Le choix

(Le Christ-Roi : 2 Samuel 5, 1-3 ; Colossiens 1, 12-20 ; Luc 23, 35-43)

La majorité des églises catholiques n’ont pas de statue de Jésus assis sur un trône en tant que Roi de l’univers. Toutes, cependant, ont un crucifix bien à la vue de tous, qui nous montre le Christ au moment suprême de son amour pour nous.

Le crucifix que portait Marie à La Salette, comme nous l’avons souvent dit, était au centre de son apparition. Il est unique aussi. Ceux qui le voient pour la première fois demandent invariablement ce que signifient le marteau et les tenailles. (Il est toujours intéressant de savoir d’abord qu’elle est leur impression à eux.)

La réponse la plus simple est de dire que les enfants les voyaient comme faisant partie de la tenue de la Belle Dame, non pas attachés mais suspendus sous les bras de la croix. À part cela, il n’y a pas d’interprétation officielle. L’explication la plus courante, cependant, est que le marteau représente nos péchés, enfonçant les clous dans les mains et les pieds de Jésus, et les tenailles représentent le repentir, retirant les clous. En d’autres termes, ils indiquent un choix.

L’évangile d’aujourd’hui, lui aussi, nous montre le Christ crucifié. Plaçons-nous dans la scène. Écoutons les cries, « Sauve-toi toi-même ! » Remarquons qu’il est l’un de trois criminels crucifiés ce jour là. Les deux autres sont à sa droite et à sa gauche.

L’un d’eux se joint à l’hostilité de la foule. « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Il ne montre aucune compassion pour un compagnon de souffrance. L’autre le réprimande, et ensuite déclare une foi et une espérance étonnantes quand il dit, « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Ce sont les seules paroles aimables adressées à Jésus sur La Croix.

Il y a, si on le veut, un parallèle entre le crucifix de La Salette et les deux criminels. Un, comme le marteau, cause la souffrance ; l’autre, comme les tenailles, l’élimine. Une fois encore, nous voyons le choix pour ou contre le Christ, vu d’une façon poignante.

Jésus répond par une promesse : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ». (A La Salette, l’équivalent est la vision prophétique d’abondance, accompagnée d’un espoir vif.)

Si les gens qui se moquaient de lui avaient su ce que nous savons, comme st Paul l’écrit dans 1 Corinthiens 2, 8, « ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire ». Ils auraient peut-être compris qu’il avait choisi de ne pas se sauver, afin de nous sauver.

Traduction : P. Paul Rainville, M.S.

La crainte sans peur

(33e dimanche ordinaire : Malachie 3, 19-20 ; 2 Thessaloniciens 3, 7-12 ; Luc 21, 5-19)

Le prophète Malachie et Jésus annoncent tous deux un temps de troubles. Dans la première lecture, « Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise ». Dans l’évangile, « Des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre ». Une perspective de mauvais augure, apocalyptique !

Les deux offrent aussi un encouragement aux fidèles. « Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement » (Malachie). « Vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse » (Jésus).

Ici nous rencontrons deux paroles qui se retrouvent liées ensemble trois fois dans l’ancien testament, dans le texte bien connu : « La sagesse commence avec la crainte du Seigneur ». Parmi les sept dons du Saint Esprit, la sagesse vient en premier lieu, la crainte du Seigneur en dernier.

Il est bien reconnu que la crainte du Seigneur ne signifie pas avoir peur de Dieu, mais plutôt le respect qui lui est dû, au point où nous ne voulons jamais l’offenser. A La Salette, la Belle Dame dit, « N’ayez pas peur », mais ensuite elle décrit les manières dont son peuple ne craint pas le Seigneur.

Ceux qui craignent Dieu au sens propre sont prêts à se soumettre à sa volonté, quelle que soit la façon dont elle se manifeste dans leur vie. Il se peut que se soit la persécution ou un appel à servir généreusement, mais tout au moins cela signifie vivre comme modèle pour les autres.

Dans la deuxième lecture, saint Paul dit : « Nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter ». Spécifiquement il veut que les chrétiens puissent gagner leur pain sans devenir un fardeau pour les autres. Dans la première lettre aux Corinthiens (11, 1), il parle d’une façon plus large : « Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ ».

Jésus est vraiment le modèle parfait de la crainte du Seigneur. Il fut « obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la Croix » (Philippiens 2, 8). A La Salette, Marie nous invite à récupérer ce don du Saint Esprit.

Il serait imprudent sinon arrogant de dire à d’autres personnes de nous imiter. Quand même, notre foi chrétienne est inévitablement exposée à la vue de tous. Jésus dans l’évangile de st Jean nous dit : « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Cela aussi, c’est la crainte du Seigneur.

Traduction : P. Paul Rainville, M.S.

L’espérance sûre

(32e dimanche ordinaire : 2 Maccabées 7, 1-2, 9-14 ; 2 Thessaloniciens 2, 16-35 ; Luc 20, 27-38)

Les lectures de cette fin de semaine suivent de près celles de la Toussaint et de la Commémoration des fidèles défunts. Alors il semble à propos de parler de la résurrection et de la vertu théologale de l’espérance.

Dans la première lecture nous écoutons une partie de l’histoire d’une mère, elle-même témoin da la torture et de la mort de sept fils, avant sa propre mort, pour avoir refusé de manger du porc. Le quatrième fils en donne la raison : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu ».

La plainte de Marie à La Salette au sujet de son peuple qui va à la boucherie pendant le carême contraste fortement avec la foi pour laquelle ces personnes courageuses ont donné leur vie. Ils inspirent notre admiration. Serions-nous, en des circonstances semblables, capables de les imiter ? La seule pensée nous invite à prier pour que notre foi n’ait jamais à faire face à un tel défi.

St Paul rappelle aux Thessaloniciens que Dieu « nous a aimés et nous a pour toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce, … il vous affermira et vous protégera du Mal ».

Dans l’évangile Jésus a des paroles fortes à propos de la résurrection. Nous voyons cela miroité dans la conclusion du crédo Nicéen : « J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir ».

Il est facile d’imaginer qu’à La Salette les larmes de la Belle Dame coulaient plus abondamment quand elle parlait des enfants de moins de sept ans mourant dans les bras de ceux qui les tenaient. Elle savait de son expérience personnelle ce que leurs mères auraient à souffrir. Mais si son peuple refusait de revenir à Dieu, où pourrait-il trouver l’espoir requis pour traverser ce temps de douleurs ?

Le crucifix que Marie portait était d’une clarté éblouissante. Mais n’oublions pas que cette croix, instrument de mort, était d’abord et surtout un moyen cruel de prolonger et d’aggraver la mort par la torture et l’humiliation. Pourtant, elle est devenue notre source principale d’espoir.

Jésus va revenir, comme on le dit dans le crédo, pour juger les vivants et les morts. Puissions-nous être trouvés dans la forte espérance de la résurrection.

Traduction : P. Paul Rainville, M.S.

Des rencontres

(31e dimanche ordinaire : Sagesse 11, 22 – 12, 2 ; 2 Thessaloniciens 1, 11 – 2,2 ; Luc 19, 1-10)

En réfléchissant sur les lectures de cette fin de semaine, le mot ‘rencontre’ revint souvent à l’esprit.

Ceci est évident dans l’évangile : l’histoire de Jésus et Zachée. Dans la deuxième lecture, Paul et ses compagnons Silvain et Timothé écrivent, “Nous prions pour vous à tout moment afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous à adressé”. En chaque circonstance, c’est le Seigneur qui prend l’initiative.

La première lecture ne mentionne aucun individu, mais la pensée est la même. « Tu as pitié de tous les hommes, … tu aimes tout ce qui existe, … Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent du mal et croient en toi, Seigneur ! »

Qui sommes-nous en comparaison avec Dieu ? Pourtant, même Dieu souhaite avoir une rencontre avec nous.

Dans l’évangile, Zachée espérait pouvoir voir ce fameux Jésus qui passait par là. Alors Il fit ce qu’il avait à faire. Mettons-nous dans ses sandales. Serions-nous suffisamment curieux ? Aurions-nous la volonté d’affronter ces foules, surtout en étant si bien connus dans la ville ?

Jésus, lui aussi, voulait voir Zachée, mais pour une raison bien différente. Zachée n’aurait jamais imaginé que Jésus voudrait s’inviter à demeurer dans sa maison, la maison d’un pécheur — comme les murmures de la foule indiquaient. Mais Jésus l’a cherché, parce qu’il voulait cette rencontre. Ce n’était pas hasard. L’intention de Jésus était atteinte : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison ».

Maximin et Mélanie ne s’attendaient pas à voir une Belle Dame en ce samedi après-midi de septembre 1846. Elle est venue à leur rencontre pour avertir son peuple, pour lui rappeler du péché et la nécessité d’abandonner la méchanceté, ainsi que le besoin de conversion.

Comme membres de la grande communauté salettine, notre propre rencontre avec la Mère en Pleurs nous à transformés, mais parfois nous avons peut-être besoin de nous demander : entendons-nous le reproche ? Avons-nous encore besoin de l’avertissement ?

Il n’existe aucune raison de craindre ces questions. Après tout, l’entier message de Marie avait comme préface : « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur ». Aucun mal, mais plutôt seulement du bien peut sortir de cette rencontre.

Traduction : P. Paul Rainville, M.S.

La bienheureuse humilité

(30e dimanche ordinaire : Exode 17, 8-13 ; 2 Timothée 3, 14 – 4, 2 ; Luc 18, 1-8)

Au chapitre 6 de son évangile, Luc nous donne sa version des béatitudes, où Jésus désigne comme bienheureux ceux qui sont pauvres, affamés, en pleurs et persécutés.

La première lecture de ce jour nous assure que « Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes ». L'auteur semble ensuite se contredire quand il souligne que Dieu entend toujours le cri des opprimés, des orphelins et des veuves, et des humbles. Parmi eux, cependant, il inclut « celui dont le service est agréable à Dieu ».

La bienheureuse Vierge Marie, qui s'est appelée l’humble servante du Seigneur, est l'exemple le plus brillant du service agréable à Dieu. À La Salette, elle nous encourage à suivre son exemple. Le mot qu'elle utilise est : se soumettre.

Nous la prions avec confiance, ainsi que d'autres saints. Leur vie vertueuse mise au service du Seigneur permet à leur voix de se faire entendre en notre faveur, se tenant à nos côtés lorsque, comme le collecteur d'impôts de l'Évangile, nous hésitons à lever les yeux au ciel, et nous disons : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! »

Ce que nous demandons au Seigneur pour nous-mêmes, nous devons être prêts à le donner aux autres. Il y a quelques semaines, une lecture de la messe quotidienne, tirée des Proverbes, se terminait par ces mots : « Qui fait la sourde oreille à la clameur des faibles criera lui-même sans obtenir de réponse ».

Dans la deuxième lecture st Paul, en prison, écrit : « La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné ». Jésus a fait la même expérience avant lui, et bien d'autres depuis. Dans notre monde de plus en plus sécularisé, nous pourrions bien nous retrouver seuls à mener le bon combat, à finir la course et, surtout, à garder la foi.

Lorsque nous voyons quelqu'un traverser seul les épreuves de la vie, nous devons prendre notre courage à deux mains pour le soutenir. Que nos paroles et nos actions reflètent toujours les mots du psaume : « Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Je me glorifierai dans le Seigneur : que les pauvres m’entendent et soient en fête ! » Ne nous abandonnons jamais les uns les autres.

Approchons-nous du Seigneur avec l'attitude d'esprit et de cœur qui le rendra le plus disposé à nous écouter, sans nous exalter comme le pharisien, mais en nous humiliant devant lui.

Traduction : P. René Butler, M.S.

Trouver notre place

(29e dimanche ordinaire : Exode 17, 8-13 ; 2 Timothée 3,14-4,2 ; Luc 18, 1-8)

En 1876, les Missionnaires de Notre Dame de la Salette, qui n'avaient pas encore 25 ans, se trouvaient devant une décision importante. Une proposition a été formulée, visant à développer la Congrégation en deux branches : l'une active dans l'apostolat, l'autre contemplative et pénitentielle. Celle-ci devait fournir un soutien spirituel à celle-là.

L'idée est similaire à ce que nous voyons aujourd’hui dans la lecture de l'Exode. Alors que Josué engageait le combat contre Amalec, Moïse priait depuis du haut d’une colline. Ainsi, chaque fois que les soldats levaient les yeux, ils puisaient du courage en voyant Moïse en prière.

Nous nous tournons souvent vers la Belle Dame en priant : « Notre Dame de la Salette, Réconciliatrice des pécheurs, priez sans cesse pour nous qui avons recours à vous ». Nous savons qu'elle prie constamment pour nous. Elle nous l'a dit elle-même.

Mais nous ne sommes pas des bénéficiaires passifs. Les laïques salettins, en particulier, peuvent assumer des rôles divers. Aaron et Hur dans la première lecture offrent une image particulièrement frappante dans ce contexte. Ils ne suivent pas Josué sur le champ de bataille. Ils ne prient pas comme Moïse. Au contraire, lorsque Moïse laisse tomber ses bras, ils trouvent un moyen original de permettre à Moïse de poursuivre son ministère. Ils soutiennent Moïse et Josué en même temps.

Ce récit de l'Exode est parfois utilisé pour interpréter les paroles de Marie concernant le bras de son Fils. Elle est alors vue comme Aaron et Hur, soutenant le bras de Jésus qui intercède pour nous.

Dans la célébration de l'Eucharistie, le prêtre à l'autel peut être comparé à Moïse sur la colline. Lorsqu'il regarde la congrégation et prie pour elle, il n'est pas seul, mais il est soutenu par le peuple à travers sa participation fidèle et active à une variété de ministères liturgiques et autres dans l'Église.

Êtes-vous comme Moïse ? Le monde a besoin de votre prière, de votre exemple. Le monde a besoin de vous voir sur la colline, les mains levées en prière, pour puiser de la force dans votre exemple et se convertir, afin que nous puissions tous être le peuple que Dieu désire.

Ou êtes-vous plutôt comme Josué, Aaron ou Hur, ou une autre figure biblique ? Nous pouvons tous trouver notre place dans l'Eglise et dans notre monde salettin.

Traduction : P. René Butler, M.S.

La gratitude pour la guérison

(28e dimanche ordinaire : 2 Rois 5, 14-17 ; 2 Timothée 2, 8-13 ; Luc 17, 11-19)

Puisque nous allons réfléchir sur la gratitude, nous commençons par un remerciement à vous tous, nos fidèles lecteurs, et à ceux qui à l’occasion nous envoient des commentaires utiles et encourageants.

Nous allons parler aussi de la guérison. Aujourd’hui, dans la première lecture, un lépreux, Naaman, est guéri, tandis que dans l'évangile, dix lépreux sont guéris. Ce sont des expressions de foi et de gratitude qui suivent ces guérisons.

La Vierge de La Salette pleurait sur la mort des enfants et la famine qui commençait déjà à ravager l'Europe. La cause en était comme une sorte de lèpre, qui touchait les aliments de base plutôt que les personnes. Marie a parlé de blé et de pommes de terre gâtés, de raisins pourris et de noix vermoulues. Le désespoir provoqué par tout ceci était semblable à celui que connaissent les lépreux, et ceci même de nos jours.

Dans une vision prophétique d'abondance, la Belle Dame a promis la guérison de la terre, pour ainsi dire, et la fin de la famine pour son peuple.

De retour chez Élisée, Naaman lui dit : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur ». Remarquons pourquoi, quand et comment sa gratitude est exprimée. Le pourquoi est évident. Le quand : au plus tôt possible. Le comment : en offrant des cadeaux à Elisée, certainement, mais, plus profondément, par sa conversion à la foi d'Israël.

Naaman s'est plongé dans le Jourdain sept fois. Ce geste nous rappelle le baptême ; le nombre nous rappelle les sacrements, rappels perpétuels de notre conversion à l'amour divin.

Les pèlerins de La Salette redescendent souvent à la maison avec de l'eau puisée de la source où Marie est apparue. Naaman a emporté de la terre, « autant que deux mulets peuvent en transporter », afin d’avoir une sorte de tapis pour prier en action de grâce pour la miséricorde divine.

Dans l'Évangile, dix lépreux sont purifiés. L'un d'eux, « voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce ». Jésus lui dit alors : « Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé ».

Purifié, guéri, sauvé. Ce sont les signes, les fruits, et parfois même la cause de la conversion. L'ordre exact a peu d'importance. Ce qui est de plus grande valeur, c'est qu’ayant fait connaissance de première main de la miséricorde divine, nous menions une vie remplie de gratitude et de fidélité.

Traduction : P. Paul Rainville, M.S.

Augmente en nous la foi

(27e dimanche ordinaire : Habacuc 1, 2-3 ; 2, 2-4 ; 2 Timothée 1, 6-14 ; Luc 17, 5-10)

Quand les apôtres demandèrent à Jésus : « Augmente en nous la foi », deux réalités étaient sous-entendues : d’abord, qu'ils possédaient déjà la foi, et, deuxièmement, qu'il était de la responsabilité de Jésus de l’augmenter.

Pourquoi pensaient-ils qu’il ferait cela ? Surement, ils en étaient eux-mêmes responsables. La réponse de Jésus semble presque signifier que leur foi, si véritable, suffirait parfaitement.

Nous reconnaissons quand-même certaines pratiques élémentaires qui peuvent augmenter, voire restaurer, la foi. À La Salette, Marie mentionne la simple prière, soir et matin, l’observance du jour du Seigneur, la fidélité à la discipline du Carême.

Elle dit : « S'ils se convertissent », ce qui pourrait inclure, par exemple, la célébration du sacrement de la réconciliation chaque mois. Celle qui pleure suggère, comme Jésus l'a fait avec la graine de moutarde, que si notre foi était sincère nous pourrions voir des merveilles : les pierres se changeront en monceaux de blé, et les pommes de terre se trouveront ensemencées par les terres.

La conversion peut toujours s’approfondir. La foi peut toujours se fortifier. Même quand le Seigneur regarde avec bienveillance nos efforts, ils ne suffisent jamais sans sa grâce.

Dans la seconde lecture, st Paul dit à peu près la même chose à Timothée lorsqu'il écrit : « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous ». Le Catéchisme de l'Église catholique, dans le tout premier paragraphe, décrit ce don : « Dieu..., dans un dessein de pure bonté, a librement créé l’homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse ».

Dans la première lecture, lorsque le prophète Habacuc semble être à deux doigts du désespoir, le Seigneur lui promet : « Le juste vivra par sa fidélité ». La fidélité, donc, est essentielle à notre vie de foi.

Il en va de même pour l'humilité. Nous voyons cela dans la deuxième partie de l'évangile, une parabole au sujet des serviteurs.

Dans ce passage, Jésus nous dit que nous sommes obligés de dépasser le minimum, qui ne suffit pas. « Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : « ‘Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir’ ».

Jésus ne critique pas nos efforts, mais nous invite à une attitude de serviteur. Quand Dieu demande davantage, donnons davantage. Comme la Vierge, donnons tout ce que nous sommes.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Un cœur de miséricorde

(26e dimanche ordinaire : Amos 6, 1-7 ; 1 Timothée 6, 11-16 ; Luc 16, 19-31)

Nous commençons notre réflexion avec le chant d'entrée d'aujourd'hui : « Tu nous as traités, Seigneur, en toute justice, car nous avons péché, nous n’avons pas écouté tes commandements. Mais, pour l’honneur de ton nom, traite-nous selon la richesse de ta miséricorde ».

Sans nous arrêter trop aux détails techniques de l'origine de la parole, nous pouvons dire que la miséricorde signifie la compassion ou, en termes plus poétiques, un cœur pour les pauvres, les affligés et les pécheurs. C’est ce qui se voit au cœur même des lectures d'aujourd'hui, et de l'Apparition de Notre Dame de La Salette.

La première lecture et l'évangile s’adressent à un grand mal : le fait de ne pas montrer de la miséricorde. Les deux décrivent des personnes qui vivent avec complaisance dans leur propre monde de plaisir, sans se préoccuper de la souffrance des autres. Leur ruine est donc scellée.

Dans la seconde lecture, Paul, agissant en tant qu’entraîneur et directeur spirituel de Timothée, l’appelle homme de Dieu et écrit : « Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur ». Ces qualités doivent forcément inclure la miséricorde.

La Mère miséricordieuse de La Salette avait un cœur pour le pécheur accablé. Son peuple souffrait à cause de ses péchés. Elle est venue montrer qu'ils pouvaient obtenir la miséricorde en retournant au Seigneur et à son Église.

Une scène de l'évangile capta notre attention en particulier. L'homme riche, dans son lieu de punition, s'écrie : « Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise ».

Il était trop tard pour lui, mais il n'est pas trop tard pour nous d'offrir une goutte d'eau de La Salette, parlant figurativement, par notre ministère et notre prière, à ceux qui ont soif de bienveillance humaine et divine.

Cette idée devient plus significative si nous l'appliquons à Dieu. Une seule goutte de miséricorde du doigt de Dieu apporte la fraîcheur et la libération de la souffrance. Une goutte du sang de Jésus, qui nous est donné dans l'Eucharistie, peut nous restaurer à la faveur de Dieu. Il ne faut jamais devenir complaisants à propos de notre participation à la messe.

Et tâchons de désirer un cœur pour les pécheurs affligés, et de devenir des agents de la miséricorde de Dieu où et comme nous le pouvons.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Appelés à rendre des comptes

(25e dimanche ordinaire : Amos 8, 4-7 ; 1 Timothée 2, 1-8 ; Luc 16, 1-13)

Un gérant prend charge de la propriété d'une autre personne. C'est un poste de confiance. Le personnage en question, dans l'évangile d'aujourd'hui, est un gérant malhonnête, auquel le maître dit : « Rends-moi les comptes de ta gestion ».

Dans l'Église, l’idée de gérance s’applique souvent au temps, au talent et au trésor et, de plus en plus, à la planète. Après avoir lu le texte d'Amos comme celui de l'évangile, nous pourrions nous-mêmes ressentir que nous venons de recevoir de Dieu un appel à rendre compte de notre gestion.

Du point de vue salettin, nous pourrions dire que la Belle Dame s'est concentrée sur la gestion du temps. « Faites-vous bien votre prière ? » Bien prier, par exemple, ne signifie pas seulement tâcher d’éviter les distractions. Plutôt Il s'agit de prévoir un temps approprié pour la prière, et de s'assurer de prier du cœur, et pas seulement des lèvres.

Marie a aussi mentionné le jour du Seigneur deux fois. D'abord, parlant comme les prophètes au nom de Dieu, elle dit : « Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l'accorder ». Plus tard, elle affirme que seules quelques femmes un peu âgées vont à la messe pendant l’été, et que quand les autres vont à l'église, ils se moquent de la religion.

Et finalement, « Le carême, ils vont à la boucherie, comme les chiens".

Même en dehors du contexte de la religion, nous devons examiner notre gestion du temps. En admettant, évidemment, des loisirs appropriés, nous ne devons pas dilapider des heures dans des activités — ou de l’inactivité — dont nous ne pourrions pas rendre compte, ou dont nous pourrions avoir honte. Dans notre vie professionnelle, fournissons-nous une journée de travail honnête ?

Pour ce qui est du talent et du trésor, les employons-nous bien pour la communauté chrétienne et pour les nécessiteux qui nous entourent ? Ou bien les dilapidons-nous pour notre propre plaisir avec cupidité, en accumulant un trésor qui ne pourra pas nous suivre à la tombe ?

Comment serait-il pour nous si Dieu nous demandait de rendre le compte complet de notre gestion ? De fait, la question n'est pas hypothétique. Que sera-t-il pour nous lorsque Dieu nous demandera... ?

Nous devons aussi être prêts à rendre compte de la gestion de l’un de nos plus grands dons — notre vocation salettine.

Traduction : P. Paul Rainville, M.S.

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