 6-9 ; Matthieu 21, 33-43)

Saint Paul écrit : « Ne soyez inquiets de rien ». Certainement cela n’est pas vraisemblable. En effet, le même Apôtre a écrit aux Corinthiens : « C’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je me suis présenté à vous » (1 Co 2, 3).

Le monde dans lequel nous vivons a toujours fourni, à chaque époque, raison de s'inquiéter. Désastres naturels, maladies, agitation sociale, incertitude économique, tout cela nous entoure. En plus, nous avons à faire face aux pertes personnelles, aux conflits, au doute de nous-mêmes, etc. Comment serait-il possible de ne pas avoir d’inquiétude ?

Certains ne peuvent même pas trouver du temps pour prier, ou avoir l’état d'esprit propice à la prière, afin de vivre dans la paix du Christ.

Etrangement, la chanson d'Isaïe sur la vigne de son ami avait en fait l’intention d’augmenter l’anxiété de son peuple. Les choses que le Seigneur fera de sa vigne sont énumérées afin d'attirer l'attention de son peuple. Il préfèrerait ne pas les punir, mais comment autrement les persuader de corriger leur conduite ?

À la Salette, Marie approprie le même moyen qu'Isaïe, en vue du même but. Si son peuple refuse de se soumettre, les causes de leur inquiétude ne feront qu'empirer, et ce sera de leur faute car, à leur façon, comme les chefs des prêtres et les anciens dans l'Evangile, ils auront rejeté son Fils.

Nous avons certainement raison d'appliquer le message d'Isaïe, et celui de Marie, à nous-mêmes. La vigne, plantée soigneusement en chacun de nous par Dieu lors de notre baptême, a besoin d'être arrosée et émondée, afin de produire des raisins sucrés pour faire un vin exquis. La Belle Dame nous fournit un examen de conscience, en vue de notre conversion permanente.

St Paul dit encore : « En toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes ». Quand l'action de grâces se trouve au cœur de notre prière, la confiance augmente. Cela fait partie de la prière bien faite.

Dans ce contexte, je recommande vivement le Livre de Tobie comme un exemple merveilleux. Deux personnes malheureuses, dans des scènes différentes, prient pour la mort. Dans chaque cas, la prière commence par la louange de Dieu ! 

Est-ce que l’inquiétude et la confiance sont incompatibles ? Non, mais l'amour et les larmes de Marie inspireront la confiance et soulageront l’inquiétude.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Voir un signe, être un signe

(26e dimanche ordinaire : Ezékiel 18, 25-28 ; Philippiens 2, 1-11 ; Matthieu 21, 28-32)

« Pour vous autres, vous n'en faites pas cas », dit la Belle Dame, en décrivant ses efforts à notre égard. Un peu après, en se référant aux mauvaises récoltes : « Je vous l'avais fait voir l'année passée par les pommes de terre : vous n'en avez pas fait cas ».

L'attitude qu'elle décrit pourrait n'être qu'une simple insouciance, un manque d'attention. Après tout, comment des chrétiens d'une si faible foi pourraient-ils reconnaître des signes venant du ciel ? Mais ce n'est pas une excuse, car ils ne s’intéressaient même pas de les voir.

Dans l'Évangile, Jésus dit aux grands prêtres et aux anciens du peuple, « Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru ». Les grands prêtres et les anciens avaient connaissance de cela, mais ils n'y voyaient pas le signe, et encore moins un signe qui leur soit destiné. Ils sont de ceux que st Paul appelle vaniteux.

Dans leur Règle, les Missionnaires de Notre-Dame de La Salette disent : « Attentifs aux signes des temps, nous nous adonnons généreusement aux tâches apostoliques pour lesquelles, à travers la prière et le discernement, nous nous sentons appelés par la Providence ». Les Sœurs de La Salette tiennent compte, « selon les milieux, les pays et les temps, des besoins urgents des hommes. »

Les Laïcs salettins, aussi bien, doivent se rendre compte que les temps changent. Le charisme de la réconciliation est un, mais son expression est infiniment variable. Nous devons porter attention aux circonstances où il peut servir, et trouver le moyen le plus apte à le faire fructifier.

Cela exige un certain renoncement de soi, c'est-à-dire la reconnaissance que nous ne savons pas tout, et la volonté de travailler ensemble. C'est ce que dit st Paul à la communauté de Philippes, et il cite l'exemple de Jésus, qui « s’est anéanti » afin d'être vraiment un avec nous.

Le psalmiste s'humilie souvent en admettant ses péchés, mais aujourd'hui il demande à Dieu, en quelque sorte, de ne pas en tenir compte, alors qu'il prie : « Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ». Dans le Sacrement de la réconciliation, nous avons confiance que « sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin ».

Quand nous sommes disposés à recevoir et à partager la miséricorde de Dieu, qui sait ? Nous pouvons nous-mêmes devenir signe.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Digne de l’Evangile

(25e dimanche ordinaire : Isaïe 55, 6-9 ; Philippiens 1, 20-27 ; Matthieu 20, 1-16)

Il y a plusieurs versets de la Bible où l’on pourrait voir un résumé du Message de la Salette. Nous en trouvons un dans la seconde lecture d'aujourd'hui : « Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ ».

Puisqu’en plusieurs endroits l'anniversaire de l'Apparition se célèbre durant ce mois-ci, voyons comment la Salette nous aide à répondre à l'exhortation de Paul.

Respecter le Nom du Seigneur et les choses de Dieu n’équivaut pas à l’opposé du dédain. Oui, le manque de respect doit être évité ; comme le dit Esaïe : « Que le méchant abandonne son chemin ! » Mais si notre respect ne nous conduit pas à un amour profond du Seigneur, il n'est pas encore ‘digne’.

Bien prier, c’est naturellement éviter les distractions—quoique parfois les distractions soient la véritable prière. Mais Isaïe dit aussi : « Que l’homme perfide abandonne ses pensées ! » Une vie de prière authentique est, en quelque sorte, tellement remplie de prière qu'elle ne laisse aucune place aux mauvaises pensées. Comme le dit le psaume d'aujourd'hui, « Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité ».

L'esprit évangélique, au cœur de la vision et Paul et de l'exemple qu’il manifeste de la vie chrétienne, nous rappelle que suivre le Christ n'est pas une dévotion privée. Si nous voulons faire passer le message de Marie, d'autant plus devons-nous vivre de façon à attirer d’autres vers l'Évangile. Il ne peut pas y avoir de pensées égoïstes, ni de comparaisons à ce que d’autres ont accompli (tels les ouvriers de la vigne).

La soumission est bien plus que de faire ce qu'on nous dit. Isaïe nous rappelle : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins—oracle du Seigneur ». Ceux qui veulent un Dieu adapté à leurs propres pensées et à leurs voies sont enclins à le blâmer dans les moments difficiles.

C'est dans ces moments-là que nous devons nous rappeler que « le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait », non pas pour inspirer la peur, mais pour nous inciter à « revenir vers le Seigneur qui nous montrera sa miséricorde », pour citer à nouveau le psalmiste et Ésaïe.

Dans Philippiens 1, 6, Saint Paul exprime sa confiance que « celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus ». C'est lui qui rend valeur à ce que nous faisons.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Le mystère du pardon

(24e dimanche ordinaire : Ben Sira 27, 30—28, 7 ; Romains 14, 7-9 ; Matthieu 18, 21-35)

Commençons aujourd'hui avec de la statistique. Combien de fois, je me demande, Dieu a-t-il pardonné à son peuple, par rapport au nombre de fois où il l'a puni ? Avec un peu de recherche on trouve que, dans la vaste majorité des cas, le pardon est donné, ou promis.

Un des textes classiques se trouve dans le Psaume d'aujourd'hui : « Aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés ».

Dans la première lecture et dans l'Évangile, on voit clairement que notre point de départ, ou notre position par défaut, devrait être la disposition—osons dire l’enthousiasme—pour pardonner.

Cependant, lors de mes recherches, j'ai aussi remarqué le nombre de fois où le pardon est jumelé à l'expiation. Un exemple typique se voit dans le Lévitique 5, 13 : « Le prêtre accomplira pour l’homme le rite d’expiation pour la faute qu’il a commise, et il lui sera pardonné ».

C'est là que se trouve le lien avec la lecture des Romains. Paul écrit : « Si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants ». Le contexte de cette expression apparaît dans la phrase suivante : « Alors toi, pourquoi juger ton frère ? Toi, pourquoi mépriser ton frère ? Tous, en effet, nous comparaîtrons devant le tribunal de Dieu ».

Nous ne sommes pas seigneurs les uns des autres. Ce titre appartient exclusivement à Jésus. Il l’a reçu lorsqu'il s'est offert sur la croix pour l’expiation de nos péchés. En tant que ses disciples, nous n'avons pas le droit de refuser le pardon.

La soumission à laquelle la Belle Dame de La Salette nous appelle inclut l’acceptation du pardon gagné pour nous par son Fils. Ce sera alors notre joie de lui rendre l’honneur qui lui est dû.

Le romancier Terry Goodkind écrit, « Il y a de la magie dans le pardon sincère : dans le pardon que l’on donne, mais plus encore dans le pardon qu’on reçoit » (Temple des vents).

Remplacez le mot "magie" par "grâce", et voyez comment le texte se transforme : il ne s’agit plus de paroles de sagesse, mais d’une invitation à entrer à l’intérieur d’un des grands mystères de notre foi.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La correction maternelle

(23e dimanche ordinaire : Ezékiel 33, 7-9 ; Romains 13, 8-10 ; Matthieu 18, 15-20)

Dans l'Évangile d'aujourd'hui, Jésus prévoit les conflits inévitables qui surgiront entre les membres de son Église.

Son premier souci est que la question soit résolue paisiblement. L’on ne devrait pas permettre qu’elle s'envenime et produise de sérieuses divisions, qui pourraient se propager dans la communauté.

Il est tout aussi important que la cause reste à l’intérieure de l'Église. Dans 1 Corinthiens 6, St. Paul se plaint des croyants qui font appel aux tribunaux civils : « N’y aurait-il parmi vous aucun homme assez sage pour servir d’arbitre entre ses frères ? Pourtant, un frère est en procès avec son frère, et cela devant des gens qui ne sont pas croyants ! »

Plusieurs communautés religieuses ont (ou avaient) une pratique appelée « la correction fraternelle ». Deux par deux, ou en petits groupes, les membres signalent les fautes de chacun. Idéalement, chacun prendrait à cœur ces commentaires avec gratitude et s'efforcerait d’en profiter.

Certains pourraient même être appelés à un rôle plus prophétique, surtout s'ils croient que la communauté elle-même risque de s'égarer. Comme Ezékiel, ils se sentent obligés d’avertir les autres.

Même en ce cas, il faut demeurer fidèle au commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Nous devons agir envers les autres sans causer ni prendre offense, et sans occasionner l’endurcissement des cœurs. Ainsi la question de la réconciliation ne se pose pas.

Mais puisque l'Église est faite de véritables êtres humains, il y aura occasionnellement conflit, à partir soit de fortes divergences d'opinion, soit de graves accusations de méfaits, etc. La première précondition pour la réconciliation : les parties opposées doivent la désirer sincèrement. 

Et quel rapport a tout cela avec la Salette, pourrait-on se demander. Beaucoup. Marie s'est adressée à un peuple absorbé par ses propres troubles et blâmant Dieu. Ils avaient tellement perdu de vue le Christ que la réconciliation n’était même pas dans leur pensée.

Il a fallu une Belle Dame, parlant en termes prophétiques, pour leur faire voir que la réconciliation était désirable, et réalisable.À travers ses larmes, elle a offert une correction maternelle, nous livrant le modèle d’un cœur qui réconcilie véritablement.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

L’insistance de Dieu

(22e dimanche ordinaire : Jérémie 20, 7-9 ; Romains 11, 33-36 ; Matthieu 16, 13-20)

La plupart des systèmes juridiques accordent à un accusé le droit de garder le silence. Le prophète, au contraire, comme l'a appris Jérémie, n'a pas ce droit. La parole de Dieu brûlait en lui avec une telle intensité qu'elle ne pouvait pas être maîtrisée.

C’est ainsi que Notre Dame de la Salette a dû parler. Elle se sentait obligée de parler en notre nom, dans une prière incessante à son Fils ; et elle est venue, avec urgence, parler à son peuple, avec un message plus long et plus complexe, on pourrait même dire plus intense, que dans plusieurs autres apparitions mariales.

Elle ne laisse à son peuple qu'un seul choix : refuser de se soumettre ou se convertir. Ou, pour nous servir du langage de Saint Paul, elle leur dit : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait ».

Discerner la volonté de Dieu, ce n'est pas un exercice académique. Il vise un seul but : nous rendre capable de vivre en harmonie avec Dieu en accomplissant ce qu'il nous demande.

Avez-vous, peut-être, fait une expérience de conversion majeure ? À ce moment-là, vous saviez, au moins de façon générale, où Dieu vous conduisait. Saviez-vous à quoi vous vous engagiez ? Pouviez-vous prévoir la croix à porter, les façons dont vous alliez devoir perdre votre vie à cause de Jésus ?

Si ce n'est pas immédiatement, vous avez découvert au temps voulu la manière spécifique dont vous accompliriez la volonté de Dieu. Idéalement, cela devint une passion, et vous avez atteint un point où vous ne pouviez plus vous retenir, même si vous le vouliez. Le psaume d'aujourd'hui exprime cette intensité : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau ».

Même si l'on a un directeur spirituel, le discernement demeure profondément personnel. Cela explique la différence entre ste Thérèse de Calcutta, ste Thérèse de Lisieux et ste Thérèse d'Avila. Nous construisons tous différemment sur les mêmes fondations.

Il est merveilleux de constater combien de personnes ont découvert une passion pour la Salette. Même là, les possibilités sont infinies, puisque chacun de nous réagit à un aspect différent de l'Apparition et/ou du message.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La clé

(21e dimanche ordinaire : Isaïe 22, 19-23 ; Romains 11, 11, 33-36 ; Matthieu 16, 13-20)

Comme d'habitude, il y a un lien évident entre la première lecture et l'Évangile. Il s’agit du symbolisme des clés. Éliakim recevra les clés de Shebna ; Jésus confie à Pierre les clés du royaume des cieux.

À première vue, cela pourrait sembler être une récompense gagnée par Pierre pour avoir répondu correctement à la question, « Pour vous, qui suis-je ? » Loin de là. C'est le Père qui lui a révélé cela. 

Comme la même question se pose de génération en génération, nous devons y répondre personnellement. La réponse de Pierre n'est pas évidente. Que faire quand on se trouve parfois entouré de personnes qui se moquent de notre religion ? Peut-être que cela fait partie de ce que st Paul appelle « les décisions insondables et les chemins impénétrables » de Dieu. Et alors, quelle est la clé pour maintenir la paix de l’âme ?

À la Salette, la Vierge a mentionné une telle situation. Les quelques fidèles devenaient de moins en moins nombreux, dans un monde agressivement anticlérical. La clé que Marie offre est celle qu'elle portait autour du cou : l'image de son Fils crucifié.

Elle a mis l’emphase sur l'importance de notre rapport avec Jésus, et avec la croix sur laquelle il est mort pour nous. Loin de profaner son nom, nous devons proclamer en paroles et en actes : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Cela signifie vivre en disciples fidèles et, oui, joyeux.

Jésus a dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ». Bien qu’il ne s’agisse pas de mentalité de forteresse, la promesse nous donne du réconfort.

Il y a un autre encouragement dans le psaume d'aujourd'hui : « Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ». Comme pour Maximin et son papa sur le chemin du retour de la terre du Coin, son œil fidèle nous suit. 

Avec Marie, nous pouvons prier sans cesse. Nous pouvons nous approprier les paroles du psaume responsorial : « Seigneur, éternel est ton amour : n’arrête pas l’œuvre de tes mains ». Même si rien ne change, nous pouvons être ce qu'Isaïe appelle « une cheville dans un endroit solide », inébranlables dans notre foi.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Un message universel

(20e dimanche ordinaire : Isaïe 56, 1-7 ; Romains 11, 13-32 ; Matthieu 15, 21-28)

Pour des raisons non immédiatement claires, la mission de Jésus n'incluait pas les gentils, quoiqu'il ait répondu à la prière d'un centurion romain (Matthieu 8, 5-13) et, dans l'Évangile d'aujourd'hui, d'une femme cananéenne.

Plus tôt, quand il envoya les douze pour leur première expérience missionnaire, il leur a donné l'instruction suivante : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël ». Seulement à la fin de l'Évangile de Matthieu leur donne-t-il la charge : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples ».

Plus tard, et après maintes persécutions, la prière du psalmiste, « Que les peuples, Dieu, te rendent grâce », a été exaucée. Dans chaque nation, aujourd'hui, se trouvent au moins quelques personnes qui accomplissent la prophétie d'Isaïe : « Je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière ».

Mais l'universalité (en tant qu’inclusive), voilà un défi. Chaque groupe tend à une certaine exclusivité. Dans l'Évangile d'aujourd'hui, les disciples implorent Jésus de faire partir la Cananéenne, non seulement parce qu'elle n’est pas juive, mais aussi parce qu'elle est ennuyeuse.

Vous êtes-vous déjà retrouvé à essayer d'éviter une situation gênante, des personnes difficiles, des appels acharnés de la part de quelqu'un dans le besoin, etc. ? Il peut alors devenir difficile de maintenir l'esprit d'inclusion inhérent à notre mission de Réconciliation. 

St Paul avait, dans sa vie passée, essayé d'exclure les chrétiens du judaïsme. Aussi, certains des premiers chrétiens juifs ont voulu exclure les gentils. Puis, à la suite, Paul désirait apporter le salut du Christ aux juifs comme il l'avait fait pour les gentils.

Cette vision trouve un écho dans les dernières paroles de Marie dans son message à la Salette : « Vous le ferez passer à tout mon peuple ». De nos jours, il y a des missions salettines dans 27 pays (et on continue à découvrir de petits sanctuaires de la Salette dans d'autres endroits), mais cela nous laisse plus de 150 pays où la Salette est inconnue. Comparé à la diffusion de l'Evangile, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir !

Le message comporte de nombreux éléments, attirant des personnes différentes de différentes façons. C'est vrai aussi pour nous, les messagers, individuellement uniques mais, ensemble, universels.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

J’écoute

(19e dimanche ordinaire : 1 Rois 19, 9-13 ; Romains 9, 1-5 ; Matthieu 14, 22-33)

L'histoire d'Elie dans la caverne donne presque l'impression qu'il fut surpris que Dieu lui soit venu dans « le murmure d’une brise légère ». Après tout, dans d'autres épisodes de la vie du prophète, sa relation avec le Seigneur avait davantage affaire au feu, et Dieu l’enleva au ciel dans un ouragan.

Il n'y a pas moyen de prédire quand ou comment Dieu nous parlera. Mais Elie se tenait devant le Seigneur, sensible à sa présence, prêt à entendre et à servir.

La conversion de saint Paul fournit un autre exemple d’une rencontre surprise avec le Seigneur. Mille huit cents ans plus tard, personne n'aurait pu prévoir que Mélanie Calvat et Maximin Giraud, avec leur éducation religieuse minimale, entendraient la parole de Dieu par l’entremise des paroles d'une Belle Dame.

Le psaume d'aujourd'hui décrit une rencontre surprenante : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ». Voyez comment tout cela est entrelacé, tout en résumant l’intention des interventions divines aussi bien que mariales.

Nous vivons dans un monde où la paix semble une cause perdue, la vérité n'est plus la vérité. La fameuse question de Pilate, « Qu'est-ce que la vérité ? » nous entoure. Malheureusement, l’amour semble parfois s'opposer à la vérité, surtout lorsque la vérité est pénible. A la Salette, cependant, Marie a su combiner la vérité de son message avec la tendresse de sa voix et de ses larmes.

Tendresse, vérité, justice, paix : toutes se trouvent au cœur de notre désir d'être en harmonie avec Dieu et de mener une vie réconciliatrice. Mais comment atteindre cet objectif ? 

Il faut, d'abord, reconnaître et accepter qu'il n'y a aucune garantie de succès. Même st Paul, serviteur fidèle qu'il était, regrettait son échec. Il existe parfois une lueur d'espoir, mais, comme Pierre marchant sur les eaux, nous succombons à la panique et nous entendons Jésus nous dire : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Jésus gravit la montagne pour prier. La caverne d'Elie se trouvait dans la montagne de Dieu, l'Horeb. La Salette est dans les Alpes. Les "temps de Dieu" intenses sont souvent décrits comme une sorte d’exaltation. Mais qui d’entre nous peut décider quand, où et comment le Seigneur nous parlera ?

C'est ordinairement avec le recul que nous reconnaissons la voix de Dieu. Quand l'avez-vous entendue dernièrement ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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