De la misère à la gloire

(2e dimanche de l'Avent : Baruch 5, 1-9 ; Philippiens 1, 4-6, 8-11l Luc 3, 1-6)

Le début du texte de Baruch, aujourd'hui, est merveilleux : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours ». De fait, le texte entier déborde d'espoir et de consolation.

Dépendant de nos situations, nous pourrions remplacer Jérusalem par notre propre nom, ou notre famille ou un autre groupe. Dans toute vie Il vient des moments où nous devons rejeter la robe de la misère. Dieu désire la joie pour nous.

St Paul écrit aux Philippiens : « A tout moment, chaque fois que je prie pour vous tous, c’est avec joie que je le fais... Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important ».

Jean-Baptiste se présente dans l'Évangile, « en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». Marie est venue à la Salette en pleurs, mais elle aussi apportait de l'espoir et laissa un message de réconciliation. Dans les paroles du psaume, elle voulait « ramener les captifs, comme les torrents au désert ».

En plus, considérez combien de paroles du psaume d'aujourd'hui peuvent facilement s’associer au message de la Belle Dame : larmes, semence, récolte, etc.

L’on pourrait en dire de même de la première lecture. Marie se présente en attitude de deuil aussi bien que dans la splendeur de la gloire. Elle se tient sur les hauteurs, son regard sur ses enfants—les deux innocents près d’elle, aussi bien que son peuple égaré qu'elle désire rassembler « à la lumière de gloire de Dieu, avec sa miséricorde et sa justice ».

De la même façon, en tant que réconciliateurs, nous devons aussi prendre place sur les hauteurs. Comme nous dit Jésus dans le Sermon de la montagne, « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée... De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Matthieu 5, 14, 16).

Puissions-nous tous être revêtus de justice et de miséricorde, portant sur nos têtes « le diadème de la gloire de l’Éternel ». De cette façon nous pouvons espérer attirer d’autres au Christ et, selon la parole de saint Paul, les aider à « discerner ce qui est important ».

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Enseigne-moi tes voies

(1er dimanche de l'Avent : Jérémie 33, 14-16 ; 1 Thessaloniciens 3, 12-4, 2 ; Luc 21, 25-36)

Nous commençons, aujourd'hui, l'année C du cycle liturgique de trois ans. Nous y avons déjà passé, et nous verrons du familier. Quand même, c'est une nouvelle année, un nouveau chemin, car nous avons changé, ainsi que le monde qui nous entoure.

Tout voyage a un point de départ et une destination finale. Faisons nôtres les paroles du Psaume d'aujourd'hui : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi ». Nous ne voulons pas nous égarer.

Nous ferons plusieurs arrêts lors de notre voyage : d’abord à Bethléem, où nous célébrerons la venue du Messie promis.

Dans la première lecture nous entendons : « Voici venir des jours où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël... Je ferai germer pour David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice ». Celui qui doit venir enseignera par la parole et par l'exemple.

À la Salette, la Mère en pleurs est apparue à deux enfants pour livrer un message d'espoir, à savoir que les promesses seraient réalisées. Elle offrait des conseils à un peuple qui ne faisait pas ce qui était juste et bon. Il poursuivait une voie qui ne conduisait pas vers Dieu mais s'en éloignait.

Marie demande de nous la fidélité dans la prière. Nous devons vouloir prier dignement, c'est-à-dire du cœur, en demandant toujours à Dieu de diriger nos pas dans la voie qui mène à lui.

La seconde lecture est tirée de la Première lettre de Paul aux Thessaloniciens, qui abonde en instruction en vue de maintenir la jeune communauté chrétienne sur le bon chemin. Ici, dans le contexte du retour du Christ, nous lisons : « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant ». Cela nous rappelle que nous sommes liés à d’autres qui se trouvent dans la même voie.

Jésus nous dit d'être vigilants. « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie ». Nous ne devons pas dévier de la voie qu'il nous enseigne et où il nous guide.

La grande part des lectures de l'Évangile pour l'année C seront tirées de l'Évangile de Luc. Permettons-lui d'être notre guide, nous conduisant sur un chemin vers Dieu, source de notre bien et de notre espoir.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Roi pour Toujours

(Le Christ Roi : Daniel 7, 13-14 ; Apocalypse 1, 5-8 ; Jean 18, 33-37)

Alpha est la première lettre de l’alphabet grec, Oméga la dernière. Dans le Nouveau testament (en grec), ces lettres se trouvent seulement dans l’Apocalypse, toujours ensemble, prononcées par Jésus qui dit, « Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga ».

Dans chaque cas, elles s’accompagnent d’une phrase semblable à celle que l’on voit dans la deuxième lecture : « Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers ». Ailleurs dans l’Apocalypse, Jésus est nommé Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Toutes ces idées, ensemble, exprime son domaine universel.

Daniel, dans la première lecture, au sujet du Christ, proclame prophétiquement : « Sa royauté ne sera pas détruite ». Dans le Credo nous prononçons, comme en écho, les paroles de l’ange Gabriel à Marie, « Son règne n’aura pas de fin ».

Dans la plupart du monde moderne, les monarchies ont été remplacées par des républiques avec des formes diverses de démocratie. Les chrétiens individuels, aussi, tout en appelant Jésus Seigneur, l’imaginent ordinairement vêtu comme les gens de son époque plutôt que vêtu royalement. Certains le voit plus facilement comme frère ou ami, et pourraient prendre offense de voir le Christ vêtu en roi.

La dernière monarchie française était en voie d’extinction à l’époque de l’Apparition de Notre Dame de la Salette. En ce même temps la religion était ignorée, attaquée même, dans de grands secteurs de la population. Tout ce qui était vue comme domination était rejeté.

Marie n’est pas venue en vue de restaurer une monarchie d’aucune sorte. Elle nous montre son Fils en croix, dénué, portant une couronne d’épines. Se soumettre à lui n’était pas simplement se soumettre à son autorité, mais plutôt à son amour infini et a sa miséricorde sans fin.

Aujourd’hui, en plusieurs endroits et de diverses manières, il y a un effort pour rejeter la foi chrétienne de la vie publique. Jésus se trouve pour ainsi dire devant un nouveau Pilate, insistant de nouveau : ” Ma royauté n’est pas de ce monde ». Son royaume n’est pas domination.

Il ajoute : « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix ». C’est là que nous intervenons. Avec notre charisme de réconciliation, et notre tradition salettine de pénitence, de prière et de zèle, témoignons toujours de sa vérité. Alors que nous arrivons la fin de cette année liturgique, prions pour que son royaume demeure pour toujours dans nos cœurs.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Rassemblés dans l'espérance

(33e dimanche ordinaire : Daniel 12, 1-3 ; Hébreux 10, 11-18 ; Marc 13, 24-32)

Daniel prophétise, aujourd'hui, « un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent ». Jésus décrit des signes alarmants qui précèdent les derniers temps. La tentation pourrait se présenter d’établir une corrélation entre ces lectures et notre époque.

Le cas échéant, ce ne serait pas la première fois. En effet, rares sont lest temps, dans l’histoire de l’Eglise, où les persécutions, les désastres naturels, les épidémies, etc., n’ont pas été interprétés comme des signes de la seconde venue du Christ.

Ce n’est pas un mal. Cela sert de rappel à chaque génération d’être constante dans sa foi, tout en anticipant joyeusement le retour de notre Sauveur qui a offert le sacrifice sanglant pour nous racheter du péché.

Aujourd’hui la prière d’ouverture de la liturgie demande à Dieu de nous donner « de trouver notre joie dans notre fidélité ». Combien d’entre nous ont trouvé cela ? A la Salette, Marie a remarqué que très peu de gens participaient à la messe. La France de 1846 n’était pas connue pour sa ferveur religieuse. Au contraire elle souffrait de ce qu’on pourrait nommer le Trouble déficitaire de la foi (TDF).

La Belle Dame propose une espèce de thérapie pour le TDF : prière, Carême, respect du jour et du nom du Seigneur. Toujours attentive aux besoins de son peuple, elle parle non seulement d’événements épouvantables, mais elle offre de l’espérance aussi bien.

Daniel écrit de « tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre ». Jésus dit : « Le Fils de l’homme... enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel ». Marie utilise des mots simples pour exprimer la même réalité : "Mes enfants... mon peuple".

Elle connait bien la merveilleuse vérité qui se trouve dans le Catéchisme de l’Eglise catholique : « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher » (n. 27).

Le psalmiste se réjouit de nommer le Seigneur « mon partage et ma coupe ». Toutes les lectures d’aujourd’hui nous dirigent ver le Dieu qui nous a créés à son image et qui désire nous attirer à lui-même. Solides dans notre foi, nous ne craignons pas sa venue.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La pleine mesure

(32e dimanche ordinaire : 1 Rois 17, 10-16 ; Hébreux 9, 24-28 ; Marc 12, 38-44)

« Tiens, mon enfant, mange encore du pain cette année, car je ne sais pas qui va en manger l'an qui vient si le blé continue comme ça ! » Lorsque la Belle Dame rappela à Maximin ces paroles prononcées par son papa, le garçon avoua candidement : « Oh oui, Madame, je m'en souviens à présent. Tout à l'heure, je ne m'en souvenais pas ».

Marie est apparue à un peuple qui n'avait plus que sa dernière mesure de blé, de pommes de terre, de raisins et de noix. Il regardait la famine en face. Mais sa foi était faible, et il ne savait pas vers qui se tourner.

Telle était la situation de la veuve de la première lecture. Mais sa confiance dans la promesse du prophète l'a incitée à lui laisser la dernière mesure de nourriture. Dans l'Évangile également, une autre veuve, dont nous ignorons l'histoire, a donné au temple la dernière mesure de ses moyens personnels. Jésus attire l'attention de ses disciples sur elle, montrant la valeur de la vraie générosité animée par la foi.

Dans la deuxième lecture, l'auteur parle du Christ : « C’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice ». C'est Jésus tel que Marie nous le montre à La Salette : son Fils, donnant la dernière mesure de son amour, le prix de notre rédemption.

Le crucifix nous appelle à faire de même, à donner non pas de notre superflu, mais généreusement, de nos ressources, de notre temps ou de nos talents. Plus nous reconnaissons ce que nous avons reçu, plus nous devrions être disposés à partager. Dans Luc 6, 38, Jésus dit : « La mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous ».

Il se peut que nous n'ayons aucune de ces choses à donner. Mais nous partageons le sacerdoce du Christ, et dans l'Eucharistie, nous offrons ce que lui a offert.

Il y a toujours quelque chose que nous pouvons faire. Regardez le psaume d'aujourd'hui. Parmi les actions miséricordieuses de Dieu, nous trouvons : « Le Seigneur garde à jamais sa fidélité... le Seigneur aime les justes ». Nous pouvons favoriser des attitudes de confiance, en priant pour ceux qui servent les autres. Nous pouvons pardonner, et accepter le pardon.

Il se peut que la pleine mesure ne soit jamais exigée de nous. Cependant, Marie nous supplie de nous soumettre à son Fils, et de faire confiance à sa promesse d'une moisson abondante et d'une miséricorde abondante. Quelle est la valeur de cette promesse pour nous ?

Traduction : P. René Butler, M.S.

Les plus grands commandements

(31e dimanche ordinaire : Deutéronome 6, 26 ; Hébreux 7, 23-28 ; Marc 12, 28-34)

Lorsque nous voyons des représentations des tablettes des dix commandements, assez souvent l'une d'elles montre nos obligations envers Dieu et l'autre, nos devoirs envers le prochain.

La question du scribe dans l'Évangile d'aujourd'hui et la réponse de Jésus n'abordent pas ceux-là. En fait, il n'y a pas de controverse quant à savoir lequel des dix était le premier. La question concernait plutôt de savoir lequel des plus de six cents commandements et statuts de la Loi était le plus important.

La réponse de Jésus est tellement importante que l'Église nous en donne la source dans la première lecture, et le scribe reprend ce que dit Jésus. Nous voyons ici, aussi, un exemple encourageant de ce que cela signifie d'être en harmonie avec l'enseignement du Christ, quand Jésus : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu ».

À La Salette, la Sainte Vierge a aussi bien reflété le même message, bien que dans une perspective différente. Elle a montré qu'en ne donnant pas au Seigneur le jour qu'il s'était réservé, et en abusant de son Nom, son peuple n'aimait pas Dieu.

Dans son message, la Belle Dame s’occupe explicitement des commandements de la « première tablette ». Il serait évidemment absurde de penser que nos devoirs envers notre prochain n'ont aucune importance pour elle. Dans son discours, l'épisode de la Terre du Coin démontre tout au moins la responsabilité des parents envers leurs enfants.

La question du « deuxième » commandement n'a pas été adressée à Jésus. C'est lui qui l'ajouta : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18). Le premier et le second sont tellement intégrés et connectés dans la vision chrétienne que chacun mène à l'autre, chacun prend sa source dans l'autre.

Il s'ensuit que quand nous acceptons le message de Marie et répondons à ses larmes et à ses paroles, alors nous voulons la réconciliation avec Dieu et avec le prochain. Ainsi, en poursuivant notre marche vers la sainteté, nous nous soumettons à l'appel et au charisme de La Salette.

Notre cœur désire profondément proclamer avec le psalmiste : « Je t'aime, Seigneur, ma force ». Mais il faut vraiment le désirer, et le vivre. Jésus est « capable de sauver d’une manière définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu » (deuxième lecture). Quand nous l'aimons, lui et le prochain, nous espérons l'entendre nous dire : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu ».

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Une prière remplie de joie

(30dimanche ordinaire : Jérémie 31, 7-9 ; Hébreux 5, 1-6 ; Marc 10, 46-52)

L'histoire de l'aveugle Bartimée nous fournit un rappel éloquent de la place de la joie dans la vie chrétienne. Dès qu'il a pris conscience que Jésus passait par là où il se trouvait, une transformation joyeuse s'est opérée en lui, causée par la foi et l'espérance. Il a bien prié, à pleine voix !

Il est parfois difficile de maintenir une disposition positive et joyeuse durant la prière. Évidemment, il n'est pas question de prétendre à la joie quand nous ne l'avons pas. Mais dans notre prière, nous pouvons faire l'effort de mettre momentanément de côté nos peurs et nos inquiétudes—comme Bartimée jetant son manteau—afin de trouver la source de notre joie dans notre foi et de l'apporter à notre prière.

Notre Dame de la Salette est venue apparaître à deux enfants là où il n'y avait pas beaucoup de joie. Son peuple ne s'était pas tourné vers le Seigneur dans le besoin, mais avait laissé cela à « quelques femmes un peu âgées » qui priaient et allaient à la messe. Même si Marie s'est présentée comme la Mère en pleurs, son intention était d'indiquer le chemin pour sortir de la tristesse et du désespoir.

Le psaume d'aujourd'hui est plein d'expressions de joie. Il reflète le retour de l'exil. Nous trouvons la même chose dans la première lecture : « Poussez des cris de joie pour Jacob, acclamez la première des nations ! Faites résonner vos louanges et criez tous : Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël ! »

Nous ne sommes pas un peuple d'exil, mais nous avons parfois le sentiment d'être perdus. Dans ces moments-là, le pire serait de nous isoler de notre foi ou de notre communauté de prière, où Jésus est notre grand prêtre qui se donne à nous comme notre pain de vie.

Le psalmiste dit : « Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie... il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes ». Espérons que les larmes de la Vierge à La Salette nous conduisent à la joie qui nous viendra lorsque nous récolterons la moisson des promesses qu'elle nous a faites.

Et encore, « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! » Nous pourrions dire de même, en nous arrêtant pour y penser. Nous pourrions composer notre propre psaume de louanges et d'actions de grâce, et le réciter souvent.

Et si l'occasion se présente, qu'est-ce qui nous empêcherait de le partager avec nos familiers ? La joie est contagieuse. Répandons-la où nous le pouvons.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La souffrance rédemptrice

(29e dimanche ordinaire : Isaïe 53, 10-11 ; Hébreux 4, 14-16 ; Marc 10, 35-45)

Assez souvent, les gens égoïstes consentent à faire quelques sacrifices pour atteindre leurs buts. Ce faisant, certains peuvent abandonner des amitiés ou des valeurs dans leur poursuite d'avantages personnels.

S'il était possible de réduire toutes vos prières à une seule, quelle serait-elle ?

Nous savons que nos prières, même quand nous demandons ce dont nous avons besoin, ne doivent pas être centrées uniquement sur nous-mêmes. Nous pouvons comprendre la réaction des autres apôtres quand, dans l'Évangile d'aujourd'hui, Jacques et Jean ont fait leur demande essentiellement égoïste à Jésus. Celui-ci, à son tour, a critiqué les dix pour leur jalousie. Alors il leur a enseigné à tous les leçons du service et de la souffrance rédemptrice.

La Belle Dame, qui a collaboré à l'œuvre de salut de son Fils sur le Calvaire, a décrit la peine qu'elle a prise pour nous. « Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Elle se trouvait prise, en quelque sorte, entre son Fils bien-aimé, l’offensé, et son peuple bien-aimé, l'offenseur.

Nous avons tous lu le récit de ses paroles et de son attitude à La Salette. Mais qu'en est-il de son rapport avec Jésus avant l'Apparition ? Sa prière n'était pas ordinaire. En Joël 2, 17, nous lisons : Les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer et diront : Pitié, Seigneur, pour ton peuple ! » La prière de Marie fut sans doute encore plus intense. Imaginez la scène, si vous le pouvez.

Nous pouvons joindre notre prière à la sienne, en criant : « Seigneur, prends pitié ! Christ, prends pitié ! Seigneur, prends pitié ! » Nous le récitons à chaque messe, dans le cadre du rituel ; mais plus nous sommes conscients de notre besoin de pardon, ou de l'aide de Dieu dans les moments difficiles, plus nous pourrons apprécier la signification de ces mots, lorsque nous implorons le Seigneur de ne jamais nous abandonner.

Nous pouvons aussi offrir de faire notre part, en unissant nos peines quotidiennes, qu'elles soient physiques, psychologiques ou spirituelles, à la souffrance rédemptrice de Jésus. Comme le dit l'auteur de la Lettre aux Hébreux dans la deuxième lecture d'aujourd'hui, « Nous n'avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses ».

Jésus a déjà payé le prix de notre rédemption. Ce que Marie nous demande à La Salette semble bien peu si nous voulons participer à la grande miséricorde qui nous attend.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Encore sur la prière

(28e dimanche ordinaire : Sagesse 7, 7-11 ; Hébreux 4, 12-13 ; Marc 10, 17-30)

Très souvent, dans ces réflexions, nous faisons allusion à la question de Marie : « Faites-vous bien votre prière, mes enfants ? » Elle conclut cette partie de son discours par : « Quand vous pourrez mieux faire, dites-en davantage ». Mais la prière n'est pas que des mots.

Nous savons tous combien la communication est importante. Les relations humaines ne peuvent pas survivre longtemps sans elle. Elle comprend la parole et le langage corporel. Elle contient des informations, des préoccupations, des questions, des demandes, etc. Tous ces éléments font partie de l'événement de La Salette.

La communication avec Dieu est essentielle à la vie chrétienne. Elle nous permet de demander ce dont nous avons besoin, et de nous ouvrir aux dons que Dieu souhaite nous faire. « Faites-vous bien votre prière ? » est une autre façon de demander : « Êtes-vous prêt à accepter que Dieu transforme votre cœur ? » Réciter des prières est une bonne chose, bien sûr ; elles nous mettent en présence du Seigneur et préparent le terrain pour son action.

L'auteur du Livre de la Sagesse l'avait compris. « J'ai prié, et la prudence m'a été donnée ». La prudence, selon le Catéchisme de l'Église catholique, est plus que de faire attention. C'est « la vertu qui dispose la raison pratique à discerner en toute circonstance notre véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir ».

Ainsi, nous ne pouvons pas exercer la prudence sans vouloir connaître la volonté de Dieu, et lui obéir. Nous devons la préférer à l'or, aux pierres précieuses, à la santé ou à la beauté.

Ce qui nous amène à l'Évangile et à l'homme riche qui est venu à Jésus avec une prière en forme de question : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Jésus répondit à cette question par une autre, et fut si satisfait de la réponse de l'homme, que Marc nous dit : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : Une seule chose te manque ».

Si nous nous mettons à la place de l'homme, quelle est la chose qui nous manque ? Lorsque nous entrons dans la prière et apprenons à bien prier, Dieu est bien là et peut pénétrer dans nos cœurs par sa parole « vivante et énergique » (deuxième lecture). L'homme « s'en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Ferons-nous de même, pour d'autres raisons ?

Dans la prière, nous ne sommes pas seuls. Notre Mère qui pleure intercède puissamment pour nous. Soyons reconnaissants, aussi, que Jésus nous regarde et nous aime, et nous indique ce que nous devons faire pour le suivre.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Jamais seuls

(27e dimanche ordinaire : Genèse 2, 18-24 ; Hébreux 2, 9-11 ; Marc 10, 2-16)

Dieu créa l'homme à son image, selon sa ressemblance. Dans la lecture d'aujourd'hui de la Genèse, les paroles de l'homme, « voilà l’os de mes os et la chair de ma chair », signifient la même chose. Une connexion intérieure profonde est le fondement d'une saine intimité.

Dieu demeure dans l'union mystérieuse que nous appelons la Trinité. Dans le prologue de l'Évangile de Jean, nous lisons : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ». Aussi savait-il bien : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul », et il a créé la meilleure aide possible pour lui.

Dans l'Évangile d'aujourd'hui, Jésus dit que la Loi permettait le divorce « en raison de la dureté de vos cœurs ». Ce n'était pas ce que Dieu envisageait dans la Genèse.

À la Salette, la Belle Dame est venue en pleurant, parce que son peuple avait endurci son cœur. Par leurs paroles et leurs actes, ils avaient provoqué une telle séparation entre eux et Jésus, que l'on peut parler de divorce ! Et pourtant, comme nous le voyons dans la deuxième lecture, il veut l'union avec nous, au point de consentir à s'humilier pour nous, et même à accepter la mort.

Il n'est pas bon pour nous de nous séparer de l'amour de Dieu. Cette vérité est au cœur du message de La Salette. Et en tant que salettins, nous pourrions ajouter : « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous ; en nous, son amour atteint la perfection » (Acclamation de l'Évangile). En ayant Marie comme guide, nous pouvons aimer tous ceux qui nous entourent, tout en vivant notre foi catholique et en essayant d'être un exemple du message de conversion et de réconciliation.

Dans la première lecture, l'homme nomme toutes les créatures que Dieu a créées pour lui comme compagnons possibles. Cela suppose un certain pouvoir sur elles. Quand nous nommons un enfant, ou même un animal de compagnie, nous indiquons qu'il nous appartient. Mais en même temps, nous créons un rapport avec lui et nous en acceptons la responsabilité. Il en est ainsi de toute la création de Dieu.

À la fin de l'Évangile de ce jour, Jésus accueille les enfants. « Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains ». Puissions-nous toujours faire l'expérience de son amour et lui permettre de poser sur nous ses mains percées de clous, alors que nous nous efforçons de vivre plus intimement avec lui, pour ne jamais nous éloigner de lui.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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