Lettre - Pâques 2024
Sainte Pâques 2024 « Notre Rédempteur est ressuscité des morts : Chantons des hymnes au Seigneur notre Dieu, Alléluia » (Extrait de la liturgie) Chers frères, Avec l’arrivée de la Sainte... Czytaj więcej
Lettre - Pâques 2024
Sainte Pâques 2024 « Notre Rédempteur est ressuscité des morts : Chantons des hymnes au Seigneur notre Dieu, Alléluia » (Extrait de la liturgie) Chers frères, Avec l’arrivée de la Sainte... Czytaj więcej
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Paradoxal
(Dimanche des rameaux : Marc 11, 1-10 ; Isaïe 50, 4-7 ; Philippiens 2, 6-11 ; Marc 14, 1—15, 47)
Les lectures du Dimanche des rameaux créent des combinaisons inattendues. Dans le premier passage évangélique, Jésus est reconnu par la foule comme celui qui vient au nom du Seigneur, devant lequel ils crient ‘Hosanna’. Plus tard, la foule réclame sa crucifixion. Au Calvaire, le centurion romain qui surveille la crucifixion de Jésus est porté à croire que Jésus est le Fils de Dieu.
Le Psaume, qui commence par un cri de désespoir célèbre, se termine sur une note d'exultation. Le serviteur de Dieu décrit par Isaïe, outragé, mais croit fermement qu'il ne sera pas confondu. Et saint Paul dépeint Jésus comme anéanti et abaissé, obéissant jusqu'à la mort, mais aussi exalté, doté du Nom qui est au-dessus de tout nom—Seigneur.
Il ne devrait pas nous surprendre de trouver des associations similaires à La Salette. Marie apparaît enveloppée dans la lumière céleste, mais elle pleure. Elle parle des conséquences désastreuses de la foi perdue, et pourtant le fait avec une infinie douceur. Elle donne une mission importante à deux enfants qui peuvent à peine donner un sens à ce qu'elle leur a dit.
Quand nous regardons l'Église, nous trouvons la même chose. Le brillant auteur anglais G.K. Chesterton (1874-1936) a souligné plusieurs paradoxes que l'on trouve dans l’Église : diversement critiquée comme ‘l’ennemie des femmes et leur refuge imbécile’, puis, ‘pessimiste solennelle et optimiste niaise’, qui a produit ‘des farouches croisés et ses saints pacifiques’. La liste est longue. Il résume ses pensées avec le paradoxe central de la théologie chrétienne : « Le Christ n'était pas un être séparé de Dieu et de l'homme, comme un elfe, ni un être moitié homme, moitié autre chose, comme un centaure ; mais les deux choses à la fois, et les deux choses, entières : vrai homme et vrai Dieu. »
Cette union de ‘vrai homme et vrai Dieu’ est en effet au centre même de notre foi. Difficile à comprendre, nous le proclamons pourtant dans notre credo.
Ce ne sont pas simplement des rêveries théologiques. Ils en disent beaucoup sur nous aussi. En tant que chrétiens, nous sommes un paradoxe ; nous sommes conscients des contradictions en nous-mêmes, pécheurs et saints que nous sommes, individuellement et en tant qu'Église. L'appel à la conversion lancé à La Salette doit être pris au sérieux, mais nous ne pourrons jamais dire : Maintenant je suis saint. Et pourtant, nous ne désespérons pas d'atteindre ce but sous l'œil vigilant de la Belle Dame.
Traduction : Paul Dion

Dieu parle au pécheur
(Cinquième dimanche de Carême : Jérémie 31, 31-34 ; Hébreux 5, 7-9 ; Jean 12, 20-33)
Mon enfant, tu n'as pas idée combien il m’importe que tu me permettes de te pardonner. S'il te plait, ne le remets pas un autre instant. Voici maintenant le moment favorable.
Y a-t-il quelque chose d'un passé lointain que tu n'as jamais osé confesser ? Voici maintenant le moment favorable.
Viens, discutons. Si tes péchés sont comme l'écarlate, ils peuvent devenir aussi blancs que neige. Ils seront totalement lavés dans le sang de mon Fils unique, qui s’est volontairement offert pour toi. Par sa souffrance, par son obéissance, il a payé le prix total de ta rédemption.
Il est comme le grain de blé. En mourant, il a produit des fruits abondants, partagés par tous. Le banquet gratuit de la grâce t’attend.
Je ne voudrais rien de mieux que de mettre ma Loi au plus profond de toi et de l'inscrire sur ton cœur. Penses-y ! Ce serait la chose la plus naturelle au monde que de vivre dans mon amour et de me faire plaisir.
Je t'aime d'un amour éternel ; alors je t’ai gardé ma fidélité. Avec ta permission et ton humble coopération, je mettrai loin de toi tes péchés aussi loin qu’est l’orient de l’occident. Ou, si tu préfères, je les jetterai au fond de la mer. Tu dois sûrement comprendre le plaisir que cela me procure.
Souviens-toi de ce que mon Fils a dit : « Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion. » Cette source glorieuse de joie, cela pourrait être toi !
Élevé sur la croix, mon Fils est devenu la source du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent. Il peut compatir à tes faiblesses, parce qu'il a été éprouvé en toutes choses, excepté le péché. Laisse-toi attirer vers lui.
Debout près de sa croix, tu trouveras sa mère, Marie. Elle est ta mère aussi. Tu la connais peut-être comme la Belle Dame. Elle t’aidera à voir ce que tu dois faire.
Je t’implore, mon enfant, donne-moi tes péchés. Alors ils ne seront plus les tiens, mais les miens, et je les jetterai. Je vais les jeter, loin derrière moi, pour ne plus les regarder. Jamais plus !
Traduction : Paul Dion

Sauvé par la Grâce
(Quatrième dimanche du Carême : 2 Chroniques 36,14-23 ; Ephésiens 2,4-10 ; Jean 3,14-21)
En grandissant à Nazareth, la Sainte Vierge a dû apprendre l'histoire de son peuple, le peuple de Dieu. Se souvenant de ce qui leur était arrivé à cause de leur infidélité, elle vint à La Salette avertir ses autres gens, donnés au pied de la croix, de ce qui allait leur arriver, et pour la même raison.
Dieu avait de la compassion pour son peuple, mais ces gens ignoraient sa bonté et en subissaient les conséquences. Même alors, il ne les abandonna pas complètement. Après 70 ans d'exil, il les a ramenés dans leur patrie.
À partir de ce moment, ils ont pris la loi de Dieu très au sérieux. Bien que cela ait fini par aboutir au légalisme que nous associons avec les Scribes et aux Pharisiens, il fut néanmoins meilleur que la situation décrite dans la première partie de la lecture de 2 Chroniques.
L'Évangile de Jean dit que Dieu a montré son amour pour le monde en envoyant Jésus, afin que nous puissions avoir la vie éternelle. Cela concorde parfaitement avec les paroles de Paul concernant la richesse de la miséricorde de Dieu et le don gratuit du salut.
Il s'accorde également avec l'événement qui eut lieu à La Salette. Les paroles de Marie et son comportement doux, la lumière qui l'entoure, sa proximité avec les enfants, tout reflète ce que Jean dit : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».
Même son langage portant sur le bras fort et pesant de son Fils ne contredit pas cette attitude miséricordieuse. Pourquoi parlerait-elle de cette façon, sinon pour nous mettre sur le bon chemin et nous épargner la punition que nous méritons, pour nous soustraire à la justice de Dieu ? Comme le dit saint Paul, même quand nous étions des morts par suite de nos fautes, Dieu nous a aimés d’un grand amour.
Il demande seulement que nous l'aimions et que nous vivions en conséquence. C'est une forme de soumission à l'autorité, certes mais, à un niveau plus profond, à la grâce. Pensez à la scène de l'Annonciation, où Marie, pleine de grâce, dit : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole ». Le désir de faire la volonté de Dieu facilite la soumission à celle-ci.
C'est peut-être ce que Saint Paul veut dire en disant que nous sommes créés en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d'avance pour que nous les pratiquions.
Traduction Paul Dion

Le Fils
(Deuxième dimanche de Carême : Genèse 22,1-18 ; Romains 8,31-34 ; Marc 9,2-10)
À la fin de l'histoire dramatique de ce qui s'est passé sur une montagne au pays de Moriah, la vie d'Isaac est épargnée, un substitut est trouvé pour l'holocauste, et Abraham, qui était disposé à offrir son fils bien-aimé suite au commandement de Dieu, est récompensé pour sa foi inébranlable. À l'époque de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, l'endroit où Abraham était allé sacrifier son fils continuait d'être vénéré. C'est là que le temple de Jérusalem fut construit.
Dans notre deuxième lecture, St. Paul fait allusion indirectement à une autre petite montagne à une courte distance de marche du Temple. Les évangélistes l'appellent Golgotha.
Et sur une montagne sans nom, quelque part en Galilée, Jésus apparut dans sa gloire, avec Moïse et Élie.
Ces différents éléments trouvent tous une résonance sur une autre montagne, dans les Alpes françaises, appelée La Salette.
En souvenir de la Passion de Jésus, la Belle Dame porte un grand crucifix sur sa poitrine. C'est le point le plus brillant de l'Apparition, la source de sa lumière. Le marteau et les tenailles, instruments de la Passion, y attirent l'attention de façon unique.
Nous rappelant l'alliance proclamée par Moïse, et nous appelant à l'engagement inébranlable d'Élie, elle parle à la manière des prophètes. (Il est intéressant de noter que dans 2 Pierre 1,18, la place de la Transfiguration est appelée ‘montagne sainte’. Nous utilisons la même expression quand nous parlons de La Salette.)
Enfin, comme Dieu à Abraham, Marie fait aussi une grande promesse d'espoir et de prospérité à ceux qui vivront par la foi.
Plus important que n'importe laquelle de ces similitudes, cependant, est le mot Fils. « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et tu l’offriras en holocauste » ; « Dieu n'a pas épargné son propre Fils, mais il l'a livré pour nous tous » ; « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. »
Quand Notre-Dame de La Salette parle de son Fils, c'est pour reprocher à son peuple son ingratitude et son manque de respect pour son Nom. Nous ne devons jamais nous permettre d'oublier que son Fils est le Fils bien-aimé de Dieu, livré pour nous.
Comme il est au cœur de l'Écriture, il doit être au cœur de notre foi, de notre mode de vie. Le carême est un moment opportun pour nous demander si c'est vraiment le cas.
Traduction : Paul Dion

Que soit sanctifié…
(Troisième Dimanche du Carême : Exode 20,1-17 ; 1 Corinthiens 1,22-25 ; Jean 2,23-25)
Chaque fois que nous récitons la prière du Seigneur, nous disons : "Que ton nom soit sanctifié." Ceci est aussi signalé comme une préoccupation de Notre-Dame de La Salette, dans deux contextes distincts l'un de l'autre. D'abord, elle exprime sa tristesse par rapport à l'abus du nom de son fils. Plus tard, elle encourage les enfants à dire au moins un Notre Père et un Ave Maria dans leur prière du soir et du matin.
C'est aussi sa manière de nous rappeler le commandement : Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu.
Fait intéressant : la notion de sanctification se produit dans le commandement suivant : Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Notre-Dame nous rappelle également ce commandement. ‘Sanctifier’ et ‘saint’ sont ce que les linguistes appellent des mots apparentés. Comme ‘renforcer’ et ‘fort, l'un est un verbe et l'autre un adjectif pour exprimer la même idée.
Dans l’Évangile, Jésus était en colère que le Temple, la maison de son Père, soit transformé en marché. L'endroit même qui contenait le Saint des Saints n'était pas sanctifié. Les vendeurs d'animaux pour les sacrifices avaient oublié la parole de Dieu à Salomon : « Je consacre cette Maison que tu as construite pour y mettre mon nom à jamais. Et mes yeux et mon cœur y seront pour toujours » (1 Rois 9,3).
La lecture de saint Paul est tirée du premier chapitre de la première lettre aux Corinthiens. Aux premiers versets, Paul s’adresse à « l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints ». Il énonce dès le début le thème de beaucoup de choses à suivre. Plus tard dans la même lettre il écrit : « le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous ».
Sans utiliser ces mots, Marie a certainement cette même notion à l'esprit lorsqu'elle parle de ‘mon peuple’. Il n'y a aucun doute qu'elle veut dire le peuple racheté par son Fils, appelé à être « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut » (1 Pierre 2,9).
Jésus nous a enseigné à prier : « Que ton nom soit sanctifié ». Nous nous engageons ainsi à le sanctifier nous-mêmes. Dans ce même esprit d'engagement, nous pourrions ajouter :
Que ton jour soit sanctifié !
Que ta maison soit sanctifiée !
Que ton peuple soit sanctifié !

En paix avec Dieu
Genèse 9,8-15 ; 1 Pierre 3,18-22 ; Marc 1.12-15)
Le mot "arc" apparaît 77 fois dans le texte hébreu de l'Ancien Testament. Il fait toujours référence à une arme de guerre, même dans la première lecture d'aujourd'hui. Mais Dieu dit qu'il placera son arc dans les nuages comme un rappel de l'alliance entre lui et l'humanité, une alliance de paix.
Après le déluge, Dieu avait pris une résolution : « Je ne frapperai plus jamais tous les êtres de la terre comme je l'ai fait. » Il renonça dès ce moment la violence avec laquelle il avait éliminé toutes les personnes de la terre sauf huit.
Ceci explique pourquoi ce passage de la Genèse est la première lecture à la messe pour la fête de Notre-Dame de la Salette. On pourrait même se demander si Mgr de Bruillard avait ce même texte en tête lorsqu'il écrivait à propos des Missionnaires de Notre-Dame de La Salette : « Leur institution et leur existence seront, comme le Sanctuaire lui-même, un monument éternel, un souvenir perpétuel de l’apparition miséricordieuse de Marie. »
Après l'histoire de Noé il y a plusieurs passages des Écritures, dans lesquels Dieu combat avec les armées de son peuple, et le Psaume 23 dit que Dieu est « le vaillant des combats », mais le Psaume 45 présente une image différente. Dieu « détruit la guerre jusqu'au bout du monde, il casse les arcs, brise les lances ... [en disant :] « Arrêtez ! Sachez que je suis Dieu. »
« Arrêtez » peut être traduit de différentes manières : « Lâchez, soyez tranquilles, renoncez ». Ce n'est pas tant une invitation à la tranquillité qu'un appel à s'abstenir d'actes de guerre et de violence.
« Sachez que je suis Dieu » signifie reconnaître et surtout respecter Dieu. C'est un élément important dans le récit de la Belle Dame. Elle déplore à deux reprises l'abus du nom de son Fils et le manque de respect que signifie le manque de donner à Dieu le culte et l'honneur qui lui est dû.

Aujourd'hui, l'évangile de Marc ne donne aucun détail sur les tentations de Jésus dans le désert, mais nous les connaissons à travers Matthieu et Luc ; là, nous trouvons que Jésus tient à l'importance d'adorer Dieu seul.
Il y a toujours la tentation d'oublier qui est Dieu et qui nous sommes. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas importants. Au contraire, Dieu nous dit : « Moi, le Seigneur, je suis votre Dieu, ... vous êtes précieux à mes yeux » (Esaïe 43,3-4). Nous sommes censés être en paix avec Dieu. C'est le message au cœur du message de La Salette.
Traduction : Paul Dion

Toucher réconciliateur
(Sixième dimanche en temps ordinaire : Lévitique 13,1-2 et 44-46 ; 1 Corinthiens 10,31-11,1 ; Marc 1,40-45)
Saint Paul pourrait avoir l’air vaniteux quand il écrit : « Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ ». En effet, il était un disciple modèle et, comme lui, nous sommes appelés à imiter le Christ, à tout faire pour la gloire de Dieu.
Très récemment, j'ai rencontré une femme qui avait une sculpture en bois, un cadeau d'une sœur missionnaire. La petite statue fut sculptée par un lépreux, qui l'avait donné à la Sœur en reconnaissance de sa gratitude spéciale, parce qu'elle était la seule personne qui l'avait jamais touché. Elle était imitatrice du Christ tel que nous le voyons dans l’Évangile d'aujourd'hui.
En touchant le lépreux, Jésus produit plus que la guérison physique. Ceci était sûrement inattendu, peut-être même choquant, et, par conséquent, c’était un signe très puissant, un exemple à suivre. C'était un toucher de guérison et de réconciliation.
Normalement, nous considérons la réconciliation comme le rétablissement d'une relation entre des personnes séparées par une offense profonde. C'est, comme vous le savez, un mot clef dans le vocabulaire des Missionnaires, des Sœurs et des Laïcs salettins, qui désirent que tous soient réconciliés avec Dieu et pleinement incorporés dans le Corps mystique du Christ.
Comment cela s'applique-t-il à la lèpre ? En dehors de deux exemples clairs (Miriam dans Nombres 12, et Gehazi dans 2 Rois 5), il n'y avait aucune culpabilité associée à la maladie.
Il n'en reste pas moins que, selon la loi, comme nous lisons au Lévitique, que les lépreux vivaient dans un état d'aliénation. Impurs, ils ne pouvaient pas s'associer avec les autres, sains, et tous ceux qui prenaient contact avec eux devenaient, eux aussi, impurs, mais seulement pour une courte période. Ici, la situation se présente à l'envers. Par un contact le lépreux a été reconstitué à la santé et à une vie normale. Il pouvait à nouveau entrer dans le temple. Son aliénation était terminée. C'était un acte de réconciliation.
Dans les années 1960, les Missionnaires de Notre Dame de la Salette ont fondé une léproserie en Birmanie. Fr. William Doherty écrit : « Nous avons établi une léproserie pour les nombreuses personnes atteintes de cette terrible maladie—des gens jusque lors indésirables et sans attentions ». Cela correspondait parfaitement à notre mission de réconciliation. Ces personnes, malheureusement, ne pouvaient pas être restituées à leurs familles. Mais leur aliénation totale était terminée.
Non seulement le péché commis ou l'offense donnée, mais n'importe quelle forme d'aliénation, demande un toucher réconciliateur.
Traduction : Paul Dion

S'Acheminer avec Jésus
(Cinquième dimanche du temps ordinaire : Job 7,1-7 ; 1 Corinthiens 9,16-23 ; Marc 1,29-39)
« Malheur à moi, écrit saint Paul, si je n'annonçais pas l’Évangile ». Il ne se plaint pas, mais annonce simplement que cette responsabilité, imposée à lui sans qu'il ait été consulté, était devenue sa passion dévorante.
Jésus dit quelque chose de semblable : « C’est pour cela que je suis sorti », à savoir, la prédication.
Job nous amène à l'autre extrême. Sa vie est devenue une corvée, et il n'y trouve aucune raison d’être. Il se demande s'il ne connaîtra plus le bonheur à jamais.
Les larmes de Marie à La Salette, image si belle et si puissante, troublent en quelque sorte. Elles peuvent nous faire repentir de nos péchés ; ça c'est bon. Mais certains se demandent comment Marie, au ciel, peut connaître le malheur.
Et pourtant, elle parle des difficultés que l'infidélité de son peuple lui ont causées personnellement : « Depuis le temps que je souffre pour vous ! ... Vous n'en faites pas cas ... Jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j'ai prise pour vous autres. » Plus qu'un signe de malheur, ses larmes sont un signe de sa compassion, qu'elle ne peut pas avoir mise de côté dans le ciel.
La belle-mère de Pierre peut nous aider à comprendre la situation. Une fois guérie, que fait-elle? Elle sert Jésus et ses compagnons. Dans sa maladie, elle était, pour ainsi dire, asservie et sans but. Le Seigneur la rendit à sa dignité de dame de maison. Son honneur consistait à honorer ses invités. On pourrait probablement dire la même chose de toutes les personnes que Jésus a guéries ce jour-là, en particulier celles qu'il a délivrées des démons.
Le but de la Belle Dame est le même: nous restaurer à notre dignité de chrétiens. Elle est venue parler à ceux qui étaient catholiques seulement de nom, y compris Mélanie et Maximin. Avaient-ils même conscience des promesses faites en leur nom au baptême?
Nous pourrions paraphraser saint Paul et le message de La Salette en disant: «Malheur à moi si je ne vis pas l'Évangile ». Marie énumère les malheurs de son peuple, conséquence de leur indifférence religieuse.
En 1980, le pape Jean-Paul II lança un défi aux chrétiens de France : "France, fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?"
En effet, quel sens y trouve le chrétien à ne pas vivre ni pratiquer sa foi ?
Traduction : Paul Dion

Nouveau et ancien
(Quatrième dimanche du temps ordinaire : Deutéronome 18,15-20 ; 1 Corinthiens 7,32-35 ; Marc 1,21-28)
Jésus était, pour dire le moins, une personnalité intéressante, un phénomène. Les gens s’étonnaient de sa puissance et de l'autorité avec laquelle il présentait un nouvel enseignement.
Dans notre seconde lecture, nous trouvons un nouvel enseignement spécifique, une idée nouvelle mise en avant par saint Paul. Il pensait qu'il valait mieux ne pas se marier, afin de se consacrer davantage à plaire à Dieu qu'à plaire à une femme ou à un mari.
De ceci il y a près de 2000 ans. Alors que la plupart des écrits de saint Paul sont normatifs pour la foi chrétienne, son idée sur le mariage n'a jamais vraiment pris le dessus. Les enseignements de Jésus ont, bien sûr, existé pendant très longtemps. Dans un sens, la Bonne Nouvelle n'est plus une nouvelle.
Quand Marie dit à Maximin et à Mélanie : « Je suis ici pour vous conter une grande nouvelle », elle n'avait vraiment rien de nouveau à dire, mais ce qu'elle avait à dire était pourtant d'une importance vitale. Son message fait écho à la Bonne Nouvelle, ainsi qu'à l'Ancien Testament. Mais elle n'a pas simplement répété les enseignements bibliques ; elle devait nous amener à les entendre d'une nouvelle manière. C'est l'approche prophétique.
Si vous lisez Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel, vous trouverez des messages très semblables, mais la langue et la personnalité de chaque prophète sont différentes. Comme c'est vrai aussi de la Belle Dame !
Nous pouvons raisonnablement espérer une certaine similitude entre ses paroles et les Lamentations de Jérémie, et en effet l'image tragique des enfants mourants y revient assez souvent. Dans Jérémie 14,17 nous lisons : « Que mes yeux ruissellent de larmes, nuit et jour, sans s’arrêter ». Cela nous évoque non seulement les pleurs de Marie, mais aussi sa prière pour nous qui ne finit pas.
Pourtant, certaines dimensions de l'Apparition sont uniques : les éléments inhabituels du costume de Marie, son choix de témoins. La nouveauté de son message réside dans l'application directe aux événements actuels. Les critiques disent que les pommes de terre ne sont pas un sujet approprié pour la Sainte Vierge. Ce qui peut être vrai dans l'abstrait, mais les pommes de terre et le blé représentaient la vie de son peuple, et constituaient donc un moyen efficace d'attirer leur attention.
Le 'nouvel enseignement' de Jésus est ancien, mais pas vieux, jamais dépassé. La Salette nous rappelle l'importance de trouver de nouvelles façons plus efficaces de l'annoncer.

Message Urgent
(Troisième dimanche du temps ordinaire : Jonas 3,1-10 ; 1 Corinthiens 7,29-31 ; Marc 1,14-20)
Au cours des siècles, plus d'une centaine de dates ont été prédites pour la venue de la fin du monde, et par une variété intéressante de personnes : Saint Martin de Tours, le pape Sylvestre II, l'artiste Sandro Botticelli, Martin Luther, Christophe Colomb et un tas d'autres pronostiqueurs célèbres ou inconnus. Aucune de ces prophéties n'a été accomplie. La date la plus récente prévue n'était qu'il y a seulement quatre mois !
Jonas appartient à cette catégorie. Lui, était un vrai prophète, envoyé par Dieu, pour annoncer aux Ninivites que leur temps était écoulé. Mais au chapitre 4 du livre de Jonas, le prophète reproche à Dieu de l'avoir envoyé dans une quête qui était perdue d'avance. Le prophète prétend que Dieu savait dès le début qu'il échouerait et que Dieu renoncerait au châtiment dont il avait menacé les gens de Ninive.
Saint Paul écrit que le temps est limité. Marie à La Salette dit : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir. » Les deux semblent parler avec une certaine urgence menaçante.
On peut dire que Marie à La Salette espérait le même genre d'échec que Jonas a connu. Elle ne voulait pas que ses prédictions de famine et de la mort des enfants soient accomplies. Elle a offert une alternative. Il n'est jamais trop tard ! La transformation est toujours possible.
Jésus commence son ministère public en proclamant l'accomplissement des temps et en appelant les gens au repentir. Il n'y a rien de menaçant à ce sujet. Pourtant, Jésus annonce la fin du monde – tel que nous le connaissons ! Un temps de transformation est à venir. C'est ce que Saint Paul veut dire quand il écrit, « Car il passe, ce monde tel que nous le voyons ».
Nous ne pouvons pas savoir pourquoi Simon-Pierre, André, Jacques et Jean ont tout quitté pour suivre Jésus. Une chose est certaine : c'était la fin de leur monde tel qu'ils l'avaient connu. Devenir des disciples de Jésus les a radicalement changés de toutes les manières imaginables.
Pour nous, comme pour eux, la rencontre avec le Christ nous change inévitablement, et pas seulement une fois, mais encore et encore dans un renouvellement continu. Mais parfois nous résistons à ce changement et avons besoin d'être appelés ou éprouvés encore une fois. C'est là que le message de La Salette trouve sa place. Il faut une Belle Dame, ou quelqu'un qui l'aime, pour le faire passer.
Traduction : Paul Dion

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