Aimé et choisi

(6e dimanche de Pâques : Actes 10, 25-48 ; 1 Jean 4, 7-10 ; Jean 15, 9-17)

Jésus dit à ses disciples : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ». Ils le savaient déjà, évidemment, mais en ce moment, à la veille de sa passion, le rappel était important. Ces mêmes paroles ont résonné de tout temps, pour chaque génération de croyants. Cela inclut chacun de nous.

Maximin et Mélanie n'ont pas choisi la Sainte Vierge. C'est elle qui les a choisis. À partir d'eux, son message aussi a porté du fruit qui demeurera.

Ce choix n'est pas exclusif. Dans la première lecture d'aujourd'hui, saint Pierre et ses compagnons, chez Corneille, « furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu. En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu ». Ils ne pouvaient recevoir de meilleure confirmation de la parole de Pierre : « Dieu est impartial ».

Ainsi, nous voyons la vérité exprimée dans le Psaume d'aujourd'hui : « La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu ».

L'Esprit Saint est venu comme un don, apportant d’autres dons que l'Église nomme charismes. Le charisme de la Salette n'est pas une chose choisie pour nous-mêmes. Au contraire, c’est le charisme qui nous a attirés. Nous sommes ses ministres, annonçant la réconciliation par toute la terre.

Mais il ne faut pas oublier les autres lectures d'aujourd'hui, qui parlent toutes de l’amour. Quand Jésus nous dit de nous aimer les uns les autres, il nous en fournit le fondement et le modèle : « comme je vous ai aimés ». Il faut donc d'abord croire qu'il nous aime vraiment, et accepter cet amour. Ensuite, nous devons essayer de l'imiter—un défi dont on trouve écho dans la deuxième lecture.

L'un des plus beaux poèmes d'amour de la littérature commence par ces mots : « Comment je t’aime ? Laisse m’en compter les formes ». Si nous écoutons Jésus de tout notre cœur, pouvons-nous l'entendre compter les formes dont il nous aime ?

En tant que salettins, il nous suffit peut-être de regarder le crucifix qui repose sur le cœur de la Belle Dame. Sur la sainte montagne, elle est apparue au moment et dans le lieu qui avaient besoin d'un message d'amour et de tendre miséricorde.

Que notre prière soit d'accepter l'amour infini de Dieu, et d’en vivre, en glorifiant Dieu en paroles et en action, et en parlant en langues d'amour (avec ou sans paroles).

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Fruit de la vigne ou de l'arbre

(5e dimanche de Pâques : Actes 9, 26-31 ; 1 Jean 3, 18-24 ; Jean 15, 1-8)

Jésus, faisant référence à une scène familière aux gens de son époque, se présente comme une vigne dans le vignoble du Père, et ses disciples comme des sarments. Aujourd’hui, il pourrait utiliser une métaphore différente, un verger, par exemple. Alors il aurait dit : « Je suis l'arbre ».

Tout le reste serait le même : « Le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même... Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit ». Les bonnes branches sont taillées et les mauvaises rejetées.

De même le Père, qui s’occupe de la vigne, s’occupe de l'arbre. Il sait que certaines branches poussent rapidement mais ne porteront jamais de fruit. S’il les laisse pousser, elles épuiseront les ressources des autres. Son expérience lui dicte ce qu’il faut pour la santé de l’arbre, afin de produire des fruits abondants et de qualité.

Jésus semble presque implorer ses disciples quand il dit : « Demeurez en moi, comme moi en vous ». Il se soucie d'eux. À la Salette, la Belle Dame a constaté avec tristesse que certains chrétiens n’entendaient plus cet appel.

Employant le langage de Marie à propos du blé gâté et des pommes de terre pourries, on pourrait dire qu'elle a trouvé que la vigne ou l'arbre avait très besoin d'être taillé et soigné, qu'il était malade et plein des pousses inutiles de l'apathie spirituelle. Elle offre donc le remède nécessaire pour la conversion et la réconciliation, de sorte que nous, les branches, puissions porter fruit de nouveau.

Il y a une autre façon par laquelle la Salette donne l’exemple de ce que la conversion véritable peut faire pour produire de bons fruits. Considérez l’effort missionnaire des communautés religieuses et des mouvements laïcs qui ressortent de l'Apparition. Par leur moyen, plusieurs individus et pays ont reçu la « grande nouvelle » de la Vierge ; la mission a produit beaucoup de fruits de réconciliation.

Si nous privilégions, pour un instant, la métaphore de l'arbre, nous pouvons penser au fruit tombé, que le cultivateur ne jette pas. L’on pourrait en dire autant des personnes marginalisées. Elles doivent être incluses dans notre mission ; comme le dit st Jean dans la deuxième lecture : « N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité ».

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Le Seigneur est mon...

(4e dimanche de Pâques : Actes 4, 8-12 ; 1 Jean 3, 1-2 ; Jean 10, 11-18)

La plupart de nos lecteurs, pour compléter notre phrase titre, mettraient : berger. On serait peut-être surpris que ce jour, souvent appelé dimanche du Bon Pasteur, la Liturgie n’emploie pas le Psaume vingt-deux comme responsorial.

Cependant, tandis que l'Évangile se concentre sur Jésus en tant que pasteur, les autres lectures et le psaume considèrent d'autres images ou titres.

Par exemple, Jésus est la pierre méprisée. Saint Pierre, continuant le discours de notre lecture de la semaine dernière, applique le psaume 117 au peuple qui l’entoure dans le Temple : « La pierre méprisée de vous, les bâtisseurs », signalant ainsi l'attitude hostile de certains parmi le peuple et des chefs vers le Christ.

À la Salette, la Sainte Vierge a donné des exemples de la façon dont son peuple avait méprisé son Fils. Avons-nous, personnellement, mérité ses reproches ? En contemplant le crucifix sur sa poitrine, entendons-nous les paroles de Pierre, lorsqu’il parle de « Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié » ? Si c’est le cas, approchons-nous du Seigneur avec un humble repentir.

Jésus est la pierre d’angle, le fondement de notre foi et de l'Église. Cette image ressemble beaucoup à ce que nous trouvons dans le Psaume 17, où David appelle le Seigneur « ma force, mon roc, ma forteresse, mon libérateur ». Là on se trouve devant Dieu dans une attitude de confiance.

Il en est de même pour nous vis-à-vis du Bon Pasteur, bien que l’orgueil nous tente de procéder suivant notre propre avis, même quand il nous mène sur le chemin du péché. Ne voulant être abandonnes par le Bon Pasteur—souvenez-vous des paroles de Marie : « Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas » —pourquoi oserions-nous l’abandonner ? Nous avons besoin de lui pour nous guider, pour nous nourrir (surtout de l'Eucharistie), pour nous protéger.

Pierre méprisée, pierre d’angle, Bon Pasteur : il ne s’agit pas seulement de nomenclature, mais de notre rapport avec Dieu le Fils.

Certains diraient peut-être : « Le Seigneur est mon ami », non pas comme des égaux, bien sûr, mais en tant que quelqu'un qui se soucie de nous. Le message de la Salette en dit autant.

Réfléchissez-y. Jésus, c’est qui pour vous ? Qui êtes-vous pour lui ? Plus important encore, ressentez-vous profondément son amour pour vous ? Y répondez-vous pareillement ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Avancez

(3e dimanche de Pâques : Actes 3, 13-19 ; 1 Jean 2, 1-5 ; Luc 24, 35-48)

Le titre d'aujourd'hui cite la première parole adressée aux enfants à la Salette. Elle ajoute : « N'ayez pas peur ». Nous reconnaissons le modèle, en ordre inverse, dans les Écritures.

Dans l'Évangile du dimanche précédent, Thomas est invité à s'approcher assez pour toucher les plaies de Jésus. Aujourd'hui, Luc raconte une histoire semblable. Au moment où deux disciples racontaient comment ils avaient rencontré Jésus sur la route d'Emmaüs, le voilà soudain sur place !

Il les rassura : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai ».

Dans les deux récits, les premières paroles de Jésus sont, « La paix soit avec vous ». Il est évidemment possible qu’il s’agisse de la salutation normale, "Shalom", mais le contexte suggère une signification plus riche. L'invitation à toucher est interprétée comme un moyen de restaurer la paix intérieure.

C'est comme si l'Église nous donnait cette semaine une autre chance, une seconde invitation à reconnaître le Christ crucifié, le Christ ressuscité, et nous poussait à désirer plus profondément être ses disciples fidèles.

Le discours de Pierre dans la première lecture d'aujourd'hui signale que ses auditeurs ont manqué d'accepter Jésus comme le Rédempteur et, au contraire, l'ont mis à mort. Mais tout n'est pas perdu. Pierre dit, en effet : « Le salut est possible, même pour vous ». En invitant les gens à se repentir et à se convertir, il les invite à avancer vers celui qui peut leur rendre une vraie paix.

N'est-ce pas ce que nous dit la Vierge ? Le salut est possible, même pour nous. Elle nous rappelle, à sa manière, ce que nous dit la deuxième lecture d’aujourd’hui : « C’est Jésus qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier ».

Ayant calmé la peur de ses disciples, Jésus dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem ». Tous reçoivent l’invitation à s'approcher.

Maximin racontait que, quand Mélanie et lui accoururent vers la Belle Dame, « Personne n'aurait pu passer entre elle et nous ». Elle est venue rapprocher son peuple de son Fils, pour rétablir la paix entre lui et nous. A nous de faire passer ce message.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Pas possible ?

(2e dimanche de Pâques : Actes 4, 32-35 ; 1 Jean 5, 1-6 ; Jean 20, 19-31)

Pour l'apôtre Thomas, chose certaine : Jésus était mort et enseveli. Donc, il serait tout à fait impossible que d’autres aient pu le voir vivant. Les portes de son esprit étaient serrées plus solidement que celles du l’endroit où les disciples étaient réunis, le soir venu, en ce premier jour de la semaine.

Autre chose impossible, présentée comme un fait dans la première lecture. « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. » Et dans le psaume : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

Autant d’éléments qui dépassent la compréhension humaine, donc le psalmiste ajoute : « C’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ». La deuxième lecture le proclame d'une autre manière : « Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi ».

Quiconque voyait l'état de la chrétienté dans la France du XIXe siècle aurait pensé qu'il était impossible que l'Église survive, vu l'hostilité qui l'entourait et la tiédeur de beaucoup de ses adhérents. Mais, comme les Apôtres qui « avec une grande puissance, rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus », la Mère du Seigneur, avec une grande tendresse, appela son peuple à la réconciliation et à la conversion du cœur, au moyen d’un retour fidèle à la prière et à l'Eucharistie.

Le récit évangélique d'aujourd'hui concernant Thomas nous rappelle de ne pas prendre notre foi pour acquise, mais que nous devons la chérir comme l’un des plus précieux et plus beaux dons. En effet, Jésus peut passer à travers les portes verrouillées de l'indifférence, de la complaisance, de l'orgueil, du découragement, etc. Mais insistons-nous à nous poser dans une telle position ?

Jésus a miséricordieusement pris l'initiative de restaurer Thomas à sa juste place parmi les Apôtres. Ensuite il prononça une béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Ça, c'était pour nous.

Le but se trouve très bien exprimé dans la prière d'ouverture d'aujourd'hui : « pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître, et quel sang nous a rachetés ».

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Jamais plus de simples curieux

(Pâques : Actes 10, 34-43 ; Colossiens 3, 1-4 ou 1 Corinthiens 5, 6-8 ; Jean 20, 1-9)

L’on peut imaginer la Semaine sainte comme un voyage ou, mieux encore, comme un pèlerinage vers le tombeau vide. La commémoration de la dernière Cène, le jeudi saint, et de la Passion du Seigneur, le vendredi saint, et surtout la Veillée pascale, ont en vue de renouveler, de renforcer et d’intensifier notre foi.

Aujourd'hui, nous pouvons nous écrier avec le psalmiste : « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! » et « Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur ».

Ici, comme dans la première lecture, nous voyons la notion de témoignage. Dans notre contexte salettin, nous mentionnons Mélanie et Maximin comme témoins de l'Apparition, et en effet ils le furent. Mais n'avez-vous jamais considéré que la Belle Dame elle-même est venue comme témoin ?

« Je suis ici pour vous conter une grande nouvelle », a-t-elle dit ; mais sa nouvelle n’était pas seulement de l’information. Sachant ce qu'elle savait, et voyant ce qui se passait parmi son peuple, elle se sentait chargée de plaider constamment pour nous, tout en s’adressant à nous. Elle rendait témoignage à son Fils crucifié, portant son image sur sa poitrine. Mais la lumière brillante de son crucifix reflétait aussi bien la gloire de la résurrection.

L'Église nous donne à choisir pour la deuxième lecture. Le texte de 1 Corinthiens souligne un mot qui reviendra souvent dans les semaines prochaines : « pascal ». Cela porterait à penser à un rapport avec Pâques. Mais le sens original se réfère à la Pâque.

Ce n'est pas une simple coïncidence que la passion du Christ et sa mort coïncident avec la fête de la Pâque. Il devint notre agneau pascal, de sorte que son sang puisse marquer la porte de nos cœurs et de nos âmes, et que la mort puisse nous dépasser sans nous nuire, et que nous puissions recevoir le don de la vie éternelle du Christ.

Si le Carême a pu occasionner en nous une conversion, imaginez ce que pourrait accomplir la fête de Pâques ? Est-ce que le Saint Esprit agit en nous lorsque nous entrons dans le tombeau vide ? Que dirons-nous à notre retour de là dans notre monde quotidien ? (Imaginez ces gentils, dans la première lecture, qui entendait la prédication de Pierre).

En tant que chrétiens, avons-nous été peut-être de simples curieux ? C’est peut-être le temps pour nous de progresser, de trouver le moyen de partager notre joie de Pâques !

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Humiliation volontaire

(Dimanche des Rameaux : Marc 11, 1-10 ; Isaïe 50, 4-7 ; Philippiens 2, 6-11 ; Marc 14–15)

Jésus a anticipé les acclamations de la foule qui l’admirait. Il a même prévu une monture afin d’être plus visible. La foule était ravie de l'accueillir comme leur chef, leur héros.

Jésus accepta tout cela.

Il a aussi bien anticipé la trahison de Judas, le reniement de Pierre, la fuite des disciples, la moquerie de ses ennemis, l'accomplissement de la prophétie d'Isaïe à propos du Serviteur souffrant, dans la lecture de l'Ancien Testament, aujourd'hui : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats ».

Tout cela, Jésus l’accepta.

Les gens apprécient peu la faiblesse d'un héros, donc il n'est pas étonnant de voir l'adulation de la foule changée en appel à la mort de Jésus. Sa disgrâce fut telle qu'ils réclamèrent un nouveau héros, « un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute ».

Ce qu'ils ne savaient pas et ne pouvaient pas comprendre, c'est que toute cette humiliation était prévue. St Paul écrit que le Christ Jésus s'est vidé et humilié volontairement, échangeant sa « condition » de Dieu contre celle d'un esclave, par obéissance, comme le précise l'Évangile, à la volonté du Père.

« C'est pourquoi, ajoute-t-il, Dieu l’a exalté... afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse et que toute langue proclame : Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».

Pour cela, il nous faut « le langage des disciples, » comme le Serviteur souffrant d'Isaïe. Il ne s’agit pas ici du don de l'éloquence, mais de « pouvoir, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé ». Cela devrait être naturel pour nous salettins, si nous adoptons l'attitude de la Belle Dame.

Même si l'expression de notre foi se trouve rejetée, nous retenons la même confiance que le Serviteur de Dieu : « Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages... je sais que je ne serai pas confondu. »

Aurions-nous rejoint la foule pour réclamer la mort de Jésus ? Qui pourrait le dire ? La question plus importante demeure : est-ce que, aujourd'hui, nous sommes prêts à suivre son exemple d'humilité et d'obéissance ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

L’Esprit généreux

(5e dimanche de Carême : Jérémie 31, 31-34 ; Hébreux 5, 7-9 ; Jean 12, 20-33)

Etes-vous surpris de lire dans la Lettre aux hébreux que Jésus, « bien qu’il soit le Fils, apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu la cause du salut éternel » ? N'a-t-il pas toujours été le Sauveur parfait et obéissant ?

Depuis le début du Carême, nous nous efforçons consciemment d’atteindre la perfection et la sainte obéissance, nommée aussi la soumission. Nous connaissons l’effort pour mettre de côté nos impulsions et nos obsessions, pour "tomber en terre et mourir", comme le dit Jésus dans l'Évangile d'aujourd'hui. Mais si nous considérons l’entreprise comme une tâche que nous devons accomplir personnellement, dans l’espoir que, arrivés à Pâques, nous pourrons dire, « Nous avons réussi », alors nous ne comprenons pas de quoi il s’agit.

Considérez les autres lectures, surtout le Psaume. « Pitié pour moi, mon Dieu... efface mon péché... Lave-moi de ma faute, purifie-moi de mon offense. Crée en moi un cœur pur... renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint... que l’esprit généreux me soutienne. » Notre rôle en tout cela consiste à nous humilier paisiblement devant le Dieu qui nous aime. C'est lui qui accomplit toute la tâche.

Ce n'est qu'après tout cela que le psalmiste prend la résolution : « Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés » —une pensée précieuse à tout cœur salettin. La célébration joyeuse, même si parfois difficile, du sacrement de la réconciliation, peut faciliter cet effort.

Dans les paroles de Jérémie, aussi, nous voyons que le tout dépend de Dieu. « Je conclurai une alliance nouvelle... Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur... Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés ». Le tout en vue d’un seul but : « Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ». La Belle Dame vient en vue de renouveler cet espoir en nous.

Juste avant la communion, l’une des prières proposées au prêtre se termine par les paroles : « fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi ».

Cela fait écho aux paroles de Jésus : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur ». En portant l'image de son Fils parfait, obéissant et crucifié, Marie nous invite à nous tenir avec elle au pied de la croix.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Monter à nouveau vers Jérusalem

(4e dimanche de Carême : 2 Chroniques 36, 14-23 ; Ephésiens 2, 4-10 ; Jean 3, 14-21)

Cyrus, roi de Perse, respectait les cultures et les religions des peuples de son empire. Mais il a dû recevoir une révélation de quelque sorte du Dieu d'Israël, car il a écrit : « Le Seigneur [il se sert du nom YHWH], le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ».

Il autorise les exilés juifs dispersés à travers son vaste royaume à retourner, c'est-à-dire à remonter à Jérusalem. Le psaume d'aujourd'hui reflète le temps de l'exil et démontre combien Jérusalem était précieuse pour le peuple de Dieu.

Monter à nouveau vers Jérusalem nous fournit une image bien appropriée du Carême. Vers indique un but. A nouveau signifie un retour, la conversion. Monter suggère de l’effort. Le Carême suppose tout cela.

Commençons par l’idée de l’effort. L'un des plus précieux dons reçus de Dieu est la liberté, que nous défendons à juste titre pour nous-mêmes et pour les autres. Mais st Paul nous rappelle aujourd'hui : « C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions ». Adapter notre volonté à la volonté divine exige un certain prix.

Le retour, dans le langage du Carême, c’est revenir à notre Sauveur. Un seul exemple tiré des Écritures servira : « J’efface tes révoltes comme des nuages, tes péchés comme des nuées. Reviens à moi, car je t’ai racheté » (Isaïe 44, 22).

Le but, enfin, n'est pas un endroit, ni un travail. Il s’agit d’un temps—longtemps passé ou récent—où nous reconnaissions le plus profondément la vérité énoncée dans l'Évangile d'aujourd'hui : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ». En redécouvrant cela pour nous-mêmes, ne voudrions-nous pas que chacun de nos familiers le sache ?

Le message de la Salette contient tous ces éléments. Il y a des phrases difficiles à comprendre et à accepter. C'est un appel à retourner vers Dieu. Cela suppose un but général, et un autre plus spécifique.

En tant que salettins, ne trouverons-nous pas « la bonne œuvre que Dieu a préparée d’avance pour que nous la pratiquions » dans les paroles de Marie : « Faites-le passer à tout mon peuple » ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Le Seigneur notre Dieu

(3e dimanche de Carême : Exode 20, 1-17 ; 1 Corinthiens 1, 22-25 ; Jean 2, 13-25)

Vous souvenez-vous de la réponse de Dieu à Moïse qui lui demandait son nom ? Le Seigneur a répondu catégoriquement : « Je suis qui je suis », et il ordonna à Moïse de dire au peuple : « Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS ».

Aujourd'hui, nous lisons : « Je suis le Seigneur ton Dieu... Moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux ». Il est surprenant d'apprendre que dans le texte hébreu, le verbe "être" n'apparaît pas ici. Mais notre grammaire l'exige, donc le traducteur l’introduit dans le texte.

En théorie, vu l'absence du verbe, on pourrait traduire le texte par « était » ou « sera » ou bien d'autres variantes. L'important c’est de reconnaître le Seigneur comme celui qui est, qui était, qui sera, pourrait être, etc., qui EST, au sens le plus absolu, notre Dieu.

Le Seigneur est Dieu, tout court, mais aussi et, de notre point de vue, plus important encore, il est Dieu pour nous. « Je suis le Seigneur TON Dieu ». Notre foi se fonde solidement sur ce premier commandement. On ne doit servir aucun autre dieu, ni adorer des idoles. Voilà le fondement de tous les commandements.

Notre Dame de la Salette a parlé explicitement du deuxième et du troisième commandement. Il est cependant évident qu’un peuple qui viole ceux-là a rejeté le premier. Des idoles ont remplacé le Seigneur leur Dieu.

De ce point de vue, le Carême est un temps parfait pour réfléchir sur l'état de notre relation avec notre Dieu. Dans quelle mesure avons-nous été fidèles ? A quel point avons-nous créé d’idoles et fléchi le genou devant elles ?

Partageons-nous l'enthousiasme du Psaume d'aujourd'hui pour la loi, la charte, les préceptes, les décisions du Seigneur ? Sont-elles pour nous plus désirables que l’or, plus savoureuses que le miel ? Ou sont-elles plutôt scandale et folie, aussi difficiles pour nous à accepter que l'idée d'un Messie crucifié au temps de st Paul ?

Le psalmiste aimait la loi, non en tant que juriste, mais parce que c'était la loi DU SEIGNEUR, qu'il aimait de tout son cœur. De même, la Belle Dame nous rappelle aux commandements à cause de son amour, pour nous et pour son Fils.

Elle nous montre que si nous désirons un lien d'amour avec Dieu, et si nous nous inclinons (c.-à-d. nous nous soumettons) devant lui seul, alors le reste suivra.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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